Face au chaos en Afghanistan, la France doit-elle revoir son repli au Sahel ?
En juin dernier, Emmanuel Macron annonçait la fin de l’opération Barkhane. Comment préparer l’après ? Face aux conditions chaotiques du départ américain en Afghanistan, plusieurs sénateurs de la commission des affaires étrangères s’interrogent.

Face au chaos en Afghanistan, la France doit-elle revoir son repli au Sahel ?

En juin dernier, Emmanuel Macron annonçait la fin de l’opération Barkhane. Comment préparer l’après ? Face aux conditions chaotiques du départ américain en Afghanistan, plusieurs sénateurs de la commission des affaires étrangères s’interrogent.
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Par Samia Dechir

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Bamako pourrait-elle connaître le même sort que Kaboul ? La question est très sérieusement posée par le Sénateur Gilbert Roger. Mercredi 25 août, l’élu socialiste de Seine-Saint-Denis a interpellé Florence Parly. « La France doit-elle revoir sa stratégie au Mali ? » Une question jugée « pertinente » par la Ministre des Armées lors d’une réunion à huis clos avec les commissions des Affaires étrangères du Sénat et de l’Assemblée Nationale.

« Il faut s’interroger sur l’après »

Lancée en 2014, l’opération anti-djhadiste Barkhane, déployée dans cinq pays du Sahel, compte 5 000 soldats Français. Au mois de juin dernier, Emmanuel Macron a officiellement annoncé la fin de cette opération. La France ne se désengage pas pour autant.

Mais les effectifs vont être réduits de moitié d’ici 2022, et Barkhane laissera place à un dispositif centré sur la lutte anti-terroriste dans le cadre d’une alliance internationale. A la lumière des derniers évènements afghans, ce choix inquiète Gilbert Roger. « Est-ce qu’il faut qu’on soit attentifs pour ne pas se retrouver un jour dans la même situation ? On s’interroge sur les suites qu’on va donner au Mali. C’est une affaire très complexe quand on voit la faiblesse du gouvernement. Il faut s’interroger sur l’après, comment on va sortir du pays ? ».

Un départ de Barkhane trop précipité ?

Des interrogations partagées au sein de la commission des Affaires étrangères du Sénat bien avant le départ américain d’Afghanistan, rappelle Guillaume Gontard. « Ce qui interroge, c’est la question de l’anticipation en Afghanistan. Ces questions-là se posent aussi au Mali s’il y a une réduction des forces en présence » prévient le président du groupe écologiste au Sénat. « Il faut un rééquilibrage entre la force militaire et l’aide au développement. Le lien avec les populations est important, on l’a vu avec les talibans » insiste d’élu isérois.

« Ce qu’il faut avant tout c’est gagner la paix, parce que la guerre on ne la gagnera jamais là-bas » approuve Cédric Perrin. Le Sénateur de Belfort juge la fin de l’opération Barkhane trop hâtive. « Je dis depuis le départ que c’est une erreur de croire qu’on peut partir comme ça de manière précipitée, sans avoir prévu la suite. J’aimerais surtout qu’on ne prenne pas ce genre de décisions pour des raisons électoralistes, et je pense qu’il y a des vues électoralistes dans la décision de Macron » dénonce Cédric Perrin.

Faut-il un débat au parlement ?

Gilbert Roger appelle à l’organisation d’un débat au Parlement sur la stratégie Française au Sahel. Un débat nécessaire, mais pas dans l’immédiat, estime Christian Cambon. Le Président de la commission des Affaires étrangères du Sénat lance une mise en garde, à « ne pas se laisser gagner par l’émotion. Voir des bébés projetés sur des barbelés, bien sûr que ça alerte, mais il faut prendre le temps de ce débat, il ne faut pas se précipiter. Il y aura des enseignements à tirer beaucoup plus profonds, plus intenses, sur la viabilité d’une idée qui consiste à vouloir, comme l’ont voulu les Américains, transposer nos valeurs et grilles de lectures à des pays qui ne sont pas préparés, qui n’ont ni cette histoire ni, cette tradition ».

Christian Cambon appelle aussi à la prudence dans la comparaison entre le Sahel et l’Afghanistan. « La présence de la France au Mali n’est pas du tout de même nature que celle des Américains en Afghanistan. Les Américains y allaient pour stopper un risque d’attentat sur leur sol. Nous, on est allés au Mali sur demande d’un gouvernement légitime ».

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