« Pourquoi on a tué ma gauche ? ». C’est la question que pose Stéphane Le Foll, le maire socialiste du Mans, dans une tribune publiée par L’Obs vendredi 4 novembre. Cet ancien fidèle de François Hollande y tacle – encore et toujours - Olivier Faure, l’actuel Premier secrétaire du Parti socialiste, et l’alliance avec la France insoumise. Surtout, il appelle au lancement d’un nouveau mouvement politique pour refonder la social-démocratie, et occuper un espace politique situé entre la gauche radicale et le macronisme. « En France, la social-démocratie n’existe plus, elle est à réinventer totalement, mais ce débat n’aura pas lieu au Parti socialiste aujourd’hui, puisque ce parti est dans l’incapacité de se rénover », a-t-il estimé ce mercredi, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.
Pour cet ancien ministre de l’Agriculture, l’impossibilité pour François Hollande de se représenter à la présidence de la République a marqué le début de la « déliquescence du socialisme français, qui a conduit un certain nombre d’élus à considérer que la page à tourner était celle du quinquennat et qui, au lieu de se repenser, ont été chercher des solutions chez d’autres : les Verts au début, puis le choix de la Nupes. » « On s’est rangé derrière Jean-Luc Mélenchon. Il est politiquement, celui qui mène le débat à gauche », relève encore Stéphane Le Foll.
« Le PS, en tant que valeur et pensée politique, est un astre mort. Olivier Faure n’est que l’élément qui fédère tous ceux qui pensent que c’est la bonne ligne, et qui, pour des intérêts locaux, pensent que l’alliance à gauche va leur permettre de résister. »
Un congrès qui devrait confirmer l’hégémonie de la ligne d’Olivier Faure
Alors que le Parti socialiste se réunira en congrès à la fin du mois de janvier, trois courants semblent se dessiner à l’approche de cette grande messe politique. Celui d’Olivier Faure ; celui d’Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, opposante historique à la ligne de l’actuel Premier secrétaire ; et enfin une troisième voie, incarnée par la tribune « Refondations », que 150 cadres ont signé dans Le Journal du Dimanche début octobre. La présidente PS d’Occitanie, Carole Delga, critique vis-à-vis de la Nupes, pourrait en devenir la porte-voix.
Toujours au micro de Public Sénat, Stéphane Le Foll assure qu’il prendra position. « Sur Carole Delga, j’attends qu’elle donne son choix, je n’ai pas l’impression qu’elle l’ait fait, même si pendant les législatives elle a été claire et a choisi de ne pas être dans la Nupes », rappelle-t-il. « Je ne peux pas faire non plus comme si la ligne d’Hélène Geoffroy n’existait pas », ajoute l’édile, sans véritable illusion toutefois quant à l’issue de ce congrès : « Il devrait accorder une confirmation à Olivier Faure. »
« Entre une écologie radicalisée avec Sandrine Rousseau et une écologie réformiste, il y a un espace politique qui n’est pas occupé »
Raison pour laquelle Stéphane Le Foll souhaite désormais travailler à la fondation d’un mouvement capable de fédérer une gauche plus modérée – sans dire, toutefois, s’il quittera le PS. « Bernard Cazeneuve a proposé un manifeste avec plus de 5 000 signatures. Je l’ai signé. C’est un point d’appui. Bien sûr, c’est avec lui qu’il faut travailler. Je verrai ce qu’il souhaite faire », explique notre invité. « Entre une écologie radicalisée avec Sandrine Rousseau et une écologie réformiste qui combine économie et social, il y a un espace politique qui n’est pas occupé », plaide-t-il. « Que pense le PS sur les questions de croissance, de décroissance, de sobriété, d’investissement, d’éco-keynésianisme ? Rien ! »
Si cette initiative aboutit, les élections européennes de 2024 pourraient servir de galop d’essai, avec la présentation d’une liste autonome, dans l’hypothèse où les socialistes viendraient à renouveler leur alliance électorale avec la gauche de Jean-Luc Mélenchon. « Face aux grands défis posés au monde aujourd’hui, être dans une logique de désobéissance à l’échelle européenne est pour moi un désaccord total », conclut Stéphane Le Foll.