EPR : Yannick Jadot fustige le surcoût de la facture des réacteurs nucléaires, une « pompe à fric »

Lors des Questions au Gouvernement, le sénateur écologiste de Paris, Yannick Jadot, a interpellé le gouvernement sur les surcoûts de production des réacteurs EPR de deuxième génération qui devraient coûter 16 milliards d’euros de plus que prévus. L’ancien candidat à la présidentielle dénonce la « pompe à fric » que représente le secteur nucléaire, faisant écho aux propos de Bruno Le Maire plutôt dans la journée, qui avait défendu les coupures budgétaires de cette année, affirmant que « l’Etat n’est pas une pompe à fric ».
Alexis Graillot

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Un dérapage budgétaire qui fait tache. Annoncés à 51,7 milliards d’euros, les projets de construction des nouveaux réacteurs pourraient aboutir à une facture beaucoup plus salée que prévu. Révélée par nos confrères des Echos ce lundi 4 mars, le coût de construction prévisionnel serait désormais évalué à 67,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 30%. Deux raisons sont avancées par l’électricien, détenu à 100% par l’Etat depuis juin dernier : « La progression des coûts d’ingénierie, l’énergéticien ayant décidé de prendre neuf mois de plus que prévu pour finaliser les plans génériques de son réacteur EPR remodelé » ainsi que « « la hausse des coûts de construction, qui résulte des premiers appels d’offres lancés par EDF pour anticiper la fabrication de certaines pièces critiques ou sécuriser des contrats clés ».

Des justifications qui ne convainquent visiblement pas Yannick Jadot qui a interpellé au Sénat, Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée du Numérique qui a appelé à « sortir de l’opacité et du quoiqu’il en coûte nucléaire ».

« Pour vous, le nucléaire est un pompe à fric, pour nous, c’est une question de souveraineté nationale et d’indépendance de la nation »

Marina Ferrari a reconnu le « dérapage des coûts et des programmes portés par EDF » et rappelé la création, en 2022, de la Délégation interministérielle au nouveau nucléaire qui a pour objectif de « garantir pour le compte de l’Etat la bonne exécution du programme ». La secrétaire d’Etat au numérique ajoute que le gouvernement « a demandé à EDF d’analyser les causes de la réévaluation du chiffrage et d’en tirer les leçons », mais a également exigé un « programme d’optimisation du projet EPR2 et de ses coûts ». Enfin, l’électricien doit « présenter un nouveau chiffrage et un nouveau calendrier audité fin 2024 ».

« Le nucléaire est un projet de long terme et nous l’abordons avec une vision industrielle » explique-t-elle, s’en prenant ensuite vertement au sénateur de Paris : « Pour vous, le nucléaire est un pompe à fric, pour nous, c’est une question de souveraineté nationale et d’indépendance de la nation ». « Ne négligeons pas l’intérêt national ! » conclut-elle.

« Le dérèglement climatique n’attendra pas 15 ou 20 ans »

Des explications insuffisantes pour l’ex-candidat EELV à la présidentielle qui reproche à la ministre de ne parler que de l’avenir sans se préoccuper des problématiques du présent, égrenant : « L’explosion de la facture des ménages, c’est aujourd’hui et vous réduisez Ma Prime Renov’. La souveraineté énergétique de la France c’est aujourd’hui », reprochant à EDF et Orano (ex-Areva) de « continuer d’utiliser l’uranium russe ».

« Le dérèglement climatique n’attendra pas 15 ou 20 ans » avance le sénateur, qui appelle à un déploiement massif des énergies renouvelables, « deux fois moins chères » que le nucléaire. « Cassons la malédiction des EPR » conclut Yannick Jadot, sous les applaudissements de la gauche de l’hémicycle.

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