« Prendre le pouls du continent », ce sont les mots du Président Emmanuel Macron le 9 mai 2021 à Strasbourg, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Dans ce cadre inédit de démocratie participative, le Sénat a mené à l’automne une consultation auprès des élus locaux sur leur perception de l’Union Européenne. L’enquête, réalisée par le cabinet de conseils, Kantar Public, a révélé une tendance auprès des quelques 1800 élus interrogés : l’Europe est jugée lointaine et bureaucratique.
« Déficit de légitimité »
En effet, le terme qui revient le plus souvent est « bureaucratie » (dans 71 % des réponses). S’il est suivi par la formule « paix, union dans la diversité », retenue par 48 % des sondés, ils sont 39 % à pointer « l’opacité et le déficit de légitimité » de l’Union, et presque autant à estimer qu’il existe une « concurrence entre États membres ».
« On voit que les élus sont en adéquation avec les citoyens », estime Brigitte Torloting, vice-présidente de la Région Grand-Est et maire de Louvigny (Moselle). Avant de poursuivre : « On se rend compte qu’ils sont très loin de la compréhension exacte de ce que l’Europe peut nous amener ».
Un constat, partagé par Jean-François Rapin, sénateur (LR) du Pas-de-Calais et président de la commission des Affaires Européennes : « Ce sondage, on le perçoit comme une interrogation en nous disant ‘que pouvez-vous faire vous pour que ça aille mieux ?’ ».
Pour autant, le tableau n’est pas tout noir. Ainsi, l’enquête révèle également que les élus de terrain sont demandeurs d’une plus grande présence européenne dans leur quotidien, notamment sur des questions d’environnement, de changement climatique et de développement économique. Dans l’étude, plus de 55 % d’entre eux y étaient sensibles.
Après cette première étape au siège de la région Grand-Est, à Strasbourg, la délégation sénatoriale devrait se déplacer dans les prochaines semaines dans d’autres villes de France afin de continuer sa restitution au plus près des acteurs de l’enquête.
La Conférence sur l’Avenir de l’Europe se conclura en mars 2022, en pleine présidence française du Conseil de l’Union Européenne, avec la lourde tâche de traduire la volonté des citoyens européens par des actes.