Le PS a lancé samedi son "chantier" sur la question européenne, devant lui permettre d'aboutir à un projet à l'automne, un préalable selon Olivier Faure à la question des candidatures, ce qui n'empêche pas de premières divisions sur l'hypothèse Pierre Moscovici.
Deux mois après son investiture à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le premier secrétaire a donné le coup d'envoi de ce chantier inaugural, qui, au terme d'une grande consultation citoyenne, doit déboucher mi-octobre sur un vote ouvert à tous les Français sur le projet que portera le PS.
Ce chantier sera coprésidé par les députés européens Christine Revault d'Allones et Emmanuel Maurel, représentants de l'aile gauche du parti. Les députés Boris Vallaud et Marietta Karamanli seront co-rapporteurs.
"Nous inaugurons une méthode radicalement nouvelle, avec cette co-présidence. On nous demande de travailler ensemble, c'est ce que nous faisons", s'est félicité auprès de la presse Boris Vallaud. La blessure est en effet restée profonde, depuis le référendum sur la Constitution européenne de 2005, entre les tenants du "oui" et ceux du "non".
La question des candidatures ne pourra être envisagée qu'à l'issue de ce processus, selon M. Faure. "Je suis de ceux qui pensent qu'il faut procéder par étapes. Avant de savoir qui, il faut savoir quoi. La question c'est comment on fait coïncider un objectif politique avec une incarnation humaine", explique-t-il.
- Quelle alternative ? -
Malgré ce point de méthode, le Landerneau socialiste se déchire depuis le congrès d'Aubervilliers sur l'hypothèse de la candidature du commissaire européen Pierre Moscovici.
L'ancien ministre de l'Economie et des Finances, qui cherche à convaincre les sociaux-démocrates européens de le désigner "Spitzenkandidat" pour briguer la présidence de la commission européenne, y avait prononcé un discours quasiment programmatique, en invitant ses camarades à s'engager sur la voie de l'"eurosocialisme", "celle d'un socialisme vraiment européen et vraiment de gauche".
L'aile gauche du PS a aussitôt pris ses distances, faisant de cette candidature un casus belli. Et le corps central du PS ne se montre pas vraiment plus enthousiaste.
Si l'ancien premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis défend en privé cette solution, soutenant que le PS doit adopter une ligne très pro-européenne pour récupérer l'électorat social-démocrate déçu par Emmanuel Macron, plusieurs ténors expriment des réticences, tels l'ancien secrétaire d'Etat Christian Eckert, ou plus récemment Michel Sapin.
"Je pense qu'il n'y a que lui qui y croit vraiment. Tout le problème pour le PS est de trouver quelqu'un à la fois extrêmement européen et qui ne soit pas une provocation pour l'aile la plus eurosceptique du parti. Ce n'est pas tout à fait son cas", a-t-il déclaré à Challenges.
Ancien secrétaire national du PS, Luc Broussy a pris samedi la plume pour défendre la candidature de M. Moscovici, fustigeant sur Facebook un "ridicule et contre-productif Mosco-bashing", d'autant qu'il n'existe guère d'"alternative".
"Tous les noms y passent pour à chaque fois conclure que ces scénarios ne sont pas possibles (Taubira, Aubry, Vallaud-Belkacem) ou ne sont pas souhaitables (Eckert)", ironise-t-il.
Une autre hypothèse a récemment émergé, celle d'une candidature d'Olivier Faure lui-même -un piège pour mieux faire porter le chapeau de la défaite au nouveau patron du parti, selon un ancien député. L'intéressé a de toute façon écarté cette solution.
Que pense-t-il de la candidature de M. Moscovici ? Difficile de le savoir, même si certains comme Marie-Noëlle Lienemann sont convaincus qu'il y est opposé.
Quand on lui a demandé le 27 mai, au Grand Jury, si M. Moscovici était un "bon candidat", il a répondu qu'il "fai(sait) partie des candidats qui existent". "Franchement ce n'est pas comme ça que je veux procéder et je conseillerais à chacun de rester très mesuré dans ses ambitions", a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, M. Moscovici a souligné qu'il n'était "pas candidat" -en tout cas "à ce stade". "Je suis totalement consacré sur ma tâche (...) J'apprécie les marques d'estime ou de soutien, je regrette les réactions bêtement hostiles ou déplacées, mais tout commentaire à ce sujet est virtuel ou prématuré", a-t-il affirmé.