Enregistrement Benalla: une enquête ouverte, Mediapart refuse une perquisition

Enregistrement Benalla: une enquête ouverte, Mediapart refuse une perquisition

Déjà tentaculaire, l'affaire Benalla connaît un nouveau front: le parquet de Paris a tenté de perquisitionner Mediapart lundi,...
Public Sénat

Par Mehdi CHERIFIA et Frédéric POUCHOT

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Déjà tentaculaire, l'affaire Benalla connaît un nouveau front: le parquet de Paris a tenté de perquisitionner Mediapart lundi, après la diffusion la semaine passée d'une conversation entre l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron et Vincent Crase, quelques jours après leur mise en examen en juillet.

Cette nouvelle enquête a été ouverte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception de télécommunications ou de conversations", autrement dit sur les conditions dans lesquelles cet enregistrement a été réalisé, selon une source judiciaire.

Le média en ligne a indiqué avoir refusé lundi matin une perquisition dans ses locaux, où s'étaient présentés deux magistrats du parquet et des enquêteurs qui voulaient saisir les enregistrements en question.

"Tout ça est une manœuvre, un habillage juridique qui n'a qu'une seule fin : trouver les sources de Mediapart et les tarir !", a estimé Fabrice Arfi, co-responsable des enquêtes du journal en ligne, lors d'une conférence de presse au siège de Mediapart.

"Nous avons révélé des faits d'intérêt public. Nous n'avons commis aucun délit", a renchéri Edwy Plenel, président et cofondateur du média en ligne, s'insurgeant que "le procureur de la République de Paris -choisi par Emmanuel Macron lui-même- n'a d'autre urgence que de faire cet acte violent et rarissime de venir perquisitionner un journal".

Mediapart avait publié jeudi des extraits d'un enregistrement d'une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, ex-employé de LREM et gendarme réserviste.

Selon le site d'information, cette conversation a eu lieu le 26 juillet, quelques jours après que les deux hommes eurent été mis en examen pour des violences sur des manifestants le 1er mai 2018 et en violation de leur contrôle judiciaire.

Alexandre Benalla s'y targue du soutien du président de la République, alors que l'"affaire" qui porte son nom a éclaté quelques jours plus tôt et crée des remous jusqu'au sommet de l'État.

"Truc de dingue, le +patron+ (Emmanuel Macron, ndlr), hier soir il m'envoie un message, il me dit: +Tu vas les bouffer. Tu es plus fort qu'eux, c'est pour ça que je t'avais auprès de moi. Je suis avec Isma (Ismaël Emelien, conseiller spécial du président, ndlr), etc. On attend Le Monde, machin, etc+", dit-il dans cet extrait à la très bonne qualité sonore.

Mediapart affirme avoir été sollicité dès vendredi, au lendemain de la diffusion de l'enregistrement, "par un service de police agissant sous les ordres des juges d'instruction" chargés du dossier sur les violences du 1er-Mai.

Selon Fabrice Arfi, "une copie des fichiers audio a été déposée dans la journée (ce lundi) par nos avocats", "plus un extrait supplémentaire pour identifier la date du 26 juillet", afin d'établir le non respect du contrôle judiciaire.

- Pas de plainte de M. Benalla -

La source judiciaire a précisé que l'ouverture de l'enquête préliminaire est intervenue à la suite de la réception par le parquet de Paris d'"éléments", dont la nature n'a pas été précisée.

Une source proche de l'enquête a ajouté qu'elle n'avait pas été déclenchée à la suite d'une plainte de M. Benalla.

"Comme on est dans le cadre d'une enquête préliminaire, nous avons le droit de refuser une perquisition et nous l'avons donc évidemment refusée, en nous permettant de commenter cette situation inédite dans l'histoire du journal, et que nous considérons comme particulièrement grave pour le journal", a également expliqué M. Arfi.

Avant Mediapart, d'autres médias ont fait l'objet de perquisitions ou de tentatives de perquisitions au cours des dernières années.

En 2007, un magistrat avait par exemple tenté de perquisitionner Le Canard enchaîné, dans le cadre d'une procédure pour "violation du secret de l'instruction" concernant l'affaire Clearstream. Les journalistes avaient refusé de lui donner les clés permettant d'ouvrir la salle de rédaction.

Depuis juillet, l'affaire Benalla a connu de multiples épisodes, judiciaires comme politiques, qu'il s'agisse des violences du 1er-Mai, de l'utilisation des passeports diplomatiques ou des SMS que l'ancien collaborateur présidentiel dit avoir échangés avec Emmanuel Macron après son licenciement de l'Élysée l'été dernier.

Mediapart affirmait également la semaine passée qu'Alexandre Benalla aurait été impliqué directement dans un contrat de sécurité signé par Vincent Crase avec Iskander Makhmoudov, un oligarque russe, "proche de Vladimir Poutine" et "soupçonné par plusieurs magistrats européens d'accointances avec l'un des pires groupes criminels moscovites".

Or, M. Benalla travaillait encore à l'Élysée à l'époque. Ce dernier et M. Crase avaient affirmé le contraire devant la commission d'enquête sénatoriale constituée à l'été 2018 après les premières révélations du Monde sur cette affaire.

mch-fpo-str-bl-nal/tib/cam

Dans la même thématique

Le president francais, Emmanuel Macron et son homologue le president de la Republique democratique du Congo Felix Tshisekedi lors d’une conference de presse apres un dejeuner de travail au palais de l’Elysee a Paris
3min

Politique

Sondage : la popularité d’Emmanuel Macron chute à 26% d’opinions favorables, celle de François Bayrou toujours très basse

Après avoir grimpé en mars à la faveur de ses positions sur la scène internationale, la popularité d’Emmanuel Macron s’est de nouveau érodée le mois dernier. Le président de la République récolte désormais 73% d’opinions défavorables, selon le nouveau baromètre d’Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. La cote de François Bayrou reste stable, mais toujours à un niveau très bas de 23% d’opinions favorables.

Le

Paris: Wauquiez Retailleau pacte legislatif
4min

Politique

Sondage : Bruno Retailleau considéré comme un bien meilleur candidat à la présidentielle pour son camp que Laurent Wauquiez

Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez sont en campagne pour être élu à la tête des Républicains. D’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, le ministre de l’Intérieur est considéré par les Français comme un meilleur candidat pour LR que Laurent Wauquiez dans la perspective de l’élection présidentielle. Il remporte aussi l’adhésion de l’ensemble des Français interrogés par rapport à son concurrent (31% contre 17%).

Le

Paris: M. Le Pen J. Bardella concertation E. Macron
4min

Politique

Sondage : Marine Le Pen ou Jordan Bardella donnés largement en tête au premier tour de la présidentielle 2027, mais perdants au second

Malgré sa condamnation en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN, Marine Le Pen est toujours donnée largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle 2027, d’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. Même constat en cas de candidature de Jordan Bardella à la place de la députée du Pas-de-Calais. En revanche, selon ces résultats, les deux figures du RN s’inclineraient au second tour face à Edouard Philippe.

Le