Extrême droite : l’Europe fracturée
Les invités de l’émission « On va plus loin » analysent la montée des extrêmes droites en Europe, après le retour au pouvoir de celle-ci en Autriche, à des postes régaliens.  

Extrême droite : l’Europe fracturée

Les invités de l’émission « On va plus loin » analysent la montée des extrêmes droites en Europe, après le retour au pouvoir de celle-ci en Autriche, à des postes régaliens.  
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Vendredi 15 décembre, l’extrême droite autrichienne est rentrée au gouvernement, suite à une coalition avec la droite. Cette montée en puissance de l’extrême droite se retrouve dans beaucoup de pays d’Europe, comme nous l’explique Anaïs Voy-Gillis, membre de l’Observatoire européen des extrêmes : « Depuis une quinzaine d’années, ce que l’on constate c’est que  partout dans l’Union Européenne, des partis d’extrême droite ou de droite radicale, qui partagent un certain nombre de thèmes communs, progressent dans les urnes et entrent de plus en plus dans des coalitions. C'est-à-dire que ce que l’on prétend être un phénomène nouveau en Autriche, n’est pas si nouveau que ça (…) Ce qui est nouveau c’est le type de ministères auxquels accède le FPÖ [Parti de la liberté d’Autriche NDLR] aujourd’hui. »

Car parmi les six portefeuilles obtenus par le FPÖ, on compte le ministère de l’Intérieur, celui de la Défense mais également celui des Affaires étrangères.

Pour Yves Bertoncini, président du Mouvement Européen-France, il faut regarder de plus près, au sein même des partis traditionnels : « Le principal péril c’est la façon dont les partis de gouvernement traditionnels peuvent reprendre les idées de l’extrême droite (…) C’est ce qu’on voit en Pologne et en Hongrie. »

Anne Macey, déléguée générale du think tank « confrontations Europe » explique que l’on n’est « pas à l’abri » d’une remontée de l’extrême droite en Europe, aux prochaines élections européennes : « Même s’ils cherchent à se dédiaboliser, quelque part (…) à lisser leur image (…), dans le même temps on voit bien que le souhait de rejeter sur l’Europe, un peu comme un bouc émissaire, l’ensemble des difficultés auxquelles ils sont confrontés, de vouloir tout axer sur l’ordre et la sécurité [et] jouer sur les peurs des peuples, ne font qu’attiser les haines (…) Face aux défis auxquels on est confronté, seule une réponse coordonnée (…) nous permettra de répondre efficacement. »

À la question de savoir si cette percée des extrêmes droites européennes est directement liée à la crise migratoire de ces dernières années, Anaïs Voy-Gillis répond : « Il est évident que cette crise migratoire que l’on connaît notamment depuis ces trois, quatre dernières années, a un impact majeur dans la progression de l’extrême droite. Et à travers cette crise migratoire, ce qu’il faut lire c’est le rejet de l’islam. Parce que pour tous ces partis, l’islam et les migrants représentent un danger pour la civilisation européenne (…) Vous êtes dans un contexte de crises multiples. Vous avez une crise de la représentativité en Autriche qui est très forte. Cela fait cinquante ans que les mêmes partis se relaient au pouvoir, vous avez une crise migratoire et vous avez en plus une crise de la nation. »

Et la chercheuse ajoute :

 « Vous avez beaucoup de citoyens qui ont le sentiment aujourd’hui que les politiques n’ont plus d’impact sur leur quotidien, que les décisions sont prises par des entités supranationales, (…) l’Union européenne ou (…) ce que l’on entend dans le discours d’extrême droite, la finance mondialisée, etc. Ce que les gens cherchent à exprimer à travers ce vote, c’est une reconnexion du politique à leur quotidien. C'est-à-dire que le discours politique rentre en caisse de résonance avec leur vécu. »  

 

Pour voir ou revoir le débat d'OVPL sur les extrêmes droites en Europe :

Débat OVPL : "Extrême droite : l’Europe fracturée" en intégralité
28:19

Partager cet article

Dans la même thématique

Extrême droite : l’Europe fracturée
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le