L'esclavage en Libye a valu au gouvernement cinq interpellations de députés de tous bords mardi, dans une Assemblée unanime à condamner ce phénomène et demander des actions, certains invoquant le sort de leurs ancêtres esclaves.
L'intervention de Max Mathiasin, élu (apparenté MoDem) de Guadeloupe, évoquant son propre passé familial, a été saluée par une standing ovation, que les élus FN ont rejointe. "Sur la planète, il y a des passés qui ne finissent pas de passer (...) Ma grand-mère m'a raconté: son grand-père est né en Afrique en homme libre, il a été capturé et vendu, il est arrivé en Guadeloupe en esclave", a-t-il témoigné lors des questions au gouvernement.
Et "aujourd'hui en Libye des migrants africains en route vers l'Europe sont vendus aux enchères comme esclaves par des trafiquants", des fais dénoncés il y a quelques jours dans un documentaire choc de la chaîne américaine CNN, a poursuivi M. Mathiasin, demandant d'agir face à ce "drame humanitaire insoutenable".
Des migrants ivoiriens, rapatriés depuis la Libye, arrivent à Abidjan, le 20 novembre 2017
AFP
Auparavant, Vincent Ledoux (Constructifs) s'était élevé contre une "régression absolue de notre droit humain", estimant que "la communauté internationale est à un rendez-vous historique".
L'Insoumis Eric Coquerel a demandé: "Comptez-vous réagir plus vigoureusement que par un tweet devant l’abominable?", en référence à une réaction du président Emmanuel Macron sur le réseau social.
Elu de Martinique, Serge Letchimy (app. socialiste) a relevé "l'indignation de la représentation nationale". Mais "la seule indignation suffit-elle?", a-t-il questionné.
Pour le groupe majoritaire LREM, Sereine Mauborgne a salué "le volontarisme de la France engagée dans l'opération européenne Sophia en Méditerranée, et à l'initiative depuis juillet dernier d'une reprise du dialogue" en Libye. Elle a espéré que "l'accueil par la France de 25 premiers réfugiés évacués de Libye" soit l'"amorce d'une dynamique plus large" et appelé à une réponse européenne.
En l'absence du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères, la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau a répondu que "nous avons tous été saisis d'horreur devant les images" de CNN, ce qui "appelle des actes de responsabilité".
Un sommet a été convoqué "avec les principaux pays européens mais aussi des pays africains et des représentants des autorités libyennes pour traiter la question migratoire au niveau des pays d'origine et des pays de transit, pour lutter efficacement contre les passeurs". "Nous devons aussi renforcer l'aide publique au développement", a ajouté la ministre.
Après un nouveau couac entre ministres, avec Gérald Darmanin faisant planer la menace d’une démission s’il n’était pas entendu sur l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives, François Bayrou a dû recadrer ses ministres, donnant raison à la ligne dure. Mais l’épisode est symptomatique d’un problème plus profond dans la majorité.
La ligne dure défendue par le ministre de l’Intérieur vis-à-vis de l’Algérie, qui refuse les expulsions ordonnées par la France, clive profondément au Sénat. La droite sénatoriale soutient sans hésitation son ancien président. En face, les socialistes craignent une « escalade » sans résultats.
Après une visite de la base aérienne de Luxeuil-Saint Sauveur en Haute-Saône, le président Emmanuel Macron a déclaré vouloir « poursuivre l’effort militaire » et a annoncé plusieurs investissements pour « l’armée de l’Air et l’Espace. »
A deux mois du scrutin interne l’opposant à Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau a déposé sa candidature pour prendre la tête de LR. Son directeur de campagne revendique plusieurs milliers de soutiens parmi les adhérents ainsi qu’une centaine de parlementaires.