Europe : « Le leadership ne se décrète pas, il se construit » affirme Emmanuel Macron

Europe : « Le leadership ne se décrète pas, il se construit » affirme Emmanuel Macron

Ce jeudi, Emmanuel Macron participe à son premier Conseil européen. Un rendez-vous important pour cet Européen convaincu, qui plaide pour « une intégration plus forte ». Pour mener à bien ce projet, il espère rétablir une « alliance de confiance » avec Angela Merkel. Dans une interview donnée la veille au Figaro et à sept autres journaux européens*, le Président a exposé sa vision pour l’Europe.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Défense commune, budget de la zone euro, réformes des politiques migratoires et d’asile… Autant de chantiers qu’Emmanuel Macron souhaite engager au niveau européen. Et pour y parvenir, c’est vers son homologue allemande qu’il entend se tourner. Avec Angela Merkel,  il espère retrouver « l’esprit de confiance qui existait jadis entre François Mitterrand et Helmut Kohl. »

Tout en affirmant que « l’Allemagne a besoin de la France pour se protéger et protéger l’Europe », il admet que la chancelière « a fait bouger les choses profondément » en matière de sécurité et de défense : le budget alloué à cet effet par Berlin est désormais plus élevé que celui de la France. « Qui l’eût cru ? » ironise le Président, qui s’est fixé comme objectif  « des dépenses équivalentes à 2% du PIB à l’horizon 2025 » avec « une stratégie pluriannuelle ».  

Le couple franco-allemand n’a pas vocation à être exclusif puisqu’Emmanuel Macron tient à la mise en place d’une « vraie politique de défense et de sécurité commune », tant au niveau de la coopération policière et judiciaire pour lutter contre le terrorisme qu’en matière économique et sociale.

L’une des idées phare du Président, c’est la création d’un budget de la zone euro « aidé d’une gouvernance démocratique », « seul moyen pour recréer un mouvement de convergence entre nos économies et nos pays ». Une idée à laquelle Angela Merkel s’est dite « ouverte ».

 « La France n’aura aucune capacité motrice (…) si elle ne renforce pas son économie et sa société », prévient Emmanuel Macron, à commencer par le droit d’asile et la politique migratoire. Il regrette un délai d’instruction des dossiers trop long - « jusqu’à deux ans » - et demande en conséquence  « une réforme en profondeur du système d’asile en France ». Quant aux migrants, « ils n’ont pas vocation à s’établir en France ». Le chef de l’État tient donc à « assurer l’effectivité de leur reconduite à la frontière et travailler étroitement avec les États d’où sont originaires ces personnes ».

« On ne peut pas continuer à faire l‘Europe dans des bureaux »

Une politique migratoire qui doit également se mener au niveau européen. « On ne peut pas continuer à faire l‘Europe dans des bureaux, à laisser les choses se déliter », estime le président de la République. Il prend notamment l’exemple du travail détaché : « En raisonnant comme on le fait, on prend l’Europe à l’envers (…) Les grands défenseurs de cette Europe ultralibérale et déséquilibrée, au Royaume-Uni, se sont fracassés dessus. »

Emmanuel Macron plaide également pour « renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’Union européenne » ainsi que pour « donner plus de moyens à l’Agence européenne des gardes-frontières et des gardes-côtes pour gérer notamment les crises à ses frontières ». Enfin, il rappelle être « attaché à l’espace Schengen ».

Par toutes ces mesures, il espère mettre fin au « doute » que les « classes moyennes de nos sociétés » ont vis-à-vis de l’Union européenne. Un doute dont « la France a fait la cruelle expérience ». Mais elle est loin d’être la seule : « Quand nous regardons la planète, aujourd'hui, que voyons-nous? Une montée des démocraties illibérales et des extrêmes en Europe, la réémergence de régimes autoritaires qui mettent en cause la vitalité démocratique, et des États-Unis d'Amérique qui se retirent en partie du monde » constate-t-il.

Pour lui, l’Europe a une « responsabilité historique » comme terre de naissance de la démocratie. Avec un tel discours, il se place en leader européen. Une position qu’il réfute : « Le leadership ne se décrète pas, il se construit. » Il affirme ne pas prendre pour acquis son élection ni l’acquisition d’une large majorité à l’Assemblée nationale. Et de conclure : « C’est un début exigeant »  

Une exigence qu’il dit vouloir  avoir à l’égard du Royaume-Uni, « avec qui il ne veu(t) pas de discussions bilatérales (…) pour préserver l’intérêt de l’UE ». Il souhaite toutefois renforcer sa forte relation en matière de défense et de sécurité (…) davantage coopérer en matière de lutte contre le terrorisme et de migration ». Les discussions ne seront donc pas tout à fait rompues avec les Britanniques.  Pourtant, le Président l’affirme : « L’Europe n’est pas un supermarché. »

*Le Soir, Le Temps, The Guardian, Corriere della Sera, El Pais, Süddeutsche Zeitung, Gazeta Wyborcza

Dans la même thématique

L’hémicycle du Sénat
7min

Politique

Aide médicale d’Etat : la majorité sénatoriale divisée sur les conclusions du rapport Stefanini Evin

Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.

Le

TOULOUSE:Nouvelle unite hospitaliere specialement amenagee (UHSA)
3min

Politique

Attentat de Paris : une proposition de loi du Sénat pour fixer une durée de sûreté d’hospitalisation en psychiatrie

L’attentat de Paris commis par un homme souffrant de troubles psychiatriques et qui était soumis à une injonction de soins jusqu’en en avril, relance le débat sur l’irresponsabilité pénale. La sénatrice centriste, Nathalie Goulet a redéposé un texte datant de 2021 qui prévoit pour les personnes ayant été déclarées irresponsables pénalement, une durée de sûreté d’hospitalisation.

Le

Budget : un rapport du Sénat épingle la progression du coût de l’aide médicale d’État
6min

Politique

« L’aide médicale d’État n’apparaît pas comme un facteur d’attractivité » pour l’immigration, selon un rapport commandé par le gouvernement

Considéré comme « un appel d’air » migratoire par la droite sénatoriale, l’aide médicale d’État avait été supprimée dans le cadre du projet de loi immigration avant d’être réintégrée en commission par les députés. Un rapport sur ce dispositif commandé par l’exécutif vient tempérer cette affirmation et juge ce dispositif à destination des étrangers en situation irrégulière « globalement maîtrisé ».

Le