Estrosi/Ciotti: le duel des droites de la Côte d’Azur
A Nice, la refondation à droite s'annonce difficile: le maire Christian Estrosi qui fait le pari de s'entendre avec le...

Estrosi/Ciotti: le duel des droites de la Côte d’Azur

A Nice, la refondation à droite s'annonce difficile: le maire Christian Estrosi qui fait le pari de s'entendre avec le...
Public Sénat

Par Claudine RENAUD

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Publié le

A Nice, la refondation à droite s'annonce difficile: le maire Christian Estrosi qui fait le pari de s'entendre avec le gouvernement Macron est à couteaux tirés avec l'autre ténor des Républicains Eric Ciotti, réélu député au forceps et qui refuse toute allégeance au vainqueur de la présidentielle.

Larvée, la guerre a éclaté au grand jour durant les élections.

Unis dans leur soutien à Nicolas Sarkozy pour la primaire, les deux amis de vingt ans sont d'accord sur le tout sécuritaire, le rejet des migrants ou l'interdiction du burkini l'été dernier à la plage mais ils ne se cachent même plus pour s'accuser mutuellement de se savonner la planche.

"Cherchez l'explication chez lui, pas chez moi", soupire M. Estrosi, qui a préféré abandonner la présidence de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour redevenir maire en mai et reprendre la situation en main à Nice. Il reproche à son ancien assistant parlementaire d'avoir pactiser avec le Front national. "Je me suis battu pour que ce soit une frontière infranchissable", dit-il à l'AFP.

Et si la droite des Alpes-Maritimes a réussi à sauver six circonscriptions sur neuf (contre trois sur huit dans le Var), c'est surtout ce Dallas politique à la sauce Côte d'Azur qui retient l'attention.

Faut-il y voir une simple guerre d'egos entre un ancien champion de moto faiseur de carrières politiques (M. Estrosi) et un ancien élève de Sciences Po aux formules assassines (M. Ciotti)? Une fracture idéologique? Une différence stratégique?

Chacun a un avis et compte les soutiens en attendant les prochaines échéances, à commencer par le bureau national LR mercredi soir à Paris, puis l'élection à la présidence du département que M. Ciotti va devoir quitter.

- 'La mairie! la mairie!' -

Que fera la timide Laurence Trastour, nouvelle député LR surprise, venue de la mairie de Cagnes-sur-Mer? Que dira Eric Pauget, successeur à l'Assemblée nationale du modéré Jean Leonetti? Pour qui roulera la coppéiste Michèle Tabarot, également rescapée de la vague Macron?

"C'est le b... chez nous", souffle une ancienne LR, partie à La République En Marche.

"La situation ne se résume pas à un conflit Estrosi-Ciotti. C'est une droite nationale qui se divise entre ceux qui ont gardé une droiture et une rigueur et ceux qui essaient d'avoir un pied dans chaque camp", assure l'UDI Anne Sattonet, 1ère adjointe à la mairie de Vence, défaite aux législatives par son ancien allié passé chez Macron, le maire sans étiquette de Vence, Loïc Dombreval.

Pour faire battre Eric Ciotti à Nice, secrétaire général adjoint des LR, le gouvernement Macron a dépêché deux ministres Gérard Collomb et Gérald Darmanin pendant la campagne législative. Symboliquement, lors de leur passage, ils sont passés voir Christian Estrosi en mairie pour une visite de travail.

Sorti vainqueur de l'épreuve et acclamé au soir de sa réélection aux cris de "la mairie, la mairie!" par des supporters qui le verraient briguer le fauteuil de maire de Nice en 2020, M. Ciotti estime aujourd'hui que son "beau score" de 56,21% démontre que "la victoire est possible sans compromission".

Il a bénéficié de l'absence de candidat FN de poids face à lui.

Philippe Vardon, la figure locale de l'extrême droite au passé identitaire sulfureux est allé croiser le fer avec un proche de M. Estrosi, l'UDI Rudy Salles, député depuis 29 ans et battu au 1er tour.

Christian Estrosi s'estime, quant à lui, également conforté. Il a déjà obtenu du gouvernement Macron le retour à la semaine de 4 jours dans les écoles de Nice, et la protection de son ancien siège de député.

La débutante Marine Brenier, 31 ans, a été réélue à 61,21%, sans adversaire REM pour la gêner.

Dans un avant-goût des débats à Paris, il ajoute: "Je vois ceux qui sont contre pour être contre, mais je ne sais pas contre quoi?! Nous avons un Premier ministre LR, je veux l'accompagner".

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