Réunis le 5 octobre dernier en Slovénie les 27 chefs d’Etat et de gouvernement ont abordé le délicat dossier de l’Europe de la défense. Emmanuel Macron espérait convaincre ses partenaires européens d’avancer sur un dossier, qui sera l’une des priorités de la présidence française de l’Union à partir de janvier 2022.
« L’Europe est un nain sur le plan de la défense »
La rupture du « contrat du siècle » pour la livraison de sous-marins avec l’Australie, au profit des Américains et des Britanniques, a offert au chef de l’Etat français une opportunité nouvelle de convaincre ses partenaires européens de la nécessité de se doter d’une autonomie en matière de défense. Mais la route à parcourir pour bâtir une Europe de la défense effective est longue, rappelle Arnaud Danjean, député européen français (PPE) et membre de la sous-commission sécurité et défense. « L’Europe est un nain sur le plan de la défense. L’Europe développe des structures modestes, utiles, mais très modestes. »
Un changement majeur de la pensée géopolitique américaine
Un constat de départ assez sévère, mais le socialiste bulgare Ivo Hristov espère que le contexte actuel puisse changer la donne afin que l’Union européenne affirme enfin son autonomie stratégique. « On observe un changement majeur de la pensée géopolitique américaine qui s’oriente vers l’Asie du sud-est, et l’Europe n’est qu’un théâtre secondaire pour les Etats-Unis. Donc il faut qu’on pense à prendre soin de nous. »
« Etre un peu plus humble dans notre approche »
Dans cette nouvelle redistribution des cartes, la France se positionne en leader, ce qui n’a rien d’étonnant selon Arnaud Danjean. « Depuis le départ du Royaume-Uni de l’UE, la France objectivement est la principale puissance militaire d’Europe, qui a en plus une gamme complète y compris avec la dissuasion nucléaire, ce qui est tout à fait singulier en Europe. Donc la France est naturellement dans un siège de conducteur pour l’Europe de la défense. » Mais ce spécialiste des questions de défense et sécurité met en garde la France. « Ça nous oblige nous Français, à un grand travail de conviction vis-à-vis de nos partenaires. Et parfois, je trouve que ce travail est fait avec un peu trop d’arrogance. Car on se satisfait d’être dans la position de leader et on a envie d’imposer cela à tout le monde, on pense que c’est une évidence pour tout le monde. Je pense que l’on doit être un peu plus humble dans notre approche. » Un message clairement destiné au président français Emmanuel Macron.
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