Le patron des députés LR veut accélérer le calendrier de l’enquête parlementaire sur le Covid-19. Alors qu’il souhaitait, à l’origine, que la mission d’information sur la gestion de l’épidémie ne se dote des pouvoirs d’une commission d’enquête qu’en septembre, Damien Abad veut désormais que cette transformation ait lieu « le plus rapidement possible ». « Comme le Sénat lance ses travaux d'enquête, il nous semble légitime d'avoir une concordance de calendrier », a-t-il expliqué dans l’émission « Audition publique », sur les chaînes parlementaires, en partenariat avec Le Figaro Live.
Le président de groupe en fera la demande officielle ce mardi au président de l’Assemblée nationale, afin que la mission puisse bénéficier de certaines prérogatives – comme des auditions sous serment – dès juin, mois au cours duquel la commission d’enquête sénatoriale prendra également ses marques.
Enquête parlementaire : Abad veut accélérer le calendrier
Potentiel rapporteur général de la commission de l’Assemblée (le poste doit échoir à l’opposition), le député de l’Ain veut, cette fois-ci, de « vrais pouvoirs d’enquête » pour faire la lumière sur l’impact et la gestion de la crise. Et, surtout, que cette instance « puisse aller au bout des travaux ». Le député fait référence à l’épisode douloureux de l’été 2018, quand la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’affaire Alexandre Benalla n’a pas pu aller à son terme. « Je pense que tout le monde doit tirer les leçons de l’échec de la commission d’enquête Benalla à l’Assemblée nationale. Franchement, ça été un fiasco pour la majorité et je n’ai pas le sentiment qu’ils veulent recommencer ce fiasco. Personne n’a intérêt à recommencer cela. »
Pas de convocation d’Agnès Buzyn avant la fin des municipales : Abad ne veut pas de « mélange » avec la commission d’enquête
S’affirmant « responsable » et « déterminé », le président du principal groupe d’opposition au palais Bourbon, où La République en marche et le MoDem détiennent la majorité, estime que l’enquête permettra de mieux préparer la prochaine épidémie, mais aussi d’identifier les « responsabilités politiques ». Et non les « responsabilités judiciaires ». « Je ne suis pas là pour faire un tribunal populaire », a-t-il affirmé.
Annonçant son intention de convoquer au moins tous les ministres de la Santé successifs depuis le quinquennat de Jacques Chirac, Damien Abad a cependant exclu toute convocation d’Agnès Buzyn avant le deuxième tour des municipales, prévu le 28 juin. L’ancienne ministre de la Santé, en poste avant Olivier Véran, avait démissionné pour conduire la campagne de La République en marche à Paris. « Je ne souhaite pas mélanger les municipales avec la commission d’enquête », a-t-il insisté, craignant une décrédibilisation.
L’éventuel futur rapporteur général ne veut pas non plus se limiter à des membres de gouvernements. « Il faut réfléchir à innover dans la forme, dans la manière de mener cette commission d'enquête », a-t-il encouragé, suggérant de recueillir le point de vue, sur le terrain, des soignants qui ont affronté la pandémie. « Leur témoignage est aussi fondamental ».