Encore en quête de dynamique à une semaine du scrutin, Emmanuel Macron a mis son camp sous pression en ne fixant d'autre horizon que la victoire...
Par Jérémy MAROT
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Encore en quête de dynamique à une semaine du scrutin, Emmanuel Macron a mis son camp sous pression en ne fixant d'autre horizon que la victoire aux élections européennes, afin de préserver sa capacité à réformer tant au niveau national que continental.
Le chef de l'Etat a lui-même fixé le cap en affirmant depuis la Roumanie en marge d'un sommet européen qu'il déploierait "toute (son) énergie pour que le Rassemblement national ne soit pas en tête" au soir du 26 mai.
Si la majorité a sonné le branle-bas de combat depuis deux semaines autour de la liste menée par Nathalie Loiseau, les enquêtes d'opinion relèvent toujours plus de l'encéphalogramme plat que de la courbe ascensionnelle. Le camp macroniste reste au coude-à-coude avec le RN, entre 21 et 24% selon les sondages.
"Les jeux ne sont pas faits: ça peut tomber d'un côté comme de l'autre. Les derniers jours de la campagne seront cruciaux", résume le patron de La République en marche Stanislas Guerini.
"Ca va se jouer dans un mouchoir de poche et tout est figé", abonde un autre cadre de la majorité inquiet de constater que "4 millions d'électeurs risquent de rester sur le banc de touche le 26 mai sur les 8 qui ont voté Macron au 1er tour de la présidentielle".
Si la majorité espérait grappiller quelques voix au centre-droit ou chez les écologistes, afin de poursuivre la recomposition politique entamée en 2017, le message va se resserrer dans la dernière ligne droite sur un mot d'ordre: mobiliser le socle macroniste dans un contexte de forte abstention et polariser l'enjeu face au RN.
Pour tenter de faire pencher la balance, le chef de l'Etat doit pousser le curseur de son implication.
La tête de liste aux Européennes pour LREM Nathalie Loiseau en meetinfg à Strasbourg, le 11 mai 2019
AFP/Archives
Vendredi, il a pris la parole à Biarritz pour fustiger le bilan européen du RN, "une catastrophe". Une interview dans la presse quotidienne régionale est également évoquée.
Quant à sa présence lors d'un meeting, une partie de son entourage freine considérant que cela risquerait d'occulter le débat de fond.
Alors que 60.000 affiches à son effigie vont être placardées ce week-end, M. Macron "reste le meilleur agent mobilisateur de notre électorat", souligne un de ses proches.
Un autre l'assure: il a "des fourmis dans les jambes. Il aime s'exposer et il faut parfois le protéger de sa volonté de s'exposer".
- "Jeu de dominos" -
Car le chef de l'Etat joue gros, après avoir été élu sur une promesse réformiste au niveau national comme européen. Pour peser face à ses homologues au Conseil, M. Macron doit envoyer la délégation la plus étoffée possible au Parlement européen.
"On ne peut pas revenir dans trois ans (en 2022) et dire qu'on n'a pas de bilan (...) et qu'on n'est pas arrivé à bouger les choses. Il y aura un sentiment d'impuissance qui n'est pas bon", convient le directeur de campagne Stéphane Séjourné.
"Après, au niveau national, c'est un test électoral pour la majorité", ajoute M. Séjourné. "En termes de dynamique politique, évidemment qu'il y aura des conséquences à tirer en cas d'échec", appuie-t-il.
"Tout ça est un jeu de dominos", résume un cadre de La République en marche. Selon celui-ci, il en va de la force d’attraction du parti présidentiel qui derrière devra affronter des élections municipales, départementales, régionales.... "Si vous calez au premier round, vous êtes morts", s'alarme-t-il.
Sans compter que l'exécutif pourrait obérer sa capacité à réformer, même si Edouard Philippe a écarté tout virage dans la politique du gouvernement si le Rassemblement national arrivait en tête.
Pour le sprint final, le camp macroniste va donc miser sur la multiplication de réunions publiques impliquant ministres et co-listiers, partout en France, dans le sillage du Premier ministre qui se rendra lundi à Vesoul et mardi à Valenciennes. Une grand messe finale à la Mutualité vendredi 24 doit couronner la séquence.
Mais beaucoup se cristallisera aussi autour des trois débats télévisés (lundi, mercredi, jeudi) durant lesquels Mme Loiseau devrait de nouveau être ciblée par ses opposants, qui viseront à travers elle M. Macron.
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