Le ministre de l'Intérieur est plus que jamais sur la sellette: après les révélations sur les CDD des deux filles adolescentes de Bruno Le Roux...
Enquête ouverte sur l’emploi des filles de Le Roux à l’Assemblée
Le ministre de l'Intérieur est plus que jamais sur la sellette: après les révélations sur les CDD des deux filles adolescentes de Bruno Le Roux...
Par Grégory DANEL et Pauline TALAGRAND
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Le ministre de l'Intérieur est plus que jamais sur la sellette: après les révélations sur les CDD des deux filles adolescentes de Bruno Le Roux comme collaboratrices parlementaires, une enquête a été ouverte mardi par le parquet financier, aussi vite que pour l'affaire Fillon.
Une rencontre entre Bernard Cazeneuve et son ministre de l'Intérieur était prévue "dans la journée", selon l'entourage du Premier ministre. Mais aucune précision n'a filtré sur le lieu et l'heure, tandis que les rendez-vous sur l'agenda de Bruno Le Roux, resté muet depuis les révélations lundi soir, étaient annulés les uns après les autres.
Avant même l'annonce de l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet national financier (PNF), qui a confié les investigations à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), le Premier ministre avait adressé un message limpide, au lendemain des révélations de l'émission Quotidien sur TMC sur les emplois des deux filles Le Roux comme collaboratrices parlementaires à l'Assemblée nationale.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux près du Premier ministre Bernard Cazeneuve à l'Assemblée nationale à Paris le 13 décembre 2016
AFP/Archives
"Lorsqu'on est attaché à l'autorité de l'Etat, on est impeccable face aux institutions et aux règles qui les régissent", a lancé Bernard Cazeneuve, sans toutefois évoquer directement la polémique.
"Je ne pense pas" que Bruno Le Roux puisse rester au gouvernement dans ce contexte, a confié à l'AFP une source gouvernementale. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault s'est, lui, dit "pour l'exemplarité et la transparence": "Tout le monde doit être traité à la même enseigne quel qu'il soit, connu ou moins connu".
- 'Argent de poche' -
Selon Quotidien, le locataire de la place Beauvau a employé ses filles, alors qu'elles étaient lycéennes puis étudiantes, en cumulant respectivement 14 et 10 CDD entre 2009 et 2016, pour un montant total de quelque 55.000 euros. Elles n'avaient, lors des premiers contrats, que 15-16 ans.
Certains CDD ont pu avoir lieu en même temps que des stages en entreprise ou sur le temps universitaire, à l'été 2013 pour l'une des filles, 20 jours en mai 2015 pour l'autre, affirme l'émission de Yann Barthès.
"Un parlementaire ne doit pas utiliser son crédit collaborateurs pour donner de l’argent de poche à ses enfants", a fustigé l'association anticorruption Anticor.
Dans le reportage, le ministre reconnaît leur embauche ponctuelle alors qu'il était député de Seine-Saint-Denis, "sur des étés, notamment, ou des périodes de vacances scolaires" mais se défend d'un "amalgame" avec l'affaire Fillon, parlant "d'un boulot d'été auprès d'un parlementaire".
Eliane Houlette, cheffe du Parquet national financier, à Unterschleissheim près de Munich, le 14 janvier 2016
AFP/Archives
Fin janvier, Le Canard enchaîné a révélé que l'épouse de François Fillon, Penelope, sans profession connue jusque-là, avait été rémunérée comme assistante parlementaire de son mari pendant de nombreuses années. Le PNF avait, dans les 24 heures, ouvert une enquête notamment pour "détournement de fonds publics" sur ces soupçons d'emplois fictifs, ensuite élargie à deux enfants du couple qui ont également été assistants parlementaires de leur père.
"Il devrait y avoir une règle simple", l'emploi d'un conjoint par un parlementaire "ne devrait pas être autorisé", "ça peut prêter à suspicion", avait alors réagi Bruno Le Roux, dénonçant ensuite "les turpitudes de François Fillon".
Les révélations ont fait vaciller la candidature de François Fillon à la présidentielle, mais, malgré une mise en examen intervenue rapidement, l'ex-Premier ministre a finalement résisté.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux le 7 février 2017 à l'Assemblée nationale à Paris
AFP/Archives
Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne du candidat de la droite, a semblé ne pas vouloir accabler Bruno Le Roux mardi, parlant d'une pratique "très répandue".
"Il sera peut-être amené à démissionner ou être démissionné", a avancé le vice-président du Front national Florian Philippot.
Une source parlementaire a ironisé sur "un emploi d'été comme collaborateur": "Ca fait rigoler", "à l'Assemblée en août il n'y a personne".
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