Européennes : Olivier Faure devant les sénateurs PS pour crever l’abcès et « avancer »

Européennes : Olivier Faure devant les sénateurs PS pour crever l’abcès et « avancer »

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure est venu défendre son choix de laisser Raphaël Glucksmann mener la liste pour les européennes. Divisés sur le sujet, les sénateurs PS jouent les bons camarades et se rassemblent pour faire campagne. Mais les doutes persistent chez certains.
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Il fallait dépasser cet épisode, qui reste douloureux pour certains. C’est peu de dire que la décision du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, de laisser la tête de liste aux européennes à Raphaël Glucksmann et Place publique est resté au travers de la gorge de certains socialistes. A commencer par Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat. Visiblement, il en reste quelques traces. « Raphaël Glucksmann est notre tête de liste, ce que je lui demande simplement, ce sont des preuves d’amour » a demandé lundi Patrick Kanner sur Public Sénat dans Audition publique, et « un peu d’humilité ».

Pour crever l'abcès, Olivier Faure est venu devant le groupe PS, ce mardi 9 avril. Il y a trois semaines, c’était une autre histoire. Patrick Kanner s’était opposé à sa venue… Un des membres du groupe raconte avoir joué l’entremetteur pour encourager, de part et d’autre, le rassemblement. « On verra si cela permet de crever l’abcès. Mais depuis, les militants PS ont voté en faveur de la liste » souligne à l’entrée le sénateur Rémi Féraud, qui défend le choix du premier secrétaire. « Il faut être réaliste et constructif pour l’avenir. Que des personnes qui s’étaient éloignées du PS acceptent de rejouer l’aventure européenne avec nous, c’est plutôt une bonne nouvelle » se réjouit le sénateur PS de Paris.

Faure : « Maintenant, on avance, on fait campagne, on va se battre pour faire le meilleur résultat possible, ensemble »

A son arrivée, Olivier Faure minimise les divisions des dernières semaines. « C’est naturel de venir. Je viens régulièrement devant groupe PS. Ça fait partie des bons moments de la vie de premier secrétaire » dit-il... Il « comprend parfaitement qu’il y ait des gens qui ne partagent pas initialement les options qu’(il) propose. Ensuite, il y a un débat et un vote, très largement tranché par 8 socialistes sur 10. Maintenant, on avance, on fait campagne, on va se battre pour faire le meilleur résultat possible, ensemble » (voir la première vidéo, images de Fabien Recker).

A la sortie, « tout s'est très bien passé » assure le premier secrétaire, « ceux qui avaient des doutes sur le projet étaient dans un état d'esprit très constructif et tous sont prêts à faire campagne désormais ». Même son de cloche de la part de Patrick Kanner, qui joue les bons camarades : « Chacun a pu exprimer ses doutes, ses réserves. Mais aussi le fait que nous devions maintenant nous rassembler derrière ce qui est la décision collective des socialistes. Olivier Faure a pu s’expliquer tranquillement, convaincre, je l’espère, un maximum de sénateurs ». Regardez :

Européennes : "Nous devions maintenant nous rassembler" selon Kanner
00:37

« Olivier Faure a su trouver les réponses que nous attentions »

Un sénateur du groupe confirme que la hache de guerre est pour le moment enterrée. « Les hollandais se sont tus. Ils ont fait très profil bas » lâche ce socialiste. Certains socialistes sont même aujourd’hui convaincus, comme l’ancien ministre Victorin Lurel. « Olivier Faure a su trouver les réponses que nous attentions » souligne le sénateur de Guadeloupe, qui demande que la tête de liste vienne devant le groupe. Après le débat télévisé entre les candidats, il s’est laissé convaincre par Raphaël Glucksmann. Beaucoup ont pourtant critiqué sa prestation.

Le mot d’ordre est aujourd’hui clairement à la campagne. « J’ai dit ce que j’avais à dire. Aujourd’hui, je suis tourné vers la réussite du 26 mai, car il y aura des élus au Parlement européen qui devront prendre des décisions » souligne le sénateur PS Rachid Temal, qui s’était opposé au choix d’Olivier Faure. « J’aurais préféré que le premier secrétaire soit tête de liste car là, le PS passe un peu sous la table et n’est pas véritablement lisible. Mais je suis un élu et militant discipliné et je me rangerai derrière Monsieur Glucksmann » assure Christian Manable, sénateur PS de la Somme.

« Olivier Faure adore faire les inventaires. Certains voudront peut-être faire le sien après les européennes… »

Voilà pour le festival On. Le Off est moins plaisant pour le premier secrétaire. « Olivier Faure adore faire les inventaires. Certains voudront peut-être faire son inventaire après les européennes… » prévient un sénateur PS, en référence au bilan critique du quinquennat Hollande. Alors que le premier secrétaire salue le style « plus authentique, plus sincère » de Raphaël Glucksmann, un socialiste tranche : « La sincérité, on s’en fout. Olivier Faure a fait un choix risqué. C’est une mauvaise stratégie. Les sondages le démontrent ». Le nombre d’adhérents payants à Place publique – seulement 200, selon le Canard enchaîné, à côté de 30.000 sympathisants sur Internet – ne fait que confirmer les craintes de ce sénateur : « Ça n’existe pas Place publique ».

Un autre sénateur PS, qui a sa carte depuis 1968, n’en revient toujours pas :

« On leur donne 3 sièges sans pour autant qu’ils apportent quelque chose. C’est invraisemblable. Le premier grand meeting à Toulouse rassemble 500 personnes. C’est lamentable. On a signé l’acte de décès du PS. Qu’ils se démerdent ! »

En cas d’échec de la liste aux européennes, la grande explication et les règlements de comptes sont à prévoir. Mais tous ne le souhaitent pas, y compris chez les hollandais. Le sénateur PS André Vallini ne tient pas à ce que son parti se divise encore une fois. Mais « il faudra se poser la question de savoir sur quelle base on reconstruit. J’ai toujours pensé que les européennes seraient l’aboutissement d’un cycle de difficultés pour le PS. A partir de l’été 2019, ce sera le moment de reconstruire et d’aller vers un nouvel Epinay », congrès fondateur du PS, en 1971, imagine André Vallini. Pour le sénateur de l’Isère et ancien ministre, « il faudra poser la question d’une fédération des gauches ». L’union, y penser toujours, la faire – peut-être – un jour.

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