L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a appelé mercredi Emmanuel Macron à "changer de stratégie" et "en inventer une autre" dans sa politique européenne, faute de quoi il pourrait paraître "coupé des réalités".
"Même si les circonstances sont différentes de ce qu'il avait prévu (...), il doit changer de stratégie, il doit en inventer une autre", a estimé Dominique de Villepin sur France Inter.
"C'est tout le débat pour lui, parce qu'il veut montrer son inflexibilité, il veut montrer sa verticalité, dans un monde qui est fait de connectivité, de réseau et, de plus en plus, le risque pour lui, c'est d'apparaître inadapté, d'apparaître en l'air, d'apparaître coupé des réalités", a fait valoir l'ancien chef de la diplomatie française, selon qui Emmanuel Macron "a donc un effort à faire colossal pour retrouver en quelque sorte le contact avec les réalités du monde, les réalités de l'Europe et les réalités des Français".
Pour M. de Villepin, qui avait soutenu le candidat Macron lors de la campagne présidentielle, "ce qui fait la capacité d'un homme politique, en tout cas pour un gaulliste comme moi, c'est la capacité à s'adapter à des circonstances nouvelles".
Dès lors, selon lui, "sa posture doit changer, sa relation avec les Français doit changer": "il faut certes de la verticalité, mais davantage par la gravité que par une autorité, et il faut aujourd'hui rétablir cette relation avec les Français, faite de davantage de justice, de davantage d'unité nationale à partir d'un projet cohérent, d'un projet en particulier social qui fait défaut".
L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a notamment considéré que "la question essentielle, c'est le risque d'abaissement, voire d'effacement, de l'Europe dans le nouveau monde dans lequel nous sommes (...) Il y a d'un côté la mondialisation avec ses peurs, ses nouvelles règles, ses nouvelles habitudes, il y a de l'autre côté une transition historique qui est engagée, certes technologique, écologique, mais qui est aussi géopolitique: il y a un chassé-croisé entre la montée de la puissance chinoise et le lent déclin de la puissance américaine qui explique à quel point il y a une crispation aux États-Unis".
Quant à la "conviction européenne" du chef de l'Etat, "il faut la transformer en réalité politique et il faut le faire sans montrer du doigt personne".
"Les polémiques doivent être écartés et qu'elles soient avec l'Italie, qu'elles soient avec la Hongrie, il faut inclure chacun", a-t-il encore appelé.