Le sort de la réforme des retraites est désormais entre les mains de François Bayrou. Après une semaine de négociations, les socialistes continuent de réclamer le gel du décalage de l’âge légal de départ avant de s’engager sur un accord de non-censure du gouvernement, mais la droite refuse d’en entendre parler. Les discussions avec le PS et l’exécutif pourraient se poursuivre mardi.
Exclusion ou pas des Macron-compatibles: le feuilleton dure à LR
Par Nadège PULJAK, Paul AUBRIAT
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Exclusion ou pas des Macron-compatibles? Le feuilleton dure chez les Républicains, dont la direction ne devrait pas trancher avant d'avoir examiné les situations individuelles, notamment celles des ministres Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, qui veulent être entendus par le parti.
LR avait accordé mardi dernier huit jours de délai aux cinq responsables concernés, dont le Premier ministre Edouard Philippe, pour venir s'expliquer. Avant possible mise à la porte, ou plus exactement, "avant que l'on acte leur départ", selon le parti qui refuse de parler d'"exclusion".
Une commission avait été spécialement créée à cet effet lors d'un Bureau politique le 11 juillet dernier, formée des députés Patrick Ollier et Jean Leonetti.
Après des semaines d'embarras chez les Républicains, suite à la nomination d'un des leurs à Matignon et la création du groupe Macron-compatible Les Constructifs à l'Assemblée, le gong était finalement programmé pour retentir le 11 octobre au soir.
Mais apparemment, aucune décision, dans un sens ou un autre, ne sera prise mercredi, MM. Darmanin (ministre des Comptes publics) et Lecornu (secrétaire d'Etat à l'Ecologie) ayant écrit mardi matin à LR pour demander à être auditionnés par la commission.
"Ils ont attendu le dernier moment pour se manifester", s'exaspère la direction du parti, qui soupçonne les deux ministres de vouloir "faire traîner les choses jusqu'à décembre et l'élection de Laurent Wauquiez à la présidence de LR, espérant ainsi faire un coup".
Mais "il n'en est pas question, ça n'a que trop duré!", ajoute-t-on de même source. Néanmoins, "on respectera nos statuts, ils seront entendus".
Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, a chargé M. Ollier de les recevoir. "Ca ne sera pas avant la semaine prochaine", en raison d'un "agenda chargé", a indiqué à l'AFP le président de la Métropole du Grand Paris.
"Si on m'exclut, je ferai un recours", a affirmé mardi dans La Voix du Nord M. Darmanin, ex-maire de Tourcoing. L'ex-sarkozyste est déterminé à faire entendre sa "voix gaulliste". "Je suis toujours adhérent de LR. Ce sont eux qui devraient partir, pas moi", ajoute le ministre, inscrit sur une liste LREM aux dernières sénatoriales.
- "Des LR plus constructifs" -
"Je vais répondre à cette invitation parce que j'estime que je n'ai pas à partir" de LR, a expliqué de son côté M. Lecornu mardi sur RTL. En entrant au gouvernement, "j'ai préféré servir mon pays à mon parti", a-t-il ajouté.
Sur les cinq personnalités concernées, seul M. Philippe n'a pas répondu à l'invitation. A LR, on se s'attend d'ailleurs pas - on ne semble pas non plus s'en offusquer - à recevoir une demande d'audition de la part du locataire de Matignon, surtout après ses déclarations. "Les questions d'appartenance partisane, ce n'est pas mon sujet. Ce qui m'importe c'est que ça avance, que ça marche", affirmait M. Philippe le 28 septembre sur France 2.
En revanche, Franck Riester, président des députés Constructifs, et Thierry Solère, membre du même groupe, ont accepté de rencontrer M. Leonetti mardi "autour d'un café". La discussion fut "cordiale", selon le premier, "de grande qualité" pour le second. Ce qui n'a pas empêché les deux intéressés de réitérer leurs critiques contre LR.
"J'ai lui ai redit que la ligne politique autoritaire, identitaire, souverainiste, ultra conservatrice proposée par Laurent Wauquiez et mise en œuvre depuis un certain temps par la direction des Républicains est contraire à ma vision de la droite républicaine", a affirmé M. Riester devant la presse.
"Ce qu'on souhaiterait, c'est que l'ensemble des Républicains soient un peu plus constructifs", a affirmé M. Solère à l'AFP, qui réclame "une digue absolue avec l’extrême droite". "Mon objectif, c'est qu'à la fin du quinquennat, ça aille mieux".
Les Républicains organiseront un nouveau Bureau politique fin octobre. Avec une décision définitive à la clef, promet-on.