Sur le plateau de Public Sénat, le porte-parole du groupe la Droite Républicaine à l’Assemblée Vincent Jeanbrun s’est prononcé contre la proposition de loi déposée par Éric Ciotti, de supprimer l’exécution provisoire pour les peines d’inéligibilité. Cela reviendrait à faire « une loi d’exception pour Marine Le Pen », alors même qu’Éric Ciotti a toujours prôné l’exemplarité des élus, affirme-t-il. Pour Vincent Jeanbrun, c’est une façon pour le député UDR de « continuer d’acheter son alliance avec Marine Le Pen ».
Faire « des lois d’exception, au cas par cas, pour une personnalité politique, ça n’envoie pas du tout le bon message aux Français », estime Vincent Jeanbrun
Au-delà de la question partisane, Vincent Jeanbrun s’inquiète du signal envoyé par cette proposition de loi : « Ça envoie le message que, pour les politiques, s’il y a un truc qui ne leur va pas, que la loi les embête un petit peu, on se réunit entre nous et on change la loi ». En effet, 64 % des Français s’opposent à la suppression de l’exécution provisoire pour un élu, selon le Baromètre Politique et Territoires Ifop/Ouest-France.
Mais le député se réserve le droit d’en discuter : le Parlement pourrait « avoir ce débat » et « réfléchir au droit tel qu’il existe », pour le « modifier » ou « l’améliorer ». De son côté, le Premier ministre, qui avait fait part de son « trouble » après la condamnation de Marine Le Pen, avait ouvert la voie à une discussion sur la question de l’exécution provisoire, qui, selon lui, interroge.
Marine Le Pen « était la première à demander l’inéligibilité à vie, l’inéligibilité immédiate. Et quand ça la concerne, ce n’est plus possible ? » interroge Vincent Jeanbrun
Sur le fond de l’affaire, le porte-parole du groupe La Droite Républicaine à l’Assemblée s’insurge du « système organisé » par le Front national (ex-Rassemblement national), décrit dans le premier jugement. Marine Le Pen a en effet été condamnée à quatre ans de prison, dont deux ferme avec bracelet électronique, et une amende de 100 000 euros, assortie de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire pour détournements de fonds publics, avant de faire appel. « Il faut être capable de dire quand on faute », estime Vincent Jeanbrun.
D’autant plus que Marine Le Pen « était la première à demander l’inéligibilité à vie », a déclaré le député. En effet, la candidate malheureuse à l’élection présidentielle s’était déclarée favorable, lors d’une interview accordée à Radio Classique et Public Sénat en 2013, à l’inéligibilité à vie en cas de condamnation pour détournements de fonds publics.
La décision du procès en appel de Marine Le Pen est attendue pour l’été 2026, un an avant l’élection présidentielle.