En quête d’un « second souffle », Macron remanie largement le gouvernement
En quête d'un "second souffle", l'Elysée a procédé mardi au premier remaniement d'ampleur du quinquennat avec huit nouveaux membres, dont...
Par Jérôme RIVET, Laurence BENHAMOU
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
En quête d'un "second souffle", l'Elysée a procédé mardi au premier remaniement d'ampleur du quinquennat avec huit nouveaux membres, dont Christophe Castaner à l'Intérieur.
Ce remaniement intervient après une longue attente de 15 jours, un record, depuis la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb le 2 octobre.
Il est destiné à donner un nouvel élan à l'exécutif après un été et une rentrée chaotiques marqués par l'affaire Benalla et le départ de Nicolas Hulot.
C'est "une équipe renouvelée, dynamique, dotée d'un second souffle", a expliqué l'Elysée. Mais son "mandat politique reste le même" et elle "va inscrire son action dans la continuité de la politique menée par le gouvernement et du calendrier des réformes pour les mois à venir", a précisé la présidence.
Le gouvernement d'Edouard Philippe après le remaniement
AFP
Le gouvernement ainsi modifié comprend, outre le Premier ministre Edouard Philippe, 34 membres, dont 17 femmes, selon le principe de parité respecté. Ils se retrouveront mercredi pour le Conseil des ministres après la passation des pouvoirs. L'équipe compte 21 ministres dont un seul ministre d'État, François de Rugy (Transition écologique).
Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe ont "été extrêmement attentifs à ce que les équilibres femmes/hommes, hommes politiques/société civile, droite/gauche soient respectés" comme "aux origines" du quinquennat, a insisté l'Elysée.
Pour l'expert Philippe Moreau-Chevrolet, Emmanuel Macron a ainsi voulu "constituer de façon durable un gouvernement de coalition à l'allemande, une forme de cohabitation. Exit les paillettes glamour de la campagne, nous sommes dans l'âge de raison, dans la politique pure et dure."
Christophe Castaner en juin 2018
AFP/Archives
Ce "mecano gouvernemental" ne "marque pas vraiment un rééquilibrage à gauche", souligne Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. "Permettra-t-il à Emmanuel Macron de combattre l'impopularité? Je n'en suis pas sûr".
- "bricolage" -
Le principal changement est la nomination de Christophe Castaner, 52 ans, au ministère de l'Intérieur. Mais ce fidèle des fidèles du président, qui va quitter la tête de La République en Marche (LREM), perd le titre de ministre d'Etat et sera épaulé par un expert de la sécurité, Laurent Nuñez, l'actuel directeur de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure).
Jacqueline Gourault photographiée à Paris en juillet 2017
AFP/Archives
De plus, son ministère perd les collectivités territoriales, désormais dévolues à un grand ministère confié à Jacqueline Gourault, qui remplace Jacques Mézard. Cette ex-sénatrice Modem aura la charge de rétablir le lien avec les élus locaux qui "s'est abîmé par des incompréhensions durant les premiers mois du quinquennat", a expliqué l'Elysée.
Comme prévu, Françoise Nyssen quitte le ministère de la Culture, remplacée par Franck Riester, 44 ans, un ancien Les Républicains qui a créé son propre parti de centre-droit, Agir. Et Stéphane Travert laisse le portefeuille de l'Agriculture à Didier Guillaume, 59 ans, un ancien PS, fidèle de François Hollande puis de Manuel Valls.
Parmi les autres entrants figure Marc Fesneau, 47 ans, un proche de François Bayrou, au poste de ministre chargé des Relations avec le Parlement, à la place de M. Castaner.
Par ailleurs, des redécoupages ministériels traduisent l'accent mis sur des objectifs prioritaires de l'exécutif. Ainsi le secrétariat à l'Egalité entre les femmes et les hommes de Marlène Schiappa est étendu à la lutte contre les discriminations tandis que Gabriel Attal, 29 ans, étoile montante de LREM, va épauler le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer pour mettre en place le Service national universel. De même, Christelle Dubos, autre députée LREM et ex-travailleuse sociale, est chargée de la stratégie de lutte contre la pauvreté au côté d'Agnès Buzyn.
Après avoir déploré "l'affaiblissement du président" ces derniers mois, l'opposition a dénoncé l'absence d'ambition de ce remaniement. "Tout ça pour ça. À quand un changement de politique?", a réagi Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains.
"Rafistolage et bricolage sont les mamelles du macronisme (...) Ce remaniement ne changera rien, prédit Alexis Corbière, de La France insoumise (LFI). Pour Marine Le Pen (Rassemblement national), "Castaner à l’Intérieur: avec Emmanuel Macron, le pire est toujours sûr..."
La proposition de loi des députés écologistes, adoptée en février à l’Assemblée nationale, sera inscrite dans le prochain espace réservé de leurs homologues sénateurs. Inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, le texte instaure un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des « ultra-riches ». Ses chances d’adoption au Sénat sont très minces, mais ses partisans espèrent convaincre.
Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale évoque la possibilité de déposer une motion de censure contre le gouvernement. Néanmoins, LFI souhaite déposer le texte avec les écologistes et les communistes.
Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel revient sur la réunion à Bercy pour financer l’industrie de la défense. Si l’insoumis reconnaît une réflexion nécessaire, il estime cependant que la Russie ne représente pas une menace existentielle pour la France. Par ailleurs, le député demande au gouvernement d’organiser un débat avec vote au Parlement sur le sujet du réarmement.
Après les annonces d’Eric Lombard et de Sébastien Lecornu pour soutenir le financement de l’industrie de la défense, les sénateurs saluent une prise de conscience nécessaire. Les élus estiment que ce soutien en fonds propres et les facilités d’accès au crédit permettront de sécuriser la chaîne d’approvisionnement.