Marseille: Raphael Glucksmann campaign meeting
Raphael Glucksmann. France s Place Publique and Socialist Party s (PS) leading European Parliament election candidate and MEP Raphael Glucksmann speaks during a campaign meeting in Marseille, southern France on June 1st, 2024.Raphael Glucksmann, candidat principal a l election du Parlement europeen et depute europeen de Place Publique et du Parti socialiste (PS), s exprime lors d une reunion de campagne a Marseille le samedi 1 Juin 2024.//ALAINROBERT_1Y8A2747/Credit:Alain ROBERT/SIPA/2406021629

Européennes 2024 : Raphaël Glucksmann espère arriver « deuxième » et « chambouler la vie politique française »

Toujours au coude à coude dans les sondages avec Valérie Hayer, le candidat de la liste PS-Place Publique termine sa campagne « grave et heureuse » en espérant « tourner la page de ce duel Macron/Le Pen ». Avec « une liste féministe, pro européenne, sociale, écologique » et « sérieuse en matière de défense et de sécurité », il ambitionne de « refonder la social-démocratie » en Europe.
François Vignal

Temps de lecture :

8 min

Publié le

Mis à jour le

Occuper le terrain jusqu’au bout. Surtout quand une part significative des électeurs, en particulier à gauche, prend sa décision au dernier moment. Au lendemain d’une prise de parole polémique, où Emmanuel Macron s’est invité au dernier moment dans la campagne en appelant les électeurs au « sursaut » face à l’extrême droite, Raphaël Glucksmann a tenu son ultime conférence de presse de la campagne des européennes, avant, ce vendredi soir, un dernier meeting à Lille, que la tête de liste PS-Place Publique veut placer dans « les pas » de Jacques Delors, « grande figure » pro européenne et sociale-démocrate. De quoi conclure une campagne qu’il décrit comme « à la fois grave et heureuse ».

Dans une fin de campagne où une part d’incertitude règne pour chaque liste, à l’exception peut-être du RN, qui semble quasi certain d’arriver en tête – la question étant de savoir si Jordan Bardella dépassera ou pas les 30 % – chaque camp se raccroche aux signaux positifs qu’il voit. Pour Raphaël Glucksmann, c’est le scrutin aux Pays-Bas, qui a eu lieu dès hier. S’il faut attendre dimanche pour les résultats, un sondage de sortie d’urnes montre que l’alliance des sociaux-démocrates et des écologistes sort en tête de l’élection, juste devant l’extrême droite, qui était arrivée en tête des législatives.

Les bons résultats de la gauche aux Pays-Bas montrent que « notre famille politique sera la digue face à l’extrême droite »

Pour le candidat qui se revendique de la social-démocratie, il n’en fallait pas moins pour y voir la direction que va prendre l’Europe. « On est très heureux de ce qu’il s’est passé aux Pays-Bas, où un gouvernement d’extrême droite a été mis en place grâce à des libéraux, alliés d’Emmanuel Macron », réagit Raphaël Glucksmann. Pour l’eurodéputé Place Publique, « cela montre que notre famille politique sera la digue face à l’extrême droite, en Europe et en France ». Ces résultats tombent en effet à point nommé pour le candidat, qui a construit son récit durant la campagne notamment sur ce thème du barrage à l’extrême droite.

Le scrutin néerlandais montre aussi « qu’une élection n’est pas jouée tant qu’elle n’est pas finie », ajoute le candidat. Il rappelle qu’« au début, on était à 8-9 %, et on a réussi à créer une dynamique ». Il ajoute :

 On a réussi à créer une espérance. Personne ne nous a vus venir. 

Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place Publique pour les élections européennes.

Une dynamique qui se tasse ?

Une campagne, c’est en effet des dynamiques. Et depuis quelques jours, on voit la liste LFI de Manon Aubry frémir dans les sondages, grappillant quelques dixièmes de points, autour de 8 %, quand la liste des Ecologistes de Marie Toussaint est dans la zone rouge des 5 %, risquant de n’avoir aucun élu si les écolos terminent sous le seuil fatidique. Ce qui affaiblirait la gauche en général.

Pour les socialistes, la lecture dépend des sondages. Globalement, la dynamique est là, sans aucun doute. Mais certaines études montrent une forme de tassement, voire un léger recul, de la liste PS-Place Publique. D’autres pas. Raphaël Glucksmann préfère ainsi citer « un sondage ce matin qui nous donne à un point de la liste de Macron » – encore un signe positif sur lequel s’accrocher. En effet, selon notre baromètre Odoxa, réalisé avec Mascaret, pour Public Sénat et la presse quotidienne régionale, sa liste est à 14 % (+0,5) et talonne celle de la majorité présidentielle de Valérie Hayer (15 %).

« Croisement, pas croisement, je n’en sais rien. Ça dépend des prochaines 48 prochaines heures »

Avec la marge d’erreur, Raphaël Glucksmann est potentiellement devant, dimanche soir… Le cauchemar des macronistes et le rêve des socialistes et de Place Publique. « Croisement, pas croisement, je n’en sais rien. Ça dépend des prochaines 48 prochaines heures », lance le candidat, qui sait bien qu’« il reste peu de temps » pour faire la différence et « être deuxième de cette élection », ambition affichée.

