Entre l’Élysée et la presse régionale, des relations dégradées
À l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron à l'usine Toyota dans le Nord, le quotidien La Voix du Nord a regretté lundi que l...

Entre l’Élysée et la presse régionale, des relations dégradées

À l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron à l'usine Toyota dans le Nord, le quotidien La Voix du Nord a regretté lundi que l...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

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À l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron à l'usine Toyota dans le Nord, le quotidien La Voix du Nord a regretté lundi que l'Élysée ait limité les accès à ses photographes, une décision qui témoigne selon lui d'une dégradation des relations entre la presse régionale et le pouvoir.

"Les photographes de La Voix du Nord ne sont pas accrédités pour suivre Macron dans l'usine Toyota d'Onnaing", dans la périphérie de Valenciennes, s'est plaint sur Twitter le rédacteur en chef du quotidien, Patrick Jankielewicz.

"C'est la première fois" qu'un photographe du journal n'a pas de place dans un +pool+ (un groupe restreint de photographes qui cèdent ensuite leurs clichés aux autres média, NDLR) couvrant un déplacement du président de la République dans la région, a-t-il précisé.

Un rédacteur du quotidien nordiste a en revanche pu suivre, dans le pool, la totalité de la visite du président.

L'incident fait suite à deux demandes d'entretien du chef de l'État formulées par le quotidien de Lille auxquelles l'Élysée n'a pas donné suite: la première à l'occasion de la venue d'Emmanuel Macron à Roubaix le 14 novembre sur le thème de la politique de la ville ; la seconde lors d'un déplacement à Calais, le 16 janvier.

"Pour ce déplacement (à Onnaing), on n'avait pas demandé", a souligné le rédacteur en chef, pour qui accorder une interview au principal journal local lui paraît "logique". "C'est compliqué, on sent une volonté de maîtriser la communication, et aussi peut-être une méconnaissance de ce que l'on représente", a-t-il ajouté, en évoquant la "sensation que c'est mieux organisé pour la presse nationale que pour la presse quotidienne régionale" (PQR).

- 'Bons interlocuteurs' -

Depuis son entrée à l'Élysée, les médias audiovisuels comme écrits ou en ligne ont été confrontés à la volonté d'Emmanuel Macron de contrôler davantage la communication présidentielle que durant le quinquennat de François Hollande, qui aimait parler directement aux journalistes.

Emmanuel Macron ne s'exprime pas habituellement dans la presse régionale à l'occasion de ses visites sur le terrain. Sollicité lundi, l’Élysée n'a pas souhaité s'exprimer sur les critiques émises par La Voix du Nord. Mais, a-t-on fait remarquer dans l'entourage présidentiel, le chef de l’État a, en juillet, réservé l'une de ses rares interviews écrites à Ouest-France, le premier quotidien français.

"Les médias ne sont pas considérés pour ce qu'ils sont, à savoir un intermédiaire entre les élus et les électeurs", déplore le rédacteur en chef de Sud-Ouest, Jean-Pierre Dorain, qui regrette que "les portes se soient fermées" pour le correspondant à Paris. Mais, précise-t-il, "l'Élysée est revenu très récemment vers nous avec des demandes pour savoir qui étaient +les bons interlocuteurs+" au sein du journal.

Le directeur de l'information du Télégramme (Brest), Hubert Coudurier, considère également que "le contact est un peu rompu" avec l'Élysée. Il se dit nostalgique d'une époque où les journalistes de la PQR qui couvraient l'Élysée étaient "très, très bien traités" - à hauteur de leur influence et de leur audience d'alors.

- Relecture des interviews -

La semaine dernière, La Voix du Nord avait ouvert un autre débat, en annonçant désormais refuser les demandes de relecture avant parution par les politiques interviewés, quel que soit leur bord.

"Jusque-là, comme la quasi-totalité de nos confrères, nous l'acceptions sous prétexte que la parole d'un ministre a quasiment force de loi. Mais (...) la relecture est devenue un exercice de réécriture pour la plupart", avait justifié le rédacteur en chef du quotidien nordiste.

"Dernièrement, on nous a renvoyé un texte totalement +caviardé+, coupant des réponses qui avaient été faites et ajoutant des questions qui n'avaient pas été posées !", avait notamment expliqué M. Jankielewicz.

"A deux reprises, j'ai refusé des interviews de ministres parce qu'ils demandaient des relectures" avant publication, abonde le rédacteur en chef de Sud-Ouest, qui note que, "inversement, on court après la ministre de la Santé depuis deux mois dans la perspective du Forum Santé et Avenir (qui se tient à Bordeaux début février à l'initiative du quotidien, NDLR), mais on n'a aucune nouvelle".

L'affaire ne fait toutefois pas consensus: "C'est une pratique qui est admise en France, au fond c'est une règle du jeu", estime le directeur de la rédaction du Journal du dimanche, Hervé Gattegno, selon qui "il s'agit de résumer une conversation très longue en quelques paragraphes", "à la condition que l'esprit de la réponse initiale soit respecté".

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