Interrogé quelques minutes avant l’utilisation du 49.3 par Michel Barnier, le président du groupe centriste au Sénat a pesté contre la volonté de Marine Le Pen de censurer le gouvernement s’il n’évolue pas sur la désindexation des retraites sur l’inflation.
En pré-campagne pour les européennes, Macron reçoit Merkel
Par Jérôme RIVET
Publié le
Déjà en campagne pour les élections européennes dans plusieurs pays de l'UE, Emmanuel Macron retrouve vendredi à Marseille Angela Merkel pour consolider son "arc progressiste" face aux nationalistes antimigrants qui progressent en Europe et jusqu'au coeur du gouvernement allemand.
Cette rencontre intervient au moment où la chancelière allemande, au pouvoir depuis 2005, est de nouveau fragilisée au sein de sa coalition, au terme d'une passe d'armes sur l'immigration jeudi avec son ministre de l'Intérieur, deux mois seulement après avoir évité l'éclatement de sa coalition sur ce sujet.
Horst Seehofer, président du très conservateur parti bavarois CSU, a affirmé que "la question migratoire est la mère de tous les problèmes" en Allemagne, disant comprendre les manifestations antimigrants de Chemnitz qui ont donné lieu à des échauffourées faisant plusieurs blessés. Des débordements qui "ne sont pas tolérables", a rétorqué la chancelière.
La question devrait figurer au menu de la rencontre entre le président français et Angela Merkel à Marseille, ville du sud de la France symbole des migrations, où le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a fustigé les deux dirigeants avant même le début de leur rencontre.
- "Contre-humanistes" -
"Les deux mêmes (...) qui imposent à toute l'Afrique des partenariats économiques où on supprime les droits de douane et où on pousse à la misère toute la paysannerie, les deux mêmes viennent faire les malins là en disant +nous sommes des humanistes+ mais pas du tout, ce sont des contre-humanistes!", a-t-il déclaré à la presse, en marge d'une manifestation "Stop Macron", qui a rassemblé environ 200 personnes sur le Vieux-Port.
Avant d'arriver à Marseille, où il devait se poser en début d'après-midi, le président français avait parachevé jeudi au Luxembourg une tournée européenne qui l'a conduit à rencontrer sept dirigeants en sept semaines, ponctuée de "consultations européennes" au parfum de meeting, comme jeudi au Luxembourg.
Dans ce pays foncièrement europhile, Emmanuel Macron a déjeuné jeudi avec les Premiers ministres Charles Michel (Belgique), Mark Rutte (Pays-Bas) et Xavier Bettel (Luxembourg) dans le petit château de Bourglinster.
Alignés derrière leur pupitre, les quatre hommes ont fait bloc pour défendre une Europe "progressiste" contre le "repli nationaliste", clivage que Paris veut mettre en avant pour les élections européennes de mai.
Ils ont décidé de proposer ensemble au Conseil européen du 20 septembre des solutions plus concrètes pour réduire l'arrivée de migrants, dossier qui alimente la montée de l’extrême droite jusqu'en Suède, où ont lieu dimanche des élections législatives.
Leur idée phare est d'octroyer d'importantes aides financières aux pays africains d'origine ou de transit qui en échange, comme le font déjà Turquie et Libye, limiteraient le passage des migrants en Europe.
- Scission du PPE -
Globalement, Emmanuel Macron et ses alliés veulent une gestion coordonnée des migrants, laissant la porte ouverte aux réfugiés au nom du devoir d'asile, mais plus efficace pour renvoyer chez eux les migrants économiques, désormais partout refusés.
Décidés à fermer plus étroitement leurs frontières, l'Italie du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini et la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban, ont désigné le président français comme leur principal adversaire. Rôle qu'il a aussitôt endossé.
Les dirigeants du Benelux figurent parmi les alliés que le président français espère rassembler pour mener à bien ses ambitieux plans de réforme de l'UE, malgré leurs divergences sur les politiques économiques.
Depuis des mois, il sillonne le continent: Espagne et Portugal fin juillet, Danemark et Finlande fin août.
Outre les dirigeants, il veut aussi faire émerger un nouveau mouvement politique progressiste en Europe d'ici la fin de l'année, autour du parti En Marche, et comme en France, recomposer le paysage politique européen.
Pour y parvenir, Emmanuel Macron compte sur une scission du Parti populaire européen (PPE), principal parti du parlement, qui regroupe des partis conservateurs allant des chrétiens-démocrates d'Angela Merkel au parti nationaliste de Viktor Orban, le Fidesz.
Mardi aura lieu au Parlement européen un débat sur les accusations de violation de l’état de droit en Hongrie, en présence du Premier ministre hongrois qui viendra plaider sa cause.
M. Macron a expliqué jeudi qu'il y attendait une heure de vérité, une "clarification" au sein du PPE, car selon lui "on ne peut à la fois être du côté de Merkel et d'Orban".