Avec l’espoir que dimanche soir, « une liste féministe, pro européenne, sociale, écologique » et « sérieuse en matière de défense et de sécurité » « chamboule la vie politique française » et permette de « tourner la page de ce duel Macron/Le Pen », qui « fait suffoquer des millions de Français », dénonce le candidat. De quoi, dans l’idéal, peser suffisamment au Parlement européen pour « dès la première semaine » défendre une série de mesures : « Un plan Marshall sur le logement social en Europe », « une directive sur la taxation des plus hauts patrimoines », « la clause de l’Européenne la plus favorisée » pour reprendre les mesures les plus favorables aux femmes de chaque pays, « la phase 2 du Pacte vert », car « dès le lundi, il y aura une confrontation de ce qu’on fait du Pacte vert », ce sera « stop ou encore ». L’aide apportée à l’Ukraine continuera évidemment pour Raphaël Glucksmann d’avoir toute sa place. Il « soutient » d’ailleurs la décision d’Emmanuel Macron de céder des Mirage 2000 aux Ukrainiens.

« Refondation de la social-démocratie » fusionnée « avec l’écologie politique »

Porter ces projets va de pair, pour Raphaël Glucksmann, avec la « refondation de la social-démocratie », fusionnée « avec l’écologie politique ». Il évoque d’ailleurs « l’alliance avec le groupe Vert, au Parlement, pour favoriser le rapport de force face à l’extrême droite ».

Lire aussi » Européennes 2024 : Raphaël Glucksmann prône dans son programme une « révolution écologique »

Et c’est pour se placer dans cette filiation sociale-démocrate que Raphaël Glucksmann termine sa campagne ce soir dans la ville de Martine Aubry, afin de « raviver la flamme humaniste de la gauche française, de Jacques Delors », père de la maire de Lille.

Mais assume-t-il tout l’héritage de la social-démocratie, alors que Les Insoumis se font un malin plaisir de souligner que François Hollande, qui fait figure de chiffon rouge pour une partie de la gauche, le soutient ? « On va refonder la social-démocratie », répond-il. Comprendre, ce ne sera pas tout à fait la même. « Il n’y a pas de continuité absolue avec le passé », ajoute le candidat. Souvent accusé d’être au fond un libéral, il assure que sa social-démocratie dénonce « les accords de libre-échanges » comme « le dogmatisme » du « Pacte de stabilité » budgétaire, dont « on sait qu’il ne sera pas applicable ». « Nous sommes en rupture avec cela », assure Raphaël Glucksmann.

Bataille de leadership à gauche

Reste à convaincre les Français de la « cohérence idéologique » de cette vision « soc dem » revisitée. Il faut pour cela « un récit puissant, aussi puissant que le récit populiste et autoritaire ». Un récit qui pourra avoir un avenir en France ? Car c’est aussi l’autre enjeu, plus national, du scrutin : la bataille de leadership, à gauche, même si le candidat entend se concentrer sur l’Europe. Si les sondages se confirment, la liste PS-Place Publique pourra revendiquer une première place qui rebattra les cartes en vue de 2027. C’est du moins ce qu’espèrent les socialistes, à commencer par la ligne plus sociale-démocrate que Nupes, qui après les 1,75 % d’Anne Hidalgo à la présidentielle, n’en espérait pas tant. On peut cependant parier sur une bataille de lecture, en cas de bon score dimanche soir : est-ce celui d’une ligne PS canal « soc dem » historique ? Ou avant tout le succès d’un homme et d’une incarnation, en la personne de Raphaël Glucksmann ? Selon la réponse à la deuxième question, on verra si le résultat donne des ailes, et quelques autres ambitions, au candidat…

Dans l’ombre de Raphaël Glucksmann, de fait, depuis le début de la campagne, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, présent ce matin au premier rang, a bien en tête que c’est une part du leadership à gauche qui se joue. Interrogé sur la remontée de Manon Aubry, celui dont les relations avec Jean-Luc Mélenchon se sont très sérieusement refroidies, lâche dans un sourire : « Je m’occupe de la Ligue des champions. Pas de la deuxième division… » Une blague qu’aurait pu signer un autre social-démocrate amateur de ballon rond, un certain François Hollande.

Partager cet article

Dans la même thématique

Européennes 2024 : Raphaël Glucksmann espère arriver « deuxième » et « chambouler la vie politique française »
4min

Politique

711 jours otage au Mali : « C’est l’histoire la plus extraordinaire et terrible de ma vie » raconte Olivier Dubois

C’est un journaliste pas comme les autres. Parti interviewer un lieutenant djihadiste à Gao au Mali en mars 2021, il n’en revient que près de deux ans plus tard, après avoir été capturé par des terroristes. Une expérience marquante qui a chamboulé sa vie. Sa passion du journalisme est-elle toujours intacte ? Comment tenir dans de telles conditions, mais surtout comment se reconstruire ? Olivier Dubois répond à ces questions dans l’émission Un monde, un regard de Rebecca Fitoussi.

Le

Européennes 2024 : Raphaël Glucksmann espère arriver « deuxième » et « chambouler la vie politique française »
3min

Politique

Fin des moteurs thermiques en 2035 : « Si on n’a pas de période de transition, c’est du suicide économique » selon l’eurodéputé belge Benoît Cassart

D’ici à 2035, la vente des ventes de voitures thermiques neuves sera interdite. Un objectif remis en cause par la droite européenne et les défenseurs de l’automobile. Un enjeu majeur pour l’Union, où 8 véhicules neufs sur 10 roulent encore à moteur thermique. Voiture thermique stop ou encore on en débat dans l’émission Ici L’Europe présentée par Caroline de Camaret et Alexandre Poussart.

Le

MIGRANTS – CALAIS – CLASK DUNES
8min

Politique

Accord franco-britannique sur les migrants : « On va se renvoyer à la frontière les migrants dans un jeu de ping-pong », dénonce l’écologiste Guillaume Gontard

L’accord sur les migrants annoncés par Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer est accueilli froidement au Sénat, à droite, comme à gauche. Du côté de Calais, « la situation est lourde à supporter », rappelle le sénateur LR du Pas-de-Calais, Jean-François Rapin.

Le