Faire comme si de rien n'était, ou presque: en Dordogne, Emmanuel Macron a effectué jeudi une visite en apparence toute à fait normale, refusant...
En Dordogne, Macron esquive l’affaire Benalla
Faire comme si de rien n'était, ou presque: en Dordogne, Emmanuel Macron a effectué jeudi une visite en apparence toute à fait normale, refusant...
Par Jérôme RIVET
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Faire comme si de rien n'était, ou presque: en Dordogne, Emmanuel Macron a effectué jeudi une visite en apparence toute à fait normale, refusant de réagir à chaud à l'affaire Benalla qui enflammait médias et partis à Paris.
Soleil, selfies et encouragements d'habitants: cette courte visite dans la verdoyante Dordogne s'annonçait sous de bons auspices.
Mais l'atmosphère a été brutalement assombrie par la diffusion mercredi soir par Le Monde d'un article et d'une vidéo mettant en cause Alexandre Benalla, l'un des hommes assurant la sécurité du président, pour avoir frappé un manifestant le 1er mai.
Capture de la vidéo filmée par un militant LFI montrant Alexandre Benalla maîtrisant violemment un manifestant le 1er-Mai à Paris
Tahar Bouhafs/AFP
A Périgueux, dès son arrivée, Emmanuel Macron a été assailli de questions de journalistes. Toute la journée, il les a ignorées tout en serrant les mains de dizaines d'habitants et d'estivants, dont pas un ne l'a interrogé sur l'affaire.
"Il n'y a que vous qui posez ce genre de questions", a-t-il lancé, sans se départir de son sourire, à un journaliste. "Je suis là pour les gens", avait-il précisé dès mercredi soir.
Seule petite entorse à ce mutisme: à un journaliste qui lui demandait si la République n'était pas "entachée" par cette affaire, il a répondu: "Non non, la République elle est inaltérable!".
Dans son entourage, on explique que, dans ce genre de situation de crise, l'important est de "garder son calme" et de "ne pas réagir sous la pression". Tout en gardant en continu le contact avec l'Elysée, Matignon ou l'Assemblée.
- Nouvelle Marianne -
Le chef de l'Etat n'a donc rien changé au programme fixé pour cette visite dans la région de Périgueux à l'occasion de la présentation du visage de la nouvelle Marianne qui va orner, à partir du 23 juillet, les timbres d'usage courant.
Alexandre Benalla (d), responsable de la sécurité d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, le 1er mars 2017 au Salon de l'agriculture à Paris
AFP/Archives
Ce visage, choisi par le président au début de son mandat, a été dévoilé sur une immense fresque de 16 mètres sur 11 peinte sur la façade aveugle d'un HLM d'un quartier populaire situé à quelques kilomètres de l'usine de La Poste où sont fabriqués les timbres.
Cette nouvelle Marianne est l'oeuvre d'YZ (prononcer Eyes, yeux en anglais), le nom d'artiste d'Yseult Digan, une quadragénaire franco-anglaise vivant à Abidjan et figure reconnue de la scène du street-art.
"Je voulais que cette Marianne soit forte, fière et volontaire, avec un regard franc qui porte vers l'avenir", a-t-elle expliqué aux quelque 150 personnes présentes devant la fresque. Elle l'a dessinée jeune, de profil, l'oeil décidé et le visage bordé de longs cheveux bouclés.
Emmanuel Macron et l'artsite de steet art Yseult Digan, qui signe YZ, posent devant une fresque de Marianne sur la façade d'un HLM à Périgueux, le 19 juillet 2018
AFP
"Vous avez su marier la référence du bonnet phrygien et la liberté de la chevelure", a salué Emmanuel Macron. Cette "Marianne l'engagée" est "le nouveau visage de la République", "une bataille de chaque jour" qui "n'est jamais acquise", selon lui.
Comme souvent dans ses bains de foule, Emmanuel Macron a été contraint de défendre pied à pied sa politique face, cette fois, à une femme d'une quarantaine d'années se plaignant de ne "plus a(voir) les moyens de vivre" à cause de la hausse du prix du gaz ou de la baisse des aides. Le dialogue dure une dizaine de minutes. "Si je pensais que les choses allaient bien, je ne penserais pas à les changer", insiste le président, en lui assurant que les APL (Aide personnalisée au logement) ne baisseront pas "cette année".
Face à cette femme pugnace, Emmanuel Macron est même revenu sur la commande à la Manufacture de Sèvres d'un nouveau service de table pour l'Elysée, qui a récemment provoqué une polémique. "Je peux vous dire, les yeux dans les yeux, ce n'est pas un centime de plus pour les contribuables", assure-t-il. "Ce n'est pas pour mon bon plaisir" et "je me suis toujours payé mes assiettes", ajoute le président.
Avant de conclure: "Je veux bien qu'on veuille en permanence salir, mais il faut aussi remettre les faits en vérité".
Dans l'après-midi, le chef de l'Etat a inauguré la Maison des services au public dans la petite ville de Sarliac-sur-l’Isle. Ce bâtiment en bois, situé sur la place, réunit notamment l'agence postale, le cabinet du médecin ou la salle d'inclusion numérique pour aider les habitants ne sachant se servir des services web.
"Nous devons réinventer la présence de la République sur nos territoires", a déclaré le chef de l'Etat en annonçant une "accélération" du déploiement des structures du même type et des "guichets uniques".
Après une nuit de bombardements sur Kiev, Volodymyr Zelensky doit rencontrer Donald Trump ce dimanche 28 décembre en Floride pour finaliser un plan de paix. Un rapprochement qui pourrait infléchir la position de la Russie et accélérer la conclusion d’un cessez-le-feu.
Edouard Balladur élu en 1995, DSK en 2012, Alain Juppé en 2017… Et Jordan Bardella en 2027 ? Voici les résultats des élections présidentielles, si l’on était dans un monde parallèle. Celui des sondages, à 18 mois environ du scrutin. Car si les sondages peuvent donner la tendance du moment, ils ne sont pas des prédictions, l’histoire nous l’a monté. Mais parfois, ils ont aussi vu juste, très en amont…
Après un faible regain en novembre, le président de la République atteint à nouveau son plus faible niveau de confiance depuis 2017. Si la défiance touche l’ensemble de l’exécutif, Emmanuel Macron cristallise le désaveu tandis que sur la scène nationale, seul le RN est en progression.
Après l’adoption de la loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat, le gouvernement devra reprendre les débats au Parlement, début janvier, pour espérer faire adopter un budget pour l’année 2026. Une opération délicate dans un paysage politique fragmenté et avec un calendrier contraint.