Européennes: Moscovici jette l’éponge, le PS dans le brouillard
Maltraité par les socialistes depuis six mois, Pierre Moscovici a finalement décidé jeudi de jeter l'éponge pour les élections...

Européennes: Moscovici jette l’éponge, le PS dans le brouillard

Maltraité par les socialistes depuis six mois, Pierre Moscovici a finalement décidé jeudi de jeter l'éponge pour les élections...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Maltraité par les socialistes depuis six mois, Pierre Moscovici a finalement décidé jeudi de jeter l'éponge pour les élections européennes, laissant plus que jamais incertaine la question de la tête de liste PS, à huit mois du scrutin.

Dans une lettre au président du Parti socialiste européen, Sergueï Stanichev, M. Moscovici affirme renoncer à une "candidature pour conduire la famille socialiste européenne" en raison de "désaccords profonds sur (la) ligne politique et (la) stratégie pour l'Europe" du PS français, qui ne lui permettent pas de prendre la tête de sa campagne.

Selon des sources européennes, M. Moscovici avait pourtant de bonnes chances d'être désigné "Spitzenkandidat" (chef de file) du PSE, grâce au soutien des Premiers ministres Pedro Costa (Portugal), Pedro Sanchez (Espagne) et Alexis Tsipras (Grèce). Les candidats ont jusqu'au 18 octobre pour se faire connaître.

Interrogé par Le Monde, M. Moscovici charge violemment ses camarades du PS, qui n'ont "pas pris la mesure du défi existentiel auquel fait face l'Europe" et qui ne savent pas s'ils sont "ardemment pro-européens" ou "euro-hésitants".

Le commissaire européen aux Affaires économiques leur reproche aussi de flirter avec le protectionnisme en appelant à ne pas ratifier le traité de commerce euro-canadien CETA, et de "s'isoler" au sein du PSE.

Dans son viseur, le texte sur les européennes élaboré par le courant majoritaire du PS, qui sera soumis au vote des militants le 11 octobre. Ce document "explique que la commission Juncker est le bras armé de la mondialisation libérale", proteste M. Moscovici, rappelant que "la commission est soutenue par le PSE" et qu'il y a "huit commissaires socialistes dans son collège".

M. Moscovici, qui reprend sa "liberté de pensée et de parole", pourrait-il figurer sur une liste soutenue par Emmanuel Macron ? "La question n'est pas posée", répond-il en promettant de participer "au sein du PSE, à tisser une alliance de forces progressistes en 2019, dans laquelle la gauche aura toute sa place".

- Une volonté de "rupture" -

Ces déclarations mettent fin à un suspens de plusieurs mois, au cours duquel jamais la direction du PS n'a semblé particulièrement enthousiaste vis-à-vis de la candidature de M. Moscovici, ouvertement décriée par l'aile gauche du parti, mais aussi par les anciens ministres Christian Eckert ou Michel Sapin, proche de François Hollande.

Auprès de l'AFP, un partisan de M. Moscovici ne décolère pas: "Cela fait six mois qu'ils s'essuient les pieds sur lui !", accuse cette source sous couvert d'anonymat.

Elle fustige notamment l'absence d'alternative crédible pour la tête de liste française, et le fait que le candidat du PSE risque à l'arrivée d'être plus droitier que M. Moscovici - le Néerlandais Frans Timmermans, premier vice-président de la commission européenne, tiendrait la corde -.

Cette source reproche aussi à la direction du PS de nombreuses concessions faites à l'aile gauche du parti. Des compromis qui n'ont pas empêché Emmanuel Maurel et ses proches de présenter leur propre texte et de menacer de quitter le parti avant le prochain Conseil national, prévu le 13 octobre.

Interrogée par l'AFP, la patronne de la délégation socialiste au Parlement européen, Christine Revault d'Allonnes, "regrette" la décision de M. Moscovici.

Elle-même n'exclut plus désormais de revendiquer la tête de liste française, alors que les ténors approchés par le PS -Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira- ont décliné.

De son côté, le premier secrétaire Olivier Faure affirme avoir "de l'estime pour Pierre Moscovici, même s'il ne partage pas tout ce qu'il dit".

M. Faure entend notamment s'en tenir à la ligne arrêtée par le PSE, et réaffirmée par le texte du PS, de "rupture" avec la stratégie de "grande coalition" droite/gauche au Parlement européen. M. Moscovici affirme à l'inverse dans Le Monde que "l'Europe (...) ne peut pas être totalement de gauche ou complètement de droite. Elle est le résultat d'un compromis et le bon compromis est celui le plus progressiste possible".

Partager cet article

Dans la même thématique

Européennes: Moscovici jette l’éponge, le PS dans le brouillard
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le