Politique
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Par Romain David
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L’album photo du quinquennat. Après une allocution aux Français début novembre centrée sur la reprise épidémique et le rappel vaccinal, une conférence de presse sur les enjeux de la présidence française de l’Union européenne la semaine dernière, Emmanuel Macron s’est livré à une séquence plus politique, plus intimiste aussi, mercredi soir, en répondant pendant deux heures aux questions d’Audrey Crespo-Mara et de Darius Rochebin sur TF1 et LCI. Durant cet entretien - pourtant baptisé « Où va la France ? » -, il a surtout été question du bilan du quinquennat. Affaire Benalla, petites phrases, crise des gilets jaunes, épidémie de covid-19… le chef de l’État, installé avec ses interlocuteurs sous la verrière de la salle des fêtes de l’Élysée, a notamment été invité à commenter de nombreuses séquences vidéo issues des cinq années écoulées. Un format inédit dans l’histoire des entretiens présidentiels. Pour Public Sénat, Philippe Moreau Chevrolet, président de MCBG Conseil, décrypte cette séquence.
La volonté de l’Élysée, c’est manifestement de produire un long clip publicitaire. C’est rond, c’est rassurant, on est dans une pub Herta ! Emmanuel Macron donne à voir une image apaisante, il offre une contre-programmation par rapport au bruit de la campagne électorale, et notamment au buzz que fera sûrement Éric Zemmour, jeudi, chez Cyril Hanouna (le polémiste et candidat à la présidentielle sera invité dans l’émission « Face à Baba » sur C8 pour débattre avec le réalisateur Mathieu Kassovitz et le journaliste Aymeric Caron, ndlr). Il cultive le contraste pour ne pas disparaître face aux autres candidats, déjà lancés dans la bataille présidentielle.
Je vous le dis, un glissement s’est opéré, nous ne sommes plus dans un registre journalistique mais publicitaire. Emmanuel Macron n’a aucun contradicteur face à lui, il dialogue avec lui-même. L’entretien a été enregistré le week-end dernier, on peut voir qu’il y a eu des coupes, notamment lorsqu’il est question des gilets jaunes. C’est un produit ultra-lissé, qui a dû coûter très cher. L’invité apparaît en majesté au milieu du décorum de l’Élysée. Ces gros plans sur son visage, durant ses silences ou lorsqu’il apparaît ému… Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà vu ça dans une interview politique. Finalement, c’était une version d’ « Ambition intime » sans Karine Le Marchand, taillée sur mesure pour le chef de l’État. Si les autres candidats à la présidentielle peuvent bénéficier dans les médias d’un traitement similaire, pourquoi pas ? Mais si ça n’est pas le cas, je comprendrai qu’ils dénoncent une rupture d’égalité.
Un quinquennat s’est écoulé entre les deux séquences. L’exercice du pouvoir explique ce basculement, ce changement de registre et de ton. Emmanuel Macron est devenu une institution. Il n’est plus dans la conquête du pouvoir, mais dans une gestion du risque, celui de le perdre. C’est aussi la raison pour laquelle il a autant été sur la défensive. Sur le fond, cet entretien est pratiquement vide. Il a passé son temps à justifier ses réformes, à expliquer pourquoi il a fallu dépenser autant d’argent. Le problème, c’est qu’en l’absence de contradicteur, sans personne pour lui poser les vraies questions, ses réponses ne sont pas très intéressantes. Jeudi dernier, parce qu’il était face à Éric Zemmour, son ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a été bien meilleur dans la défense du bilan.
Le retour en arrière sur le quinquennat écoulé lui permet surtout d’adresser une piqûre de rappel à ses électeurs. Peut-être essaye-t-il aussi d’élargir sa cible en s’adressant à ceux qu’effraie la violence du monde extérieur. Pratiquement toutes les images des cinq années écoulées qui ont été diffusées durant l’émission étaient violentes, anxiogènes. À rebours, en plateau, vous étiez dans un cocon, avec ces fauteuils, ces voix graves et douces. Par moments, j’ai presque eu l’impression d’être devant une vidéo d’ASMR ! (vidéos de relaxation dont le principe repose sur l’émission de certains sons, généralement des paroles chuchotées, ndlr) Mais ce type d’exercice peut aussi provoquer le rejet par l’ennui : Emmanuel Macron risque de banaliser son propos et son image. Ce flottement s’explique aussi parce que, précisément, le plus dur pour lui est de gérer à la fois le calendrier présidentiel et le calendrier électoral.