Faire battre le FN, « l’ultime devoir » de Hollande et Cazeneuve
Entre mises en garde contre le "populisme" et déplacements en terres frontistes, François Hollande et Bernard Cazeneuve ont engagé leur dernière...
Par Hervé ASQUIN, Marc PRÉEL
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Entre mises en garde contre le "populisme" et déplacements en terres frontistes, François Hollande et Bernard Cazeneuve ont engagé leur dernière bataille: oeuvrer à la défaite du Front national à la présidentielle, même si les deux têtes de l'exécutif peinent à exister.
"Tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue" par le projet de Marine Le Pen, "ni porter une si lourde responsabilité" que d'être le prédécesseur de la candidate frontiste est "mon ultime devoir", explique le chef de l’État dans une longue interview à plusieurs journaux européens lundi, où il juge que la "menace" d'une victoire FN "existe".
François Hollande met en garde contre le programme du FN qui, sitôt à l’Élysée, s'évertuerait à "quitter l’Europe, se fermer au monde et imaginer un avenir entouré de barrières de toutes sortes et de frontières défendues par des miradors", allusion à Donald Trump dont il ne cesse de dénoncer le populisme et l'isolationnisme.
Pour un proche du chef de l’État, "il se sentirait responsable si un parti d'extrême droite lui succédait. C'est pour ça qu'il se bat. Il y a une révolte en lui parce qu'il pense que plus que jamais, l'heure est grave et qu'on ne peut pas faire l'autruche".
Le président François Hollande (g) et le premier ministre Bernard Cazeneuve à l'Élysée, le 1er février 2017, après le conseil des ministres
AFP
François Hollande et Bernard Cazeneuve sont-ils encore utiles à la cause? Même si certains prêtent au premier des ambitions européennes et au second, pas candidat à sa réélection aux législatives, des visées sénatoriales dans la Manche, l'un comme l'autre jouent leurs dernières cartes.
En cette fin de quinquennat inédite où le président de la République a renoncé à se représenter après un seul mandat et où le Premier ministre est condamné au bail le plus court de la Ve République, le Front national joue lui sur du velours.
"Que le président de la République, après le bilan épouvantable qui fut le sien- il n'a même pas pu se représenter tellement il a honte - se taise, ait un peu l'humilité de se taire", a lancé le numéro 2 du parti, Florian Philippot.
- Sur les terres frontistes -
Depuis le début de l'année, les agendas des deux têtes de l'exécutif ressemblent à un tour de France des terres frontistes, même si leurs nombreux déplacements sont désertés par les journalistes, trop occupés par la campagne présidentielle.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve le 6 mars 2017 à Batilly dans une usine Renault
AFP
François Hollande s'est récemment rendu à Dreux et à Chartres en Eure-et-Loir, à Épinal ou à Charleville-Mézières dans l'Est, et il sera encore dans la Marne mardi et dans le Var la semaine prochaine, des régions fortement travaillées par le FN.
Objectif, selon l’Élysée: "mettre en garde ceux qui seraient tentés par un vote en faveur du FN, par exemple les agriculteurs qui ne bénéficieraient plus des aides de la PAC, les classes populaires ou les classes moyennes qui verraient leur pouvoir d'achat régresser si nous sortions de la zone euro ou encore les ouvriers dont les emplois seraient menacés si nos frontières étaient fermées".
Bernard Cazeneuve multiplie lui aussi les initiatives contre le FN, avertissant des "dégâts irréparables" d'une victoire de Marine Le Pen ou fustigeant une candidate qui cherche à se placer au-dessus des lois de la République" lorsque elle refuse d'être entendue par les enquêteurs dans l'affaire des assistants d'eurodéputés.
Marine Le Pen (d), la présidente du FN et candidate du Front National à l'élection présidentielle, à Paris le 2 mars 2017 après un discours
AFP
Lundi en Lorraine, le Premier ministre s'en est pris aux "mensonges dissimulés" derrière les "messages simplistes" du Front national, lors d'une visite dans une usine Renault où il s'est notamment attaqué au protectionnisme prôné par Marine Le Pen.
"Si demain il n'y a plus d'Europe, si demain il y a de nouveau des frontières qui s'érigent, si demain le protectionnisme est partout, où exportera-t-on ce que vous fabriquez ici?", a-t-il lancé.
Mardi, le chef du gouvernement se rendra à Oignies dans l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen avait fait plus de 48% au premier tour des régionales de 2015; et jeudi, il sera à Bordeaux devant la promotion de l’École nationale de la magistrature, dont la suppression figure au programme du FN à la présidentielle.
Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.
Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.
La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.
Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.