Face aux « gros temps », Elisabeth Borne appelle les parlementaires Renaissance à éviter « la cacophonie »

Face aux « gros temps », Elisabeth Borne appelle les parlementaires Renaissance à éviter « la cacophonie »

« Le Parlement […] est une grande part de la solution au nœud politique », a soutenu la première ministre en clôture des journées parlementaires Renaissance. Elle a rappelé la nécessité de « trouver une voie », par le compromis avec les oppositions, « alors que la mer n’a sans doute jamais été aussi forte ».
François Vignal

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Un propos concis, pour donner le « la » de la rentrée parlementaire dans ce contexte de majorité relative à l’Assemblée nationale. La première ministre Elisabeth Borne est venue ce jeudi conclure les journées parlementaires des députés et sénateurs Renaissance (ex-LREM), à Louan-Villegruis-Fontaine, en Seine-et-Marne.

Alors que la majorité est obligée, sur chaque texte, de trouver les voix qui lui manquent, faute de majorité absolue depuis les législatives, Elisabeth Borne a appelé les députés à « sortir des cadres, des réponses toutes faites ». « Cette responsabilité ne reposera pas seulement sur le gouvernement. Je crois que le Parlement a retrouvé une place que les citoyens lui ont redonné », soutient la première ministre. Un rôle « plus équilibré ». « Je pense que le Parlement, les groupes de la majorité et vous, vous êtes une grande part de la solution au nœud politique dans lequel nous nous trouvons », insiste la locataire de Matignon.

« L’ordre, ce n’est pas le caporalisme, c’est faire que la polyphonie d’une majorité ne devienne jamais de la cacophonie »

Il n’y a surtout pas le choix. Sans compromis, que vante sur tous les tons la majorité depuis les législatives, aucun texte ne peut être adopté, sauf à utiliser le 49.3. Mais ce passage en force constitutionnel se limite à un texte par session parlementaire, ainsi que sur le budget et le budget de la Sécu. On voit mal d’ailleurs comment le gouvernement fera autrement sur le projet de loi de finances, alors que les oppositions ont déjà prévenu qu’elles ne voteraient pas le budget, synonyme d’appartenance à la majorité.

Pour tenter de trouver les voies de passage, qui sont étroites, Elisabeth Borne insiste sur l’importance de « l’ordre » – « l’ordre, ce n’est pas le caporalisme, c’est faire que la polyphonie d’une majorité ne devienne jamais de la cacophonie ». Importance aussi d’un « dialogue inédit entre parlementaires et gouvernement », de « l’envie de bâtir des compromis » et « l’envie d’avancer ». Dans ces conditions, il sera possible de « trouver une voie alors que la mer n’a sans doute jamais été aussi forte ».

« Vaines querelles de chapelles »

Quelques minutes avant, le patron des sénateurs macroniste, François Patriat, rappelait à qui veut l’entendre que « tous les partis de gouvernement se sont effondrés, non pas parce qu’ils ne travaillaient pas, […] mais parce qu’ils se sont divisés ». C’est pourquoi le président du groupe RDPI appelle à « rester unis, au-delà des vaines querelles de chapelles ». La veille, en ouverture des journées parlementaires, François Patriat jouait les devins : « Nous avons vécu le passé simple. Nous allons connaître le futur difficile », a lancé le sénateur de la Côte-d’Or.

Dans ce contexte où les députés LR permettront souvent de faire adopter des lois, le Sénat, à majorité de droite, voit son rôle renforcé. « Nous avons maintenant des rôles partagés », souligne François Patriat aux députés de son camp, « nous devrons nous voir plus souvent pour avancer dans cette configuration ».

« Le compromis n’est pas la compromission »

Pour les députés Renaissance, trouver leur place dans l’équation ne sera pas simple. Au risque parfois de voir se lancer des initiatives – propositions de loi, amendements – que ne partage pas le gouvernement. On l’a vu cet été. La présidente du groupe, Aurore Bergé, le sait bien et doit laisser une certaine marge de manœuvre à ses députés. Sur les superprofits, si les entreprises ne redistribuent pas d’elles-mêmes « la valeur créée », « nous n’aurons au sein du groupe aucun tabou en la matière, pour garantir cette redistribution », prévient Aurore Bergé.

Il faudra savoir sortir de ses certitudes, discuter avec les autres bancs. Mais la députée des Yvelines met en garde : « Le compromis n’est pas la compromission. Ni extrême droite, ni extrême gauche, on ne reprend pas les mots de nos adversaires, on ne s’assoit pas à leur table, on les combat », lance la présidente du groupe Renaissance. Une allusion, et une belle pique, contre les ministres Clément Beaune, Olivia Grégoire et Marlène Schiappa, qui étaient présents à l’université d’été de LFI… Un recadrage qui risque de paraître contraire au message d’unité.

Les Français « savent que des mesures radicales devront être prises » pour l’écologie

Dans son discours, la première ministre rappelle plutôt les grands axes du gouvernement, à commencer par « la planification écologique ». « Etre la première grande nation à sortir des énergies fossiles, c’est une question de survie et pas d’affichage », soutient Elisabeth Borne. Les Français « savent que des mesures radicales devront être prises. Notre responsabilité, c’est d’être juste, exemplaire et transparent. Chacun de ces mots en soi est un défi », prévient-elle. « Sortir des énergies fossiles exigera une transformation radicale », avait déjà affirmé début juin dans Le Point Elisabeth Borne.

Au chapitre des priorités, la première ministre cite encore le plein-emploi, « une bataille pour le progrès social », les « retraites », qui semblent pourtant plus ou moins enterrées pour l’heure, ou le lancement du Conseil national de la résistance, ce jeudi, par Emmanuel Macron, qui fait pour l’heure un flop au sein de l’opposition. Elisabeth Borne pointe la « volonté systématique de blocage » des oppositions, « affirmé sans nuance ». Les mêmes oppositions avec qui il faudra bien, pourtant, trouver des compromis. « Ne nous mentons pas. Nous avançons vers des semaines de gros temps, mais nous avons aussi une opportunité rare de transformer le cours des choses » croit Elisabeth Borne. Mais difficile de mener la barre quand l’équipage doit être complété en permanence à chaque port. Certains députés nouvellement élus vont peut-être se demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère.

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