Esclavage : « Il faut entretenir la mémoire des blessures »

Esclavage : « Il faut entretenir la mémoire des blessures »

Revivez notre édition spéciale à l'occasion de la cérémonie commémorative de l’abolition de l’esclavage. Edouard Philippe s'est notamment exprimé lors de cet évènement.
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  • Jean-Michel Blanquer : « C’est important que nos élèves connaissent cette histoire »
Jean-Michel Blanquer : « C’est important que nos élèves connaissent cette histoire »
02:00

« Quand on apprend l’histoire de l’esclavage, on apprend aussi les valeurs de la liberté. C’est important que nos élèves connaissent cette histoire et qu’ils aient conscience des valeurs qu’il y a derrière la lutte pour l’abolition de l’esclavage », a insisté Jean-Michel Blanquer. Pour le ministre de l’Education nationale, « parler de l’esclavage n’est pas seulement une question de mémoire mais de projection dans un futur de liberté. Mais pour cela il faut avoir une connaissance précise. C’est pour cela que l’histoire et la géographie sont importants ».

  • Absence d'Emmanuel Macron : « Il faut prendre acte du fait et aussi s’en affranchir » estime Christiane Taubira
Absence d'Emmanuel Macron : « Il faut prendre acte du fait et aussi s’en affranchir » estime Christiane Taubira
01:23

Interrogée sur l’absence d’Emmanuel Macron à la commémoration de l’abolition de l’esclavage ce 10 mai, Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux, estime qu' « il faut prendre acte du fait et aussi s’en affranchir ». « On peut s’interroger sur le fait que le Président ait été, avec raison, au Panthéon, saluer la mémoire des grands abolitionistes, et que ce soit le Premier ministre qui préside à cette cérémonie », a-t-elle ajouté. Et de rappeler : « Ce n’est pas sans précédent. J’avais été critique quand Nicolas Sarkozy avait délocalisé la cérémonie du 10 mai à Bordeaux ».​

  • La mémoire est une « chance formidable » assure Jean-Marc Ayrault
La mémoire est une « chance formidable » assure Jean-Marc Ayrault
02:10

« Maintenant, cette histoire s’inscrit dans le commun de la nation française » a témoigné l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, futur président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage. La mémoire de l’esclavage est « beaucoup enseignée dans les écoles primaires » a-t-il souligné « mais il faudrait prolonger aux collèges, aux lycées. Que cette histoire soit connue, pour les Français, ce serait une chance formidable car cela nous rendrait à la fois plus lucides sur ce que nous sommes, d’où nous venons pour affronter toutes les questions de notre époque. »

  • « La connaissance de ce chemin long vers l’abolition est la plus sûre alliée de la reconnaissance » affirme Edouard Philippe

Pour ouvrir son discours, le Premier ministre Edouard Philippe a rendu hommage à Gaston Monnerville, petit fils d’esclave et président du Sénat de 1958 à 1968. « Il y un flambeau de la liberté que chaque génération doit transmettre avec un soin très particulier. Et ce flambeau, c’est d’abord la mémoire qui l’entretient  et qui le ranime » a souligné le chef du gouvernement.

Le calendrier commémoratif « ne vise pas à figer un souvenir traumatique mais à activer un processus de mémoire » insiste t-il. « Il faut entretenir la mémoire des blessures mais aussi celles des résistances ouvertes et souterraines car les esclaves ne se sont jamais résignés à leur condition. La mémoire des meurtrissures est encore à vif. »

« La connaissance de ce chemin long vers l’abolition est la plus sûre alliée de la reconnaissance » a poursuivi Edouard Philippe. « Graver dans la pierre la dignité de la personne humaine sera l’objectif du mémorial qui recensera les quelques 200 000 noms donnés aux esclaves des colonies françaises en 1848. Le président de la République a souhaité que ce monument se dresse au jardin des Tuileries où s’élevait jadis le bâtiment de la Convention, qui a voté la première abolition et d’où l’on voit l’hôtel de la Marine, où a été signée la deuxième. Ce mémorial inscrira dans le paysage de Paris un grand lieu de commémoration. »

Le Premier ministre a enfin rappelé que l’abolition de l’esclavage n’avait « pas aboli les discriminations ni le racisme » en France.

  • L'absence du Président est « la version mémorielle du "en même temps macroniste" » estime François Durpaire
Pour François Durpaire , historien, l’absence du président de la République à cette cérémonie commémorative de l’abolition de l’esclavage illustre « la version mémorielle du « en même temps macroniste »
01:34

Pour François Durpaire , historien, l’absence du président de la République à cette cérémonie commémorative de l’abolition de l’esclavage illustre « la version mémorielle du "en même temps macroniste" : « Quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir on lui a dit "il y a deux dates : la journée nationale du 10 mai et la journée des victimes de l’esclavage le 2". Il s’est dit:  "le 10 je ne suis pas là on me remet un prix. Donc on va faire une troisième date : le 27 avril". » Le 27 avril dernier, le chef de l’Etat avait en effet commémoré l’abolition de l’esclavage au Panthéon. Il avait notamment annoncé la création  d’une fondation pour la mémoire de l’esclavage.

  • Anne Anglès regrette la faible part de l'esclavage dans les programmes d'histoire au lycée
Anne Anglès regrette la faible part de l'esclavage dans les programmes d'histoire au lycée
01:52

Anne Anglès, professeure d’histoire-géographie et membre du comité pour la mémoire de l’esclavage, estime que l’esclavage et les traites ainsi que leurs abolitions sont trop peu présents dans les programmes d’histoire : « A partir du lycée, leur enseignement devient extrêmement réduit. Les abolitions sont le dernier point du programme de seconde et, dans le cadre du programme de 1ère, qui porte sur les colonisations et décolonisations, l’esclavage y a une très faible part, voire inexistante. » Elle regrette également qu’ils soient enseignés en primaire car cela est « trop compliqué pour des enfants assez jeunes ».

Toutefois cela devrait évoluer car, comme le rappelle Anne Anglès, les programmes « vont être changés d’ici l’année prochaine, en tout cas au lycée. »​

  • Philippe Dallier rappelle que « dans les temps modernes, des millions d’hommes et de femmes » sont encore tenus en esclavage
Philippe Dallier rappelle que « dans les temps modernes, des millions d’hommes et de femmes » sont encore tenus en esclavage
01:06

Pour Philippe Dallier, sénateur (LR) de Seine-Saint-Denis et premier vice-président du Sénat, la journée commémorative de l’abolition de l’esclavage est l’occasion de « transmettre cette histoire, notamment aux jeunes » et de continuer le « travail de mémoire » déjà engagé. Plus encore, c'est une « manière de réconcilier les Français avec leur histoire ».

Enfin, le sénateur a rappelé que « dans les temps modernes, des millions d’hommes et de femmes » sont encore tenus en esclavage.

Suivez en direct sur Public Sénat, dès 10h30, notre édition spéciale à l'occasion de la cérémonie commémorative de l’abolition de l’esclavage, qui se tiendra au Jardin du Luxembourg. Le Premier ministre, Edouard Philippe, y est notamment attendu pour prononcer un discours.

Nos invités en plateau commenteront cet évènement, 170 ans après l'abolition définitive de l'esclavage en France. Parmi eux, les historiens François Durpaire et Fabrice d'Almeida, Audrey Célestine, docteure en sciences politiques, et Anne Anglès, professeure d'Histoire-géographie et membre du comité pour la mémoire de l'esclavage. 

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