New Caledonia
French President Emmanuel Macron delivers a speech at New Caledonia's High Commissioner residency, in Noumea, France's Pacific territory of New Caledonia Thursday May, 23, 2024. French President Emmanuel Macron pushed Thursday on a visit to riot-hit New Caledonia for the removal of protesters' barricades and said police sent in to help battle deadly unrest in the French Pacific archipelago "will stay as long as necessary," even as security services back in France focus in coming weeks on safeguarding the Paris Olympics. (Ludovic Marin, Pool via AP)/PAR120/24144507427222/POOL PHOTO/2405231610

En Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron espère « un accord global » : les sénateurs saluent le retour au dialogue

En déplacement en Nouvelle-Calédonie, le chef de l’Etat demande un retour immédiat au calme et donne quelques semaines aux différents partis politiques pour s’entendre sur un accord politique global, qu’il souhaite ensuite soumettre au vote des Calédoniens.
Romain David

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Emmanuel Macron se donne « un mois » pour mettre en place des conditions de dialogue propices à l’élaboration d’un accord politique global sur l’avenir institutionnel et économique de la Nouvelle-Calédonie. « Cet accord doit être négocié avec les forces politiques » et doit être « soumis au vote des Calédoniens », a déclaré le chef de l’Etat ce jeudi 23 mai, à l’occasion d’une première prise de parole depuis son arrivée dans l’archipel, mercredi soir.

« Cet accord doit être négocié évidemment par les forces politiques légitimes pour le faire, mais doit aussi associer les maires, les forces vives, en particulier économiques, de la Nouvelle-Calédonie », a-t-il précisé après une rencontre avec les forces loyalistes mais aussi les composantes indépendantistes, dont le collectif CCAT, pourtant qualifié d’organisation « mafieuse et violente » par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Retrouver les conditions du dialogue

« Le meilleur moyen de ne pas avoir de voix dissonantes, c’est de mettre tout le monde autour de la table », salue le sénateur François Patriat, chef de file des élus macronistes au Palais du Luxembourg. « Le président de la République opère une médiation intelligente qui permet aux partis d’appeler leurs troupes au calme. Les choses sont en bonne voie pour réunir les conditions d’un dialogue », salue l’élu. « La venue du président a permis d’enclencher un dialogue, il faut maintenant s’assurer que les discussions puissent continuer », souligne Hervé Marseille, le chef de file des centristes du Sénat.

« On doit parler à chacun, pour autant cela ne vaut pas absolution de tous les faits qui ont pu être commis », nuance François-Noël Buffet, le président LR de la commission sénatoriale des lois. « Il y a un jugement de valeur à avoir sur le CCAT. J’estime que le FLNKS (rassemblement historique des partis indépendantistes, ndlr) doit rester l’interlocuteur privilégié pour le camp indépendantiste », avertit pour sa part Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat.

« Il y a un point qui me paraît majeur, c’est de ne pas renoncer à la réforme constitutionnelle »

Le président de la République s’est engagé à ne pas « faire passer en force » la réforme du corps électoral qui a mis le feu aux poudres en Nouvelle-Calédonie, même s’il a insisté sur « la légitimité démocratique » du texte adopté par le Parlement la semaine dernière. Il demande que cette question soit traitée par l’accord politique qu’il appelle de ses vœux, et qu’il espère « intégrer » à la Constitution. « Il y a un point qui me paraît majeur, c’est de ne pas renoncer à cette réforme. Mais qu’elle soit suspendue pour laisser sa chance à un accord global me parait très bien », poursuit François-Noël Buffet.

« Le président de la République reprend la philosophie qui aurait dû prévaloir : d’abord le dialogue, la négociation et ensuite un accord. Ce que nous répétons depuis des semaines », soupire Patrick Kanner. « Il se présente en sauveur de la situation. À la place de son Premier ministre Gabriel Attal et de Gérald Darmanin, j’aurais le nez dans mes chaussures. Mais du même coup, il devient aussi le seul garant du retour de la paix en Nouvelle-Calédonie », poursuit le socialiste.

Pour Patrick Kanner, la tenue d’un vote pour avaliser l’accord – si accord il y a – est un point essentiel : « Il est nécessaire de redonner aux Calédoniens la maîtrise de leur avenir », insiste l’élu. Il n’est désormais, semble-t-il, plus question de tenir un congrès en juin pour entériner la révision constitutionnelle, même si le chef de l’Etat n’a pas été totalement explicite sur ce point : « S’il devait y avoir une entourloupe, on irait droit dans le mur ! »

« Je ne reviendrai pas sur le troisième référendum » d’autodétermination, a également tenu à préciser Emmanuel Macron ce jeudi, évoquant ainsi le scrutin de 2021 boycotté par les indépendantistes et qui a vu le « non » à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie l’emporter à plus de 96 %. « Ce point sera compliqué à tenir », estime Hervé Marseille. « Les indépendantistes peuvent accepter beaucoup de choses, mais il faudra aussi leur donner des perspectives… », explique le centriste, évoquant à mi-mot la tenue d’un autre référendum d’autodétermination.

Reconstruction économique

Emmanuel Macron a aussi promis une « aide d’urgence » face aux dommages « colossaux » subis par « Le Caillou » après plus d’une semaine d’émeutes. « Au-delà des enjeux institutionnels, il est important que cet accord intègre un plan de reconstruction économique de la Nouvelle-Calédonie », pointe François-Noël Buffet.

Enfin, le chef de l’Etat a appelé à la levée des derniers barrages « dans les heures qui viennent », condition sine qua non à la levée de l’Etat d’urgence, entré en vigueur dans l’archipel le 15 mai.

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