En Nouvelle-Calédonie, le clash Valls-Mélenchon passe mal
La passe d'armes entre Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon autour de la mission parlementaire sur la Nouvelle-Calédonie est vertement critiquée...

En Nouvelle-Calédonie, le clash Valls-Mélenchon passe mal

La passe d'armes entre Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon autour de la mission parlementaire sur la Nouvelle-Calédonie est vertement critiquée...
Public Sénat

Par Claudine WERY

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La passe d'armes entre Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon autour de la mission parlementaire sur la Nouvelle-Calédonie est vertement critiquée sur le Caillou par les élus locaux, qui déplorent un retour du dossier calédonien dans les polémiques nationales.

"Nous avons toujours considéré que la Nouvelle-Calédonie ne doit pas être un enjeu de politique nationale", explique à l'AFP Charles Washetine, porte-parole et élu du Palika (Parti de libération kanak), à l'approche d'un référendum d'autodétermination, fin 2018.

"Je ne pense pas que les positions tranchées de M. Mélenchon servent le combat du peuple kanak, ni la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie", met-il aussi en garde, souhaitant cependant que "des sensibilités différentes s'expriment" au sein de la mission parlementaire.

En janvier dernier, le Palika avait été co-organisateur de la primaire du PS et avait exprimé son soutien à Manuel Valls.

Jean-Luc Mélenchon a démissionné vendredi avec fracas de la mission d'information parlementaire sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, présidée par l'ancien Premier ministre. Il a qualifié ce dernier de "personnage extrêmement clivant" qui aurait "une proximité avec les thèses ethnicistes de l'extrême droite".

Le député de l'Essonne a en retour dénoncé sur Twitter le ton "ignoble et outrancier" du texte du leader de La France Insoumise "qui affiche son mépris pour les Calédoniens".

"On aurait pu espérer que la Nouvelle-Calédonie ne soit ni un marchepied, ni un exutoire de la politique française", tacle de son côté Gérard Reignier, secrétaire général du parti indépendantiste Union Calédonienne (UC).

Et d'assurer que sa formation n'avait pas "d'a priori" concernant M. Valls: lorsqu'il était Premier ministre, il avait selon lui "su trouver des solutions", une allusion notamment à sa gestion en avril 2016 de la crise du nickel ou à la délicate question du corps électoral. "Il a parfois eu un ton paternaliste", admet toutefois M. Reignier.

- 'Prise en otage' -

Voix discordante, Louis-Kotra Uregei, leader du parti Travailliste (indep.), proche de l'extrême gauche, juge lui "bidon" la mission de l'Assemblée nationale.

"M. Valls, dans le passé, ne nous a pas habitués à une impartialité (...). On rejette absolument cette mission et on salue la démission de Jean-Luc Mélenchon", a-t-il lancé à la presse.

Au sein de la droite non-indépendantiste, les dirigeants se sont élevés contre "une prise en otage" de la Nouvelle-Calédonie, où la concorde entre les communautés demeure fragile.

Le député Manuel Valls le 3 octobre 2017 à l'Assemblée nationale à Paris
Le député Manuel Valls le 3 octobre 2017 à l'Assemblée nationale à Paris
AFP/Archives

"Il faut que les règlements de compte personnels sur le dos de la Nouvelle-Calédonie s'arrêtent vite", a mis en garde auprès de l'AFP Sonia Backès, chef du groupe Les Républicains Calédoniens au Congrès, qualifiant de "bonne chose" la démission de Jean-Luc Mélenchon.

Le député UDI, Philippe Gomès, membre de la mission, a de son côté estimé que le dossier calédonien "exigeait sérénité, discernement et sagesse" et que "les passes d'armes politiciennes n'y avaient pas leur place".

Il s'est en revanche félicité que "des personnalités politiques de premier plan comme Manuel Valls ou Christian Jacob (rapporteur, ndlr) puissent être utiles" à la Nouvelle-Calédonie.

Au niveau national, le PS a souligné en soirée que "le sort de la Nouvelle-Calédonie mérite mieux qu'une querelle d'égos". Il a dénoncé une "polémique dont le leader de la France insoumise est à l’origine", appelant dans un communiqué à "ne pas compromettre un processus complexe qui est l’aboutissement de plusieurs décennies de travail, notamment engagé par la gauche, avec tous les partenaires de Nouvelle-Calédonie".

La Nouvelle-Calédonie a été le théâtre d'un violent conflit entre 1981 et 1988, faisant quelque 70 morts, et avait été pendant ces années un sujet d'affrontement entre la droite et la gauche.

Les accords de Matignon en 1988 puis celui de Nouméa en 1998 ont instauré un processus de décolonisation progressif, avec l'accompagnement de la France.

Partager cet article

Dans la même thématique

En Nouvelle-Calédonie, le clash Valls-Mélenchon passe mal
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le