À l’approche de la date butoir de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, les négociations avance puisque 90 % du chemin a été fait, pour les 10 % restants beaucoup craignent le « no-deal ». Comment l’Union européenne se prépare-t-elle au Brexit ? Et quel sera le sort réservé aux ports français ? Trois invités sont sur le plateau d’Europe Hebdo pour évoquer ces questions.
La région des Hauts-de-France est la première façade portuaire maritime française, mais aujourd'hui face à un Brexit « hard » elle pourrait se voir retirer ce titre au profit des ports belges ou néerlandais. La question Irlandaise qui reste aujourd'hui insolvable par les 27, pourrait voir la route maritime actuelle totalement redessinée, provoquant un bouleversement conséquent pour les acteurs portuaires français et l'économie locale.
Alain Cadec, eurodéputé du Parti populaire européen et président de la Commission pêche estime que l'impact d'un tel scénario sera important : « l'impact va être important, ce qui nous inquiète nous Français, c'est le fait que la Commission européenne est complètement oubliée, volontairement sans doute, les ports français dans le cadre des nouveaux échanges que l'on pourra avoir avec l'Irlande et je pense évidemment à Brest, Cherbourg ou au Havre. Parce que la route prévue par la Commission européenne, le corridor, irait d'Irlande, de Cork à Dublin et irait directement à Anvers ou à Rotterderdam et cela nous paraît politiquement inacceptable et stratégiquement incompréhensible ».
Mais cette inquiétude que tous partagent risque bel et bien de se concrétiser si les membres de l'Union Européenne ne trouvent pas de compromis et se retrouvent dans la situation critique du « no deal ». Karima Delli également députée européenne au sein du groupe des Verts souhaite vraiment qu'un « deal » soit trouvé car il est nécessaire : « Si on a un deal ça veut dire que l'on va pouvoir négocier une période de transition. Durant cette période, on va pouvoir équiper nos ports sur le volet sanitaire, sur le volet vétérinaire et sur le volet administratif. Nos ports français ont besoin d'espace, deuxièmement il nous faut de l'investissement, il n'est pas normal que des régions qui ont subi des crises subissent de plein fouet les conséquences du Brexit. C'est pour ça que je demande un fond d'indemnisation pour ces régions qui vont devoir s'adapter ».
Le risque est réel aujourd’hui pour les ports français et le constat des observateurs et de Karima Delli est clair : « Si demain on met tout sur le port d'Anvers ce sont les ports français qui mettront la clés sous la porte ».