France Macron

Européennes : vers une alliance entre l’UDI et les macronistes ?

L’idée d’une liste commune entre Renaissance et l’UDI fait son chemin, alors que la ligne des LR sur l’Europe interroge au centre droit. Le président de l’UDI, le sénateur Hervé Marseille, évoque « une grande alliance centrale ». C’est « peut-être le choix qu’on sera amené à faire. En tout cas, l’UDI ne pourra pas renoncer à sa vision européenne », prévient Françoise Gatel, vice-présidente de UDI. Un choix qui ne serait pas sans effet sur la majorité sénatoriale, que les centristes forment avec LR.
François Vignal

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Ce n’est pas fait, mais les choses semblent bien ouvertes. Les élections européennes du mois de juin prochain verront-elles l’UDI faire alliance avec Renaissance et le reste de la majorité présidentielle ? La question se pose, petit à petit. Le président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), le sénateur Hervé Marseille, ne ferme en tout cas pas la porte.

« Tripartition »

« Ce qui nous guidera, ce sera le projet et les idées développées par les uns et les autres. Et notre projet est européen. La construction et l’intégration européennes est un sujet qui est important chez nous, et évidemment, ça guidera beaucoup les décisions qu’on sera amené à prendre », expliquait début octobre Hervé Marseille à publicsenat.fr, alors que la ligne LR a tendance à s’écarter de cette vision.

Invité de Radio J ce week-end, celui qui est aussi président du groupe Union centriste du Sénat s’est fait plus précis, faisant un premier pas le rapprochant d’une possible alliance. « Je considère qu’il n’y a pas d’espace politique. On est dans la tripartition. Il y a un bloc central, la gauche et la droite nationale. A partir de là, il faudrait trouver les voies et moyens d’une grande alliance centrale pour défendre les intérêts de la France en Europe. Je parle des européennes », affirme Hervé Marseille, appelant « ceux qui en sont à l’initiative, au niveau de la majorité, d’ouvrir largement », ajoute le président de l’UDI. En 2019, son parti avait lancé sa propre liste, qui n’avait recueilli que 2,5% des voix… L’option est aujourd’hui écartée.

Son parti discute aussi avec son allié traditionnel à droite. « Chez LR, je suis persuadé qu’il y a des tas de gens qui se posent des questions », avance Hervé Marseille. Mais le sénateur UDI des Hauts-de-Seine, qui avait d’ailleurs rassemblé le Modem et Horizons sur sa liste aux sénatoriales, craint pour la suite des événements : « Si on ne veut pas que Madame Le Pen devienne présidente de la République en 2027, il faudrait peut-être commencer à y réfléchir dès les européennes ».

« Ce serait un pas vers la création d’un grand groupe central, au plan national », salue François Patriat

Du côté de Renaissance, on n’écarte pas l’idée. « Ce n’est pas impossible. Ce n’est pas exclu que l’UDI fasse partie de la liste d’union », avançait-on début octobre du côté de Renaissance. Aujourd’hui, rien de nouveau. On évoque pour l’heure « des échanges informels », mais « pas de discussions en tant que tel. C’est beaucoup trop tôt ».

François Patriat, président du groupe RDPI (Renaissance) du Sénat, attend de voir : « S’ils veulent nous rejoindre, bien sûr, mais j’en doute un peu », réagit le sénateur macroniste. Mais si l’idée va au bout, « ce serait un pas vers la création d’un grand groupe central, au plan national, capable de résister au populisme dans les années à venir », se réjouit François Patriat.

Rappeler le « I » de UDI, pour « indépendant »

A l’UDI, les bases posées par Hervé Marseille semblent plutôt bien perçues. Et on entend rappeler le « I » de UDI, pour « indépendant ». « L’ADN de l’UDI et des centristes, c’est bien une vision et un projet européen », commence la sénatrice Françoise Gatel, vice-présidente de l’UDI.

