Ferrand, un fidèle de Macron, au coeur de la polémique depuis huit jours
C'est devenu "l