Le garde des Sceaux précise que certaines des annonces qui seront faites vendredi à Marseille contre le trafic de drogue seront applicables rapidement. « Il faut que nous puissions armer l’État de façon plus forte, sans tarder », a-t-il déclaré au micro de Public Sénat.
Extrême droite : l’Europe fracturée
Par Public Sénat
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Vendredi 15 décembre, l’extrême droite autrichienne est rentrée au gouvernement, suite à une coalition avec la droite. Cette montée en puissance de l’extrême droite se retrouve dans beaucoup de pays d’Europe, comme nous l’explique Anaïs Voy-Gillis, membre de l’Observatoire européen des extrêmes : « Depuis une quinzaine d’années, ce que l’on constate c’est que partout dans l’Union Européenne, des partis d’extrême droite ou de droite radicale, qui partagent un certain nombre de thèmes communs, progressent dans les urnes et entrent de plus en plus dans des coalitions. C'est-à-dire que ce que l’on prétend être un phénomène nouveau en Autriche, n’est pas si nouveau que ça (…) Ce qui est nouveau c’est le type de ministères auxquels accède le FPÖ [Parti de la liberté d’Autriche NDLR] aujourd’hui. »
Car parmi les six portefeuilles obtenus par le FPÖ, on compte le ministère de l’Intérieur, celui de la Défense mais également celui des Affaires étrangères.
Pour Yves Bertoncini, président du Mouvement Européen-France, il faut regarder de plus près, au sein même des partis traditionnels : « Le principal péril c’est la façon dont les partis de gouvernement traditionnels peuvent reprendre les idées de l’extrême droite (…) C’est ce qu’on voit en Pologne et en Hongrie. »
Anne Macey, déléguée générale du think tank « confrontations Europe » explique que l’on n’est « pas à l’abri » d’une remontée de l’extrême droite en Europe, aux prochaines élections européennes : « Même s’ils cherchent à se dédiaboliser, quelque part (…) à lisser leur image (…), dans le même temps on voit bien que le souhait de rejeter sur l’Europe, un peu comme un bouc émissaire, l’ensemble des difficultés auxquelles ils sont confrontés, de vouloir tout axer sur l’ordre et la sécurité [et] jouer sur les peurs des peuples, ne font qu’attiser les haines (…) Face aux défis auxquels on est confronté, seule une réponse coordonnée (…) nous permettra de répondre efficacement. »
À la question de savoir si cette percée des extrêmes droites européennes est directement liée à la crise migratoire de ces dernières années, Anaïs Voy-Gillis répond : « Il est évident que cette crise migratoire que l’on connaît notamment depuis ces trois, quatre dernières années, a un impact majeur dans la progression de l’extrême droite. Et à travers cette crise migratoire, ce qu’il faut lire c’est le rejet de l’islam. Parce que pour tous ces partis, l’islam et les migrants représentent un danger pour la civilisation européenne (…) Vous êtes dans un contexte de crises multiples. Vous avez une crise de la représentativité en Autriche qui est très forte. Cela fait cinquante ans que les mêmes partis se relaient au pouvoir, vous avez une crise migratoire et vous avez en plus une crise de la nation. »
Et la chercheuse ajoute :
« Vous avez beaucoup de citoyens qui ont le sentiment aujourd’hui que les politiques n’ont plus d’impact sur leur quotidien, que les décisions sont prises par des entités supranationales, (…) l’Union européenne ou (…) ce que l’on entend dans le discours d’extrême droite, la finance mondialisée, etc. Ce que les gens cherchent à exprimer à travers ce vote, c’est une reconnexion du politique à leur quotidien. C'est-à-dire que le discours politique rentre en caisse de résonance avec leur vécu. »