Face à Macron, Hidalgo fait le choix de l’ambiguïté
Confrontée à la poussée de La République en marche à Paris, et contrainte de composer avec l'Etat pour mener à bien ses projets,...

Face à Macron, Hidalgo fait le choix de l’ambiguïté

Confrontée à la poussée de La République en marche à Paris, et contrainte de composer avec l'Etat pour mener à bien ses projets,...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE, Fabienne FAUR

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Confrontée à la poussée de La République en marche à Paris, et contrainte de composer avec l'Etat pour mener à bien ses projets, Anne Hidalgo évite pour l'instant de s'opposer frontalement à Emmanuel Macron, et garde ses adjoints "macronistes" sous son aile.

"Moi mon rôle, c'est d'être maire de Paris, ce n'est pas d'être ni l'opposante ni le soutien de M. Macron", a déclaré la maire PS de la capitale à l'AFP mardi.

Preuve de cette attitude conciliante, Anne Hidalgo, qui va remanier son exécutif vendredi, va garder dans sa majorité deux adjoints "macronistes", selon des sources concordantes: Mao Peninou, ancien membre de la direction du PS désormais adhérent de LREM, et Jean-Louis Missika (sans étiquette).

Les deux hommes devraient rester au groupe PS, même si le sénateur LREM Julien Bargeton (ex-PS) s'apprête à créer un groupe au Conseil de Paris avec d'autres anciens socialistes et des radicaux.

Dans ses prises de parole, la maire de Paris se montre désormais précautionneuse, loin du tonitruant "Macron, je n'en ai rien à battre" de mai 2016.

Ainsi se dit-elle "inquiète" des projets du gouvernement en matière de logement, tout en affirmant espérer "un accord étant donné que nous sommes en zone tendue".

Même mesure au sujet des migrants: "Dans la discussion que j'ai eue avec le président de la République Emmanuel Macron, il m'a assuré à plusieurs reprises soutenir ma démarche, être proche de ma philosophie, et je n'ai aucune raison de mettre en doute sa parole", a-t-elle indiqué à l'AFP mardi -tout en exposant ses réserves vis-à-vis de la politique du gouvernement.

La situation peut sembler paradoxale: alors qu'Anne Hidalgo se montrait volontiers "frondeuse" durant le quinquennat de François Hollande, la voici désormais plus accommodante vis-à-vis de M. Macron que le PS, qui se positionne clairement dans l'opposition au "président des riches".

- "Corde raide" -

Ce glissement n'a pas manqué de faire grincer des dents l'aile gauche de sa majorité. Ainsi la fédération PCF de Paris a-t-elle demandé lundi dans un communiqué une "clarification" à Mme Hidalgo, fustigeant "l'offensive néolibérale du pouvoir" et affirmant que "Paris n'est pas Macronpatible".

Mais la maire de Paris n'a pas les coudées franches, comme le souligne le conseiller de Paris EELV Yves Contassot.

"Anne Hidalgo a une obligation de ne pas trop se fâcher. Elle a besoin d'Emmanuel Macron pour le financement des jeux Olympiques. Par ailleurs, avec la réforme de la Métropole du Grand Paris, et la possible suppression de l'échelon départemental, il y a un risque majeur que les droits de mutation, qui représentent un milliard d'euros par an, remontent à la métropole", décrypte-t-il.

"C'est un équilibre compliqué (...) Elle est obligée de faire de la corde raide", souligne-t-il.

La démarche de Mme Hidalgo n'est peut-être pas non plus exempte de calcul électoral, alors que le PS n'a réussi à sauver qu'un siège de député sur les dix qu'il détenait lors des législatives du mois de mai.

"Aujourd'hui la France insoumise est dans l'opposition, et ne manifeste pas de désir d'entrer dans une majorité. Sur qui Anne Hidalgo va-t-elle s'appuyer en 2020?", s'interroge un adjoint. Cet élu, qui ne "voit pas aujourd'hui d'alternative à la politique menée par Anne Hidalgo", milite pour une alliance LREM-PS pour les prochaines municipales.

Un autre adjoint rappelle qu'il y a un "recoupement considérable entre les gens qui ont voté pour Anne Hidalgo en 2014 et ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron en 2017 (...) Elle ne pourra pas se faire réélire si elle n'est pas capable de mobiliser cet électorat en 2020", tranche-t-il.

A mi-mandat, la maire de Paris apparaît en tout cas fragilisée, avec une aile gauche menaçant de claquer la porte, et une aile droite à deux doigts de s'émanciper. "Le groupe de Julien Bargeton risque de dériver vers une opposition larvée (...) Quand on va arriver à la réforme du Grand Paris, quelle position ils vont prendre, celle de la majorité parisienne ou celle d'En marche ?", interroge un écologiste.

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