Dans le 20 heures de TF1 et France 2, Michel Barnier dont le gouvernement est en sursis, dans l’attente du vote d’une motion de censure demain à l’Assemblée nationale, en a appelé à la « responsabilité » des députés. Il a considéré que les élus RN devront « rendre des comptes » a leurs électeurs s’ils votaient une motion rédigée « par l’extrême gauche ».
Face à Moscou, les oligarques ukrainiens ont pris fait et cause pour leur pays
Par Louis Dubar
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En Russie, le pouvoir de Vladimir Poutine a mis un terme aux aventures politiques des milliardaires et aux excès de la période Eltsine. « L’Etat a désormais repris la main. Poutine a imposé une verticalité du pouvoir et exige une loyauté sans faille », explique Paul Cruz, spécialiste de ces questions.
Les oligarques russes, « premières victimes » des sanctions
Depuis le 24 février, date à laquelle la fédération de Russie a envahi l’Ukraine, l’ambiance est morose parmi les oligarques. Pris à la gorge par les sanctions draconiennes de l’Union européenne, les milliardaires voient leurs yachts et villas confisqués par les autorités de l’Union. Intermédiaire dans les négociations de paix entre Kiev et Moscou sans être pour autant un membre officiel de la délégation russe, le propriétaire du club londonien de Chelsea Roman Abramovitch a d’après le Wall-Street Journal ressenti plusieurs symptômes d’un empoisonnement à la suite d’une négociation. Plus récemment, une série de morts suspectes commencée un peu avant le début de la guerre interroge. Six Russes, tous cadres dirigeants de Novatek et Gazprom meurent dans des circonstances mystérieuses. Le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Vladimir Poutine a fragilisé un peu plus la position des oligarques russes, «leurs empires économiques et industriels souffrent directement des sanctions imposées par la communauté internationale », souligne Paul Cruz.
Une « union sacrée » des oligarques pour repousser l’envahisseur
Dans le pays voisin, le phénomène est inverse. Le conflit a renforcé l’unité nationale et a scellé l’allégeance des hommes d’affaires envers l’Etat. Les oligarques hésitants et favorables au Kremlin sont devenus « du jour au lendemain anti-Poutine et antirusses. » Cette « union sacrée » des oligarques se concrétise également par un soutien financier et matériel à l’effort de guerre national. C’est notamment le cas de Viktor Pintchouk, deuxième fortune d’Ukraine « dont la société Interpipe fabrique désormais des hérissons antichars. » Yuriy Kosiuk, patron emblématique de la filière agroalimentaire ukrainienne a quant à lui, « fait don de la production de son entreprise MHP à l’armée. »
Cette unité retrouvée a permis d’enterrer certaines querelles. Accusé de « haute trahison » avant la guerre, l’ex-président Petro Porochenko était soupçonné par le parquet d’avoir facilité l’achat de charbon entre 2014 et 2015 dans les républiques séparatistes pro-russes du Donabass par l’oligarque Viktor Medvetchouk Le tribunal de Kiev avait ordonné le gel des avoirs de « Monsieur chocolat » et interdit tout déplacement à l’étranger. Cette décision avait provoqué la fureur de Petro Porochenko, ce dernier avait directement accusé Volodymyr Zelensky d’avoir commandité ces poursuites afin de « discréditer » un opposant et de « diviser » le pays à la veille d’une guerre avec la fédération de Russie.
Désormais, la présence russe en Ukraine a changé la donne, transformée les vieux ennemis politiques d’hier en alliés du gouvernement et en fervents patriotes. Kalachnikov à la main, Petro Poroshenko a rejoint les rangs d’une unité de défense territoriale et multiplie les duplex avec les chaînes de télévision étrangères pour sensibiliser l’opinion internationale à la cause du peuple ukrainien. Sur CNN le 25 février, l’ex-président affirmait vouloir se battre « pour toujours » face à « l’agression russe. »
Si la majorité des magnats participent à cet effort de guerre depuis le 24 février, Viktor Medvetchouk a lui, tenté de filer à l’anglaise. Douzième fortune du pays, Viktor Medvedtcouk est « un proche de Vladimir Poutine qui serait également selon ses dires le parrain de sa fille. » Son arrestation par les services de renseignement ukrainien a été savamment mise en scène par Kiev. Pour Paul Cruz, cette arrestation est une « exception » parmi les oligarques ukrainiens. « Ils sont dans leur grande majorité en ordre de bataille face à Moscou, le système oligarchique ukrainien est résistant et a survécu à toutes les alternances politiques, aux bouleversements de la révolution de Maïdan, l’annexion de la Crimée et à la crise du Donbass », précise Paul Cruz.
Une « désoligarchisation » voulue par Zelensky, stoppée par la guerre
Il fut un temps où le président Volodymyr Zelenski avait tenté de « désoligarchiser le pays. » Candidat antisystème à l’élection présidentielle de 2019, l’ex-comédien promettait sous couvert de lutter contre la corruption, de réduire la mainmise des milliardaires et de mettre fin aux jeux d’influence traditionnels. Pour Paul Cruz, « la politique est le terrain où se matérialisent concrètement les rivalités entre oligarques même si depuis 2014, cet affrontement s’effectue par des intermédiaires. »
Zelensky lui-même a bénéficié du soutien de Ihor Kolomoïsky, « un magnat rentré en guerre ouverte avec le Président Porochenko. Exilé en Suisse pendant des années, il avait comme seul objectif de lui faire perdre sa réélection et a ouvert à Zelensky son carnet d’adresses, lui a fourni une couverture médiatique favorable de la part de ses médias et fourni un appui juridique. »
Une fois arrivé au pouvoir, le président ukrainien a tenté de se libérer de cette tutelle, tout d’abord en limogeant son directeur de cabinet, un avocat de Kolomoïsky. L’adoption de la loi « anti-Kolomoïsky » inscrit dans le marbre la fin de l’idylle et de cette proximité devenue embarrassante. Ce texte vise à bloquer la restitution de la première banque du pays, Privatbank nationalisée en catastrophe en 2016, ancienne propriété du milliardaire. Dernière étape de ce processus, l’adoption en septembre 2021 par la Rada, le parlement d’une loi « anti-oligarque » dont l’objectif est multiple : limiter le financement des partis politiques par les grandes fortunes et instaurer un registre d’oligarques obligés de dévoiler leurs biens au public. « L’arrivée de la guerre fin février, a mis un coup de frein à cette dynamique politique. »