« Et Hervé Marseille l’a encore dit : quel sera le projet des LR ? On voit qu’ils sont traversés par des courants qui peuvent avoir des visions différentes et l’UDI ne changera pas son ADN et sa philosophie, et peut-être que la question de la constitution d’un bloc central, qui a une vraie vision, est peut-être le choix qu’on sera amené à faire. En tout cas, l’UDI ne pourra pas renoncer à sa vision européenne », prévient la sénatrice UDI d’Ille-et-Vilaine.

« Hervé Marseille n’a pas dit qu’on fermait la porte aux LR. Mais c’est quoi leur projet ? »

« Maintenant, on a un allié traditionnel que sont les LR. Hervé Marseille n’a pas dit qu’on fermait la porte aux LR. Mais c’est quoi leur projet ? Comment on avance ? » interroge Françoise Gatel, pour qui « aujourd’hui, il s’agit de discuter et de parler avec tout le monde ». La sénatrice, qui dit ne pas être « un ennemi du Président de la République », ajoute : « Nous ne sommes pas au garde à vous, pas assujettis à des alliances. Nous construisons des alliances et notre voix doit être prise en compte ».

Si une alliance entre l’UDI et les macronistes ne serait pas illogique – le groupe Union centriste du Sénat compte d’ailleurs une bonne part de sénateurs Macron compatibles – elle ne serait pas sans conséquence politiquement. Car l’UDI a toujours été tourné vers les LR. « Je ne vois pas pourquoi ce serait gênant. Il n’y a rien de catastrophique à faire alliance aux européennes », minimise Vincent Delahaye, sénateur UDI de l’Essonne.

« On fait la majorité sénatoriale. Ça ne veut pas dire qu’on est mariés à vie non plus »

Mais en cas d’union avec la majorité présidentielle, l’événement risque d’être vécu comme un petit tremblement de terre au Sénat, où le groupe Union centriste, à majorité UDI, forme la majorité sénatoriale avec les LR. « Ça va être une période compliquée », reconnaît une sénatrice UDI, qui souligne que « par ailleurs, on a tellement de divergences avec Emmanuel Macron. Tout ça n’est pas très simple ». La même attend de « voir comment les LR se comportent pendant le budget. S’ils continuent à être hémiplégiques, s’ils ne respectent pas le pacte majoritaire ici… Après, tout cela sera pesé au trébuchet ». Et pour compliquer les choses, les discussions entre UC et LR semblent pour l’heure ne pas avancer sur le texte immigration, où « chacun reste campé sur ses positions » pour l’heure, selon un sénateur.

Pour Vincent Delahaye, la majorité sénatoriale ne doit pas empêcher l’UDI de voir au-delà. « On fait la majorité sénatoriale. Ça ne veut pas dire qu’on est mariés à vie non plus, sur tous les sujets, tout le temps. Sinon, ce n’est pas la peine d’exister. On a une spécificité européenne depuis longtemps. Les pères fondateurs de l’Europe sont plutôt chez nous », souligne le sénateur de l’Essonne.

« On est entre la majorité présidentielle et les LR, qui se sont bien droitisés, globalement. Nous, on est à l’épicentre, entre les deux »

Même sentiment pour Françoise Gatel : « Soit vous faites de la politique en disant « je suis allié avec Dupont, je suis toujours avec lui et nous n’avons pas notre voix propre » », soit vous prenez votre liberté. Mais la présidente de la délégation aux collectivités territoriales du Sénat tempère. « Nous sommes capables de nous retrouver, de travailler ensemble. Et en même temps, nous avons une voix qui a des différences. Sinon, nous serions LR », souligne la vice-présidente de l’UDI.

« On est entre la majorité présidentielle et les LR, qui se sont bien droitisés, globalement. Nous, on est à l’épicentre, entre les deux », résume de son côté Vincent Delahaye, « qu’on puisse discuter d’un certain nombre de sujets avec la majorité présidentielle, dont les européennes, ça ne me paraît pas catastrophique. Et je ne pense pas que ce soit de nature à tendre nos relations avec LR ». En cas d’accord, qui mettrait sur la même liste Renaissance, ses alliés d’Horizons, du Modem, et donc l’UDI, l’alliance permettrait au passage des retrouvailles entre les deux partis phares de la galaxie centriste.

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