Fermeture des vols intérieurs : « Si Aurillac est sur la liste, le Cantal est mort »

Fermeture des vols intérieurs : « Si Aurillac est sur la liste, le Cantal est mort »

Air France KLM va réduire de 40 % ses vols nationaux d’ici à 2021. Les sénateurs dont les territoires sont concernés par ces fermetures de ligne craignent l’enclavement de leur région mais aussi les conséquences économiques. 
Public Sénat

Par Cécile Sixou

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« Ça m’énerve ! On ne peut pas décider comme ça de supprimer des liaisons aériennes, il faut en discuter avec les élus ». Le sénateur socialiste de Loire-Atlantique Yannick Vaugrenard est en colère. Le vol Paris Nantes figure sur la liste des liaisons que compte supprimer Air France à partir de 2021. À cette date, 40 % des vols intérieurs assurés par sa filiale Hop devraient être cloués au sol. La compagnie prévoit « de fermer des destinations, lorsqu’il y a une alternative ferroviaire à moins de 2h30 », a expliqué Benjamin Smith le PDG de la compagnie Air France-KLM lors de l’assemblée générale mardi. Nantes serait donc touché mais aussi Lyon et Bordeaux. 

Pour la sénatrice RDSE de la Gironde Nathalie Delattre, si la ligne LGV est une satisfaction, l’arrêt des liaisons aériennes pourrait être un danger. « Qui peut aujourd’hui garantir que la SNCF en situation monopolistique n’agisse pas en tant que tel sur les tarifs appliqués aux usagers, et ce dans un contexte où la situation financière de la société sera elle aussi dégradée ». Le prix des billets de train pourrait s’envoler selon la sénatrice mais il y a un autre risque pour elle : l’altération des services publics. « Qui peut assurer que le service public survivra quand le personnel de la SNCF choisira la voie de la grève et que les gilets jaunes bloqueront le pays » s’interroge-t-elle. 

Le sénateur Yannick Vaugrenard estime lui, que ce sont les usagers nantais qui vont en pâtir, « pour beaucoup de liaisons internationales, il faut passer par Paris, donc pour un Nantais il est plus simple de prendre l’avion car en train, le transfert à l’aéroport à Paris peut prendre une heure ». 

« Si Aurillac est sur la liste, le Cantal est mort » 

L’autre grand perdant de ces réductions sera les lignes aériennes non rentables, comme des liaisons transversales entre grandes villes mais aussi des lignes peu utilisées qui relient Paris à la province. Pour la sénatrice RDSE de Haute-Garonne, Françoise Laborde « Si Aurillac est sur la liste on peut dire que le Cantal est mort ». Même constat pour Bernard Delcros, le sénateur centriste du département qui craint un isolement de son territoire. « Dans le Cantal on n’a pas d’autres moyens de relier la capitale, nous, pour nous rendre à Paris c’est 7h de train ». Cela pourrait avoir des conséquences économiques graves pour le département selon le sénateur « nos chefs d’entreprises qui sont en lien avec Paris ne peuvent pas rester coupés du monde, ça va fragiliser le tissu économique local ».

« Un réel abandon » de certaines régions pour la sénatrice Françoise Laborde qui risque de «  poser un problème d’aménagement du territoire » selon le sénateur Yannick Vaugrenard qui déplore « une décision prise en 2 heures pour répondre à la crise du covid ». 

« On donne des milliards pour que des gens se retrouvent au chômage »

Cette décision prise par Air France répond à une demande de l’État. Une sorte de donnant-donnant ou le gouvernement propose un soutien financier de 7 milliards d’euros contre une amélioration de sa rentabilité et de son impact environnemental. Air France qui estime ses pertes liées au coronavirus à 1,8 milliard d’euros, avait déjà perdu 200 millions d’euros en 2019 sur la branche de ses liaisons intérieures. Réduire de 40 % les vols Hop !, lui permettrait de mener la « transformation accélérée » qui lui est demandée par le gouvernement. 

« On va donner des milliards pour que des lignes ferment et que des gens se retrouvent au chômage » déplore la sénatrice Françoise Laborde. Car si la compagnie baisse son activité de 40 %, cela implique une baisse de 40 % du personnel soit 1200 personnes. Tout a été décidé trop vite selon le sénateur Yannick Vaugrenard : « Il faut discuter des avantages écologiques mais aussi des inconvénients économiques ». 

Et d’après Nathalie Delattre, les conséquences économiques pourraient être bien plus importantes dans sa région : « Il y a un risque d’effondrement économique sur notre fleuron industriel aéronautique bordelais ». Le pôle aéronautique et spatial de Gironde qui emploie 35 000 personnes, s’est installé à Mérignac où se situe l’aéroport car « de nombreux ingénieurs et employés doivent rejoindre des sites industriels d’Ile de France ou européens dans des temps records , sans transiter par le centre de bordeaux ou de Paris », estime la sénatrice. Ces entreprises qui envisagent de créer 10 000 nouveaux emplois dans la région dans les 10 prochaines années, pourraient revoir leur stratégie selon Nathalie Delattre. « L’avenir de toute la région en dépend » selon elle. 

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