La réforme des retraites au cœur du dénouement de la crise politique. Après la nomination de son nouveau gouvernement dimanche, le Premier ministre Sébastien Lecornu doit prononcer sa déclaration de politique générale ce mardi 14 octobre à l’Assemblée nationale. Un discours très attendu par le Parti socialiste, qui menace de censurer le nouveau locataire de Matignon s’il n’accepte pas ses conditions, dont la suspension de la réforme Borne 2023. Cette loi a fait reculer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
Une suspension « absolument nécessaire »
Pour le moment, Sébastien Lecornu n’a pas laissé entendre qu’il accepterait de mettre en pause la loi-phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Faudrait-il malgré tout qu’il envisage cette option ? « Hélas, oui », répond Bernard Guetta, eurodéputé Renew et soutien du camp présidentiel. « Repousser cette réforme, ce n’est certainement pas une bonne chose, [mais] c’est absolument nécessaire pour la stabilité politique du pays », justifie l’ex-journaliste, invité de la matinale de Public Sénat ce lundi.
D’après lui, les conséquences économiques en cas de nouvelle chute du gouvernement doivent être prises en compte pour acter cette décision. « La stabilité politique du pays assure une relative stabilité financière », assure Bernard Guetta. « Alors que l’instabilité politique, ça coûte très cher – beaucoup plus que de suspendre la réforme des retraites. » Toutefois, afin de trouver un compromis, le député européen « demande parallèlement aux socialistes de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin dans leurs exigences ».
« Un rassemblement des modérés » espéré par Bernard Guetta
Sur un plan plus stratégique, Bernard Guetta ne verrait pas non plus d’un mauvais œil un rapprochement entre le bloc central et le PS. « On a besoin d’un rassemblement des modérés », exhorte-t-il, anticipant la perspective de l’élection présidentielle de 2027. « Et les modérés aujourd’hui, sur l’échiquier politique français, ce sont les socialistes et le centre auquel j’appartiens. »
Le réchauffement des relations entre le PS et le bloc central demeure néanmoins très hypothétique. Dimanche soir, le porte-parole du parti Pierre Jouvet a réagi à l’annonce de la composition du nouveau gouvernement, estimant « qu’il n’y avait pas de très bons signes » donnés à son camp. « C’est la continuation du macronisme », a-t-il cinglé, en direct sur BFMTV. Le responsable a une nouvelle fois répété que sans suspension de la réforme des retraites, les députés socialistes censureraient « dans la foulée » l’équipe de Sébastien Lecornu.