Anne Hidalgo a ouvert le bal dimanche, avant Christiane Taubira, Bernard Cazeneuve, Martine Aubry: à deux semaines des européennes, les ténors de la gauche volent au secours de Raphaël Glucksmann, en fort mauvaise posture dans les sondages.
Sous un soleil printanier, la maire socialiste de Paris et le chef de file de la liste PS-Place publique se sont promenés dimanche après-midi sur les berges de Seine.
"Nous sommes avec toi, tu as tout mon soutien jusqu'au 26 mai, et après le 26 il y a encore des belles histoires à construire et à porter ensemble", a déclaré Mme Hidalgo devant de nombreux élus parisiens et quelques badauds. L'ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel était aussi de la partie.
Au cours de la semaine, M. Glucksmann tiendra meeting au côté de l'ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira à Rouen, et de l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve à Lyon. Mardi 21, il fera estrade avec la maire de Lille Martine Aubry, a confirmé l'entourage de cette dernière.
L'ancienne ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem pourrait aussi faire une apparition dans la campagne.
"Je suis quelqu'un de fidèle et de loyal", a expliqué M. Cazeneuve au Figaro. "Quand c'est difficile, on ne lâche pas les siens, on est là", a-t-il justifié, alors que certains au PS traînent des pieds pour défendre la candidature d'une personnalité extérieure au parti.
Vendredi, lors d'une rencontre avec des jeunes au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis), l'ancien Premier ministre a donné le ton, jugeant "extraordinairement dangereux (...) d'enfermer le débat dans le pays entre les progressistes et les populistes, c'est-à-dire entre la droite et l'extrême-droite", comme le fait selon lui la majorité.
- "Qui va incarner le vote de gauche ?" -
Des soutiens qui tombent à pic, alors que M. Glucksmann, investi tête de liste du PS le 16 mars, peine depuis à décoller dans les sondages et est même passé dans plusieurs enquêtes sous le seuil des 5% qui permet d'envoyer des eurodéputés à Strasbourg.
"Nous sommes extrêmement contents d'avoir le soutien de personnalités qui incarnent quelque chose à gauche. Bernard Cazeneuve c’est la voix social-démocrate la plus puissante de ce pays. Christiane Taubira c'est la voix de la gauche humaniste (...) Qu'ils nous rejoignent c'est très bien", a-t-il réagi dimanche.
Le soutien de ces "éléphants" ne risque-t-il pas de brouiller l'image du renouvellement que cherche à instiller Raphaël Glucksmann ? "Notre programme est en rupture, notre liste est une liste de renouvellement", avec la moitié des candidats qui ne sont pas issus du PS, rappelle-t-il.
"Raphaël Glucksmann a le soutien des 4 ou 5 figures de la gauche appréciées des Français", se félicite aussi l'ancien député Jean-Marc Germain, candidat sur en neuvième position sur la liste.
Cela suffira-t-il à convaincre les électeurs ? Pour M. Glucksmann, la question des deux prochaines semaines est celle de savoir qui, d'EELV ou de sa liste, "va cristalliser" le vote des électeurs pro-européens, écolos et de gauche; "qui va incarner le vote à gauche", alors que ni La France insoumise, ni EELV ne s'en réclament.
"Nous, on va marteler que nous sommes la première pierre de la reconstruction de la gauche", affirme-t-il. Yannick Jadot, en disant se placer au-delà du clivage droite-gauche "nous a fait un superbe cadeau", se réjouit-il.
La liste de Benoît Hamon partage a contrario une ligne très proche de celle de M. Glucksmann. Mais selon l'entourage de l'essayiste, l'ancien candidat à la présidentielle, crédité d'environ 3% des intentions de vote dans les sondages, est sorti du jeu.