Fekl dépose plainte pour diffamation après des propos de Philippot (FN) visant la police
L'escalade verbale de responsables du Front national à l'encontre des policiers anticorruption, qui enquêtent notamment sur les...

Fekl dépose plainte pour diffamation après des propos de Philippot (FN) visant la police

L'escalade verbale de responsables du Front national à l'encontre des policiers anticorruption, qui enquêtent notamment sur les...
Public Sénat

Par Gregory DANEL

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4 min

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L'escalade verbale de responsables du Front national à l'encontre des policiers anticorruption, qui enquêtent notamment sur les soupçons d'emplois fictifs du parti au Parlement européen, vient de prendre un tournant judiciaire avec le dépôt d'une plainte en diffamation du ministre de l'Intérieur.

Matthias Fekl a porté plainte mardi contre Florian Philippot, cinq jours après de nouvelles déclarations polémiques du vice-président du FN. Sur le plateau de BFMTV, ce dernier avait assimilé jeudi les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) à une "police politique".

"Quand vous avez une police politique... les pauvres... je vous assure, ils étaient là, ils ne savaient pas ce qu'ils devaient faire, ils ne savaient pas où ils devaient aller. Ils ont pris des dossiers qui n'avaient rien à voir, ils ont pris des dossiers liés à l'élection présidentielle d'une candidate d'opposition (...) On envoie la police de l’État pour chercher des dossiers liés à la présidentielle. Il faut que les gens voient ça", avait déclaré M. Philippot en commentant les perquisitions dont a fait l'objet le 17 février le siège du Front national.

Au sujet de fuites dans les médias concernant cette procédure, il avait ajouté: "un enquêteur de perquisition a donné au Monde, peut-être contre de l'argent d'ailleurs, il y a peut-être un système de corruption d'ailleurs derrière tout ça (...) donc a violé le secret de l'instruction".

Des accusations reprises le lendemain par David Rachline, directeur de campagne de la candidate d'extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen: "On se demande d'ailleurs s'il n'y a pas des rémunérations contre ces documents qui sont données, s'il n'y a pas un système un petit peu organisé", avait-il dit sur BFMTV-RMC.

- "faire mumuse" -

Selon le ministère de l'Intérieur, les propos du N.2 du FN portent atteinte à "l'honneur" des enquêteurs chargés de la perquisition et "laissent entendre que la police serait à la solde du pouvoir politique".

"Le ministre de l'Intérieur ferait mieux de s'occuper de la sécurité des Français et du terrorisme plutôt que de faire mumuse", a répondu dans un tweet Florian Philippot.

Le secrétaire général du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT), Jean-Marc Bailleul, s'est a contrario réjoui de la décision de la place Beauvau: "il fallait marquer le coup car à un moment ça suffit".

Selon lui, les attaques frontistes s'inscrivent "dans une espèce d'habitude des politiques qui est de soutenir les forces de l'ordre sauf quand elles s'intéressent à eux".

La plupart des syndicats policiers sont montés au créneau ces dernières semaines pour défendre la police et plus spécifiquement les enquêteurs anticorruption, en première ligne sur les affaires politico-judiciaires et qui font l'objet de critiques sans précédent.

Ils sont accusés d'être la cheville ouvrière de "cabales d'Etat" ou d'un "cabinet noir", selon l'expression polémique employée par le candidat de la droite à la présidentielle François Fillon après sa mise en examen dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope.

Lors d'un meeting à Nantes, Marine Le Pen avait également tenu des propos controversés à l'égard de ces policiers: "dans quelques semaines, ce pouvoir politique qui n'a plus rien à perdre ou de comptes à rendre aura été balayé par l'élection", et "ces fonctionnaires devront assumer le poids de ces méthodes illégales".

Dans un courrier inédit envoyé le 13 mars au patron de la police, les fonctionnaires de l'Oclciff se sont émus, en plus du manque de moyens, "des menaces de représailles à peine voilées proférées par des candidats à la magistrature suprême".

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