Si la campagne des Européennes a mis à l'honneur l'écologie, à l'heure des "marches Climat" et du déclin massif de la biodiversité, EELV ne semble pas devoir en profiter dimanche, ce qui conduit ses dirigeants à réfléchir à la création d'un nouvel outil politique.
Depuis des mois, la tête de liste EELV Yannick Jadot recueille autour de 8 % des intentions de vote dans les sondages, sans parvenir à décoller, contrairement aux Verts allemands qui, crédités de 19%, pourraient terminer deuxièmes du scrutin de l'autre côté du Rhin.
C'est grosso modo le score que les écologistes avaient obtenu en 2014 (8,9%), mais bien moins qu'en 2009 (16,3), où les listes Europe Ecologie avaient remporté un franc succès sous la houlette de Daniel Cohn-Bendit, et avec une pléiade de "candidats d'ouverture": José Bové, Eva Joly.
Interviewé par Sud Radio, M. Jadot s'est dit convaincu le 14 mai d'atteindre "12% ou plus". "On a commencé cette campagne vraiment en slip (après l'effacement de la candidature EELV à la présidentielle, et un très mauvais score aux législatives, NDLR), on fait partie des gros désormais, c'est positif", relativise par avance le secrétaire national d'EELV, David Cormand.
La liste EELV doit il est vrai affronter une forte concurrence sur son terrain, alors que la France insoumise, Générations, la liste PS-Place publique et la République en Marche ont fait de l'écologie un axe majeur de leurs campagnes.
En réponse, Yannick Jadot a martelé ces dernières semaines la "cohérence" des écologistes, face au supposé "double discours" de ses adversaires.
"On n'a pas attendu les élections pour être dans les marches pour le climat, pour agir pour le climat. Je n'ai aucun souci avec l'opportunisme électoral mais il faudrait à un moment donné que ça se traduise en actes", a-t-il rétorqué vendredi, alors qu'il participait avec de nombreux militants et élus à la marche pour le climat à Paris.
- Hulot, cryptique -
Deux éminentes figures du parti, l'ancien secrétaire national Pascal Durand et l'ancien secrétaire d'Etat Pascal Canfin, ont rejoint la liste LREM, des ralliements qui à la fois mettent en exergue la faible capacité d'attraction d'EELV, et alimentent une petite musique sur la "macron-compatibilité" supposée de ses dirigeants. "Si Pascal Durand s'en va, c'est à cause de notre propre faiblesse", reconnaît un cadre de la campagne.
Sur France Inter le 13 mai, M. Cohn-Bendit avait comparé EELV à "une secte". "Yannick Jadot mène sa liste en tapant tous les jours à droite et à gauche, sur tout le monde, ce n’est pas ce que j’espère d’une liste écologique qui s’ouvre", a-t-il taclé.
Interrogé vendredi sur son vote, l'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot a refusé de dire pour qui il voterait, même s'il a donné des indices qui pourrait concorder avec la candidature de M. Jadot.
Nicolas Hulot vote "pour nous", assure l'entourage de M. Jadot. Mais il ne l'a pas dit, ne souhaitant pas "divise(r)" et "réduire l'enjeu écologique à un enjeu partisan".
Autre boulet au pied d'EELV, la chronique incessante de l'union manquée à gauche, selon M. Cormand: "on a été embolisé depuis un an par des débats sur la tactique électorale. Même si on a essayé de s'extraire du bocal d'escargots, on est en cesse renvoyés à ça", déplore-t-il. Après l'échec de l'union avec Benoît Hamon, dont M. Jadot ne voulait pas, les écologistes ont décidé de faire cavalier seul, écartant avec vigueur les appels au rapprochement lancés par Ségolène Royal ou Raphaël Glucksmann.
Reste que "les gens à gauche ont à la fois l'envie d'envoyer un signal écolo, mais sont aussi frustrés par le manque d'unité", reconnaît M. Cormand.
Pour le patron d'EELV, dès le 27 mai doit s'ouvrir un "nouveau cycle", avec la construction d'une "nouvelle force politique dont l'écologie soit le centre de gravité". EELV tiendra "à l'automne" un Congrès qui pourrait être un Congrès refondateur, "si les militants le veulent", dit-il.