Ferrand : le gouvernement veut laisser les électeurs juges, le parquet de Brest n’ouvrira pas d’enquête
Edouard Philippe a renouvelé vendredi sa "confiance" à Richard Ferrand après les révélations sur une affaire immobilière impliquant sa compagne,...
Par Marie DHUMIERES
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Edouard Philippe a renouvelé vendredi sa "confiance" à Richard Ferrand après les révélations sur une affaire immobilière impliquant sa compagne, quelques heures avant que le parquet de Brest n'annonce qu'il n'ouvrirait pas d'enquête.
Alors même que son gouvernement planche sur son premier texte de loi, consacré à la moralisation de la vie publique, le Premier ministre l'a assuré dans la matinée: "Richard Ferrand a ma confiance".
Le Premier ministre Édouard Philippe, à Paris, le 26 mai 2017
AFP
Dans l'après-midi, le parquet de Brest a fait savoir, au terme d'"une analyse juridique", qu'il n'ouvrirait pas d'enquête. "En l'état, aucun des faits relatés n'est susceptible de relever d'une ou plusieurs qualifications pénales permettant d'ouvrir une enquête préliminaire", a indiqué le procureur Eric Mathais dans un communiqué.
Selon M. Philippe (LR), les électeurs de la circonscription de Carhaix-Plouguer "pourront dans deux semaines dire si, comme moi, ils ont confiance en Richard Ferrand". "Ce sera le juge de paix, celui que personne ne peut dépasser en démocratie", a-t-il fait valoir.
Le vice-président du Front nationale Florian Philippot à Paris, le 9 mai 2017
AFP
Pour Florian Philippot, vice-président du Front national, "la démission du ministre" de la Cohésion des territoires s'impose même s'il n'a rien commis d'illégal. Mais lui-même s'en remet aussi au "pouvoir souverain" des électeurs".
Selon le Canard enchaîné, les Mutuelles de Bretagne dont Richard Ferrand était le directeur général avaient souhaité en 2011 louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins. L'entreprise avait choisi, entre trois propositions, celle d'une société immobilière appartenant à la compagne du ministre.
Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, à Paris le 9 mai 2017
AFP
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui avait demandé "solennellement" à l'exécutif de s'exprimer, a dénoncé un "aspect d'enrichissement personnel" dans ce qui est "en train de devenir l'affaire principale de cette élection", comme l'affaire Fillon pendant la campagne présidentielle.
Le député, qui brigue un sixième mandat, a prédit sur BFMTV son déroulement: "Acte 1 : un journal satirique ou autre révèle une affaire. Acte 2 : l'homme politique dit +Il n'y a rien à voir, circulez+ Acte 3 : il y a l'explication la semaine suivante de cette affaire. Acte 4 : il démissionne".
- Pas "une affaire", mais un "débat" -
Mais le Premier ministre a tenté de minimiser la polémique, y voyant un "débat", pas "une affaire".
"Il n'y a aucune procédure juridictionnelle en cours, il n'y a donc pas une affaire, il y a un débat. Ce débat, il est politique, et il sera tranché par ceux qui sont les plus à même et les mieux à même de trancher les débats politiques, qui sont les électeurs et les citoyens français", a déclaré M. Philippe.
Président de l'UDI et candidat aux législatives, Jean-Christophe Lagarde, s'est lui "étonné" sur RTL qu'aucune enquête n'ait été ouverte par le parquet (...) Moi, à sa place, je demanderais au parquet d'enquêter pour démontrer son innocence".
Une source proche du dossier avait fait savoir mercredi que le parquet national financier (PNF) n'est pas compétent "à ce stade" pour ouvrir une enquête, alors que le parti Les Républicains avait auparavant annoncé son intention de le saisir.
Pour M. Lagarde, "la situation dans laquelle (M. Ferrand) se met lui-même en disant +j'exclus totalement de démissionner+ fait qu'on pourrait continuer à nourrir le soupçon". M. Ferrand a assuré jeudi que "pas une seconde" il n'a pensé à renoncer à son poste de ministre.
Chef de file des députés PS, Olivier Faure a demandé sur BFMTV-RMC des "règles claires" sur la moralisation de la vie publique, faute de quoi le gouvernement s'expose à un "nouveau feuilleton", "désastreux" pour sa crédibilité.
Le projet de loi de moralisation doit être présenté en Conseil des ministres le 7 juin par le ministre de la Justice François Bayrou, dont le silence sur cette affaire a été critiqué par certains responsables PS.
L'affaire "démontre encore plus clairement et encore plus fortement la nécessité d'avoir des règles d'une très grande clarté afin de pouvoir les respecter de façon extrêmement stricte", pour que les responsables publics ne se placent pas "dans des situations qui seraient légales mais contestées", selon M. Philippe.
Ce mardi, Thomas Ménagé, député RN du Loiret et porte-parole du Rassemblement national, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Il est revenu la proposition de loi visant à « restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents », ainsi que sur le détricotage du texte en commission au Sénat.
Auditionnés par la commission d’enquête sur les aides publiques aux entreprises, les dirigeants du groupe Renault se sont félicités du fonctionnement actuel des aides, nécessaires d’après eux pour réaliser la transition du secteur vers l’électrique et résister à une concurrence internationale sous perfusion.
Alors que le premier ministre a passé le cap des 100 jours, François Bayrou a fixé quatre priorités sur l’éducation, la santé, la simplification et les finances publiques, dans un courrier adressé aux présidents de groupes. Mais la plupart restent « sur leur faim » et attendent davantage.
Dans une circulaire adressée au parquet et chefs d’établissement pénitentiaire, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin demande une mobilisation accrue pour faciliter les mesures d’éloignement des étrangers incarcérés en France. Quels sont les différents dispositifs prévus par la loi et les conventions internationales ?