Explosion sociale : « Je ne la crains pas, je pense qu’elle va avoir lieu », prévient Patrick Kanner

Explosion sociale : « Je ne la crains pas, je pense qu’elle va avoir lieu », prévient Patrick Kanner

Invité de notre matinale, Patrick Kanner est revenu sur le climat social actuel. Le président du groupe socialiste ne voit pas le mouvement social s’arrêter avec les réquisitions dans les raffineries et prédit une explosion sociale en cette fin d’année.
Louis Mollier-Sabet

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Dans l’Italie de 1969, les transformations économiques et sociales radicales de l’après-guerre avaient peu à peu transformé le pays et donné lieu à un « automne chaud. » Aussi appelé « le mai rampant » italien, cette période d’intenses tensions avait finalement donné lieu à une véritable explosion sociale. L’inflation actuelle, les mouvements de grève, l’enchaînement des manifestations et l’approche de la réforme des retraites ont de quoi rappeler ce cocktail explosif d’un « automne chaud », pour Patrick Kanner. « Je ne crains pas l’explosion sociale, je pense qu’elle va avoir lieu », prévient même le président du groupe socialiste au Sénat. Certes, les tensions dans les stations-service ont été réduites par les réquisitions, mais « ça ne règle pas le problème de fond », pour le sénateur socialiste du Nord : « Je suis content pour les automobilistes mais pourquoi on en est arrivé là ? Pourquoi le gouvernement s’obstine à ne pas vouloir une grande conférence salariale ? Pourquoi le gouvernement n’ouvre pas symboliquement la question des superprofits ? Pour augmenter les salaires, la meilleure contrainte c’est de donner un signe, et le meilleur signe c’est le SMIC. »

Retraites : « Ce sont les ouvriers, les ouvrières qui vont morfler »

Sans conférence salariale et augmentation générale des salaires, l’explosion est donc inévitable, d’après Patrick Kanner : « Pour un smicard, l’inflation n’est pas à 6 %. Sur l’alimentation, l’inflation est de 20 ou 25 %, c’est bien plus important. À un moment donné, quand vous ne vous pourrez pas vous chauffer, que le 15 du mois c’est déjà le découvert qui arrive… » D’autant plus que le gouvernement présentera son projet de loi sur les retraites en janvier, ce qui ne devrait pas apaiser la situation : « Les parlementaires seront associés au début des concertations, qui se passent bien pour le moment parce qu’on aborde des choses positives, comme la pénibilité. Quand l’âge légal sera évoqué, ce sera plus compliqué. C’est une réforme paramétrique, on est sur la brutalité. »

Le président du groupe socialiste au Sénat l’affirme, le gouvernement « mène un combat idéologique » sur la réforme des retraites, qui pourrait mettre le feu aux poudres : « Ce sont les ouvriers, les ouvrières qui vont morfler. 65 ans, c’est enlever de la vie aux années. C’est une mesure pour gagner quoi, 12, 13, 14 milliards d’euros ? Avec Marisol Touraine nous avons défendu une réforme qui amène à 43 annuités d’ici 2030, cela suffisait largement pour équilibrer le régime. »

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