Européennes : « La tentation d’un pacte brun, à la fois sur l’écologie et les idéologies, nous menace », alerte l’écologiste David Cormand

Dans la dernière ligne droite de la campagne des européennes, trois candidats, chacun à la seconde place de leur liste, sont venus sur le plateau d’Extra Local : Céline Imart pour la liste LR, David Cormand pour la liste des Ecologistes et Guillaume Peltier pour Reconquête. Ils se sont exprimés notamment sur l’immigration, la future présidence de la Commission européenne ou le nucléaire.
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A deux semaines des élections européennes, c’est un numéro spécial d’Extra Local, qui est diffusé samedi sur Public Sénat, avec Territoires.tv. Il est consacré au scrutin du 9 juin, avec trois invités, tous à la seconde place sur leur liste : Céline Imart pour les LR, David Cormand pour la liste des Ecologistes et Guillaume Peltier pour Reconquête.

Débat Attal-Bardella : « Je suis un peu en rogne contre le service public d’avoir organisé ce débat qui sanctuarise une sorte de récit qui s’autoalimente », dénonce Céline Imart

Désignée pour occuper la seconde place de la liste de François-Xavier Bellamy, l’agricultrice Céline Imart « ne pense pas » être la caution agricole des LR. « Quand on a des médecins qui s’engagent en politique, on ne leur demande jamais s’ils sont la caution médicale de tel parti, pareil avec des avocats, on ne leur demande pas s’ils sont la caution justice », s’étonne la candidate. Revenant sur la crise agricole, la céréalière estime qu’elle est « symptomatique de la crise profonde qui traverse le pays. C’est la crise des transmissions, la crise des gens qui travaillent ».

Interrogée sur le débat Attal-Bardella de jeudi soir, elle explique ne pas l’avoir regardé. « Je n’avais pas envie. Comme a dit François-Xavier Bellamy très justement sur France 2, je suis un peu en rogne contre le service public d’avoir organisé ce débat qui sanctuarise une sorte de récit qui s’autoalimente. On enferme les Français dans un match qui serait joué d’avance », dénonce la seconde de la liste, qui demande si c’est « le rôle du service public ».

« Il faut sortir Ursula von der Leyen du PPE »

Alors que le programme de François-Xavier Bellamy évoque des « murs » et des « fossés » pour freiner l’immigration, Céline Imart affirme qu’« on est sur une Europe et une France passoire. L’enjeu n’est pas de dresser des murs partout mais il y a des zones à l’est de l’Europe où il faut définir des limites ». « L’idée du mur, ce n’est pas nécessairement d’ériger, mais d’abord, qu’il y ait une frontière réelle pour que les gens fassent la demande à l’extérieur » de l’Union européenne, ajoute la candidate, qui demande des « quotas » pour « choisir notre immigration ».

Interrogée sur Ursula von der Leyen, elle affirme qu’il « faut la sortir du PPE (le groupe de la droite conservatrice, où siègent les LR et dont est issue Ursula von der Leyen). En tout cas, nous, on fera tout pour qu’elle ne soit pas réélue » à la tête de la Commission européenne. « Ce n’était pas notre la candidate du PPE en 2019, c’était Manfred Weber. Ursula von der Leyen a été le cheval de Troie d’Emmanuel Macron », ajoute la candidate LR.

« L’Union européenne, c’est une affaire d’utopie » pour David Cormand

Deuxième invité d’Extra Local : David Cormand, second sur la liste des Ecologistes (ex-EELV) de Marie Toussaint. Appelant à un Pacte vert 2, il rappelle que « l’Union européenne, c’est une affaire d’utopie. Quand après la deuxième guerre mondiale on s’est dit qu’on va mettre d’accord des pays qui s’étaient fait la guerre pendant des siècles, c’était une utopie ». Citant « le marché commun » ou les différents élargissements, il ajoute : « C’est une histoire d’utopie et de rêve l’Union européenne, et le prochain rêve qu’on doit bâtir pour la paix et la prospérité, c’est notre rapport à l’écologie ».

David Cormand met en garde contre la « tentation d’un pacte brun, à la fois sur l’écologie et les idéologies, qui nous menacent. Mais face à l’extrême droite et cette tension-là, on ne résiste pas en lâchant du terrain » (voir la vidéo).

« Développer l’énergie renouvelable, ça va beaucoup plus vite que développer l’énergie nucléaire »

Sur la question du nucléaire et des énergies, l’écologiste souligne que « nous sommes maîtres de notre choix énergétique. Il y a des scénarios qui disent qu’il faut faire du nucléaire, d’autres qui disent qu’on peut faire un mixte 100 % renouvelable, c’est l’Ademe (L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) qui a dit ça ».

« Le problème que j’ai avec le nucléaire, au-delà des questions de sécurité, de déchets, de manque de démocratie, de lourdeur technologique, de la fiabilité, de la chaîne de décision, […] c’est surtout extrêmement long à développer », souligne l’ancien numéro 1 d’EELV. Alors que le projet d’éolienne flottante, au large de la Bretagne, va se faire en « deux ans de chantier », dans le nucléaire, « l’EPR a coûté 4 ou 5 fois le prix initial, de 3,5 à 20 milliards d’euros. Il devait être mis en fonction en 2012 et on espère qu’il le sera dans la seconde partie de 2024 ». « Développer l’énergie renouvelable, ça va beaucoup plus vite que développer l’énergie nucléaire », conclut David Cormand.

« L’islam n’est pas compatible avec la France, mais bien entendu, il y a des centaines de milliers de musulmans qui ont toute leur place à nos côtés, qui sont aussi Français que vous et moi » affirme Guillaume Peltier

Troisième invité : Guillaume Peltier, vice-président de Reconquête, qui occupe la seconde place de la liste, derrière Marion Maréchal. Celui qui dit avoir été « très marqué par Jean-Paul II », affirme que « la principale faillite de Bruxelles, c’est de ne pas avoir su protéger notre identité, notre civilisation, de l’immigration de masse ».

« Pour nous, l’islam n’est pas compatible avec la France. Mais bien entendu, il y a des centaines de milliers de musulmans qui sont tellement amoureux de notre pays, qui ont toute leur place à nos côtés, qui sont aussi Français que vous et moi », affirme Guillaume Peltier, mais il ajoute que « la religion islamique est une religion qui s’en prend à nos valeurs fondamentales ».

Il ne nie pas l’existence de tensions au sein du parti d’extrême droite, entre son président Eric Zemmour et la tête de liste Marion Maréchal. Il évoque « des débats parfois passionnés, heureusement, on n’est ni la Corée du Nord, ni le groupe des Radicaux de gauche du Sénat, c’est-à-dire qu’il y a un peu de vie, un peu d’enthousiasme, mais il n’y a jamais de dialogue rompu », « il n’y a aucune bisbille irréversible, vraiment », assure-t-il.

« Tous les électeurs de droite qui veulent vraiment voter utile, ne votez pas pour Jordan Bardella, ne votez surtout pas pour les LR »

Comme le fait Marion Maréchal, Guillaume Peltier appelle à voter pour la liste Reconquête face au risque de ne pas atteindre les 5 % et de ne pas avoir d’élu. « Je le dis à chaque électeur du RN : c’est une élection à 5 %, à un seul tour le 9 juin. Quel est l’intérêt de donner une voix de plus à Jordan Bardella, qu’il fasse 27, 28 ou 30 % ? Cela ne changera rien. Par contre, permettre à Marion Maréchal de franchir le seuil de 5 %, d’envoyer 5 à 10 députés au Parlement européen » permettra de « saisir cette opportunité historique de battre Ursula von der Leyen, de prendre le pouvoir, de supprimer la commission de Bruxelles et de protéger nos peuples ».

« Pour la première fois depuis 50 ans, la majorité peut changer à Bruxelles. Mais pour ça, il manque quelques députés de Reconquête », insiste le candidat, « tous les électeurs de droite qui veulent vraiment voter utile, ne votez pas pour Jordan Bardella, il est déjà très haut, ne votez surtout pas pour les LR, c’est le parti d’Ursula von der Leyen, de toutes les trahisons ».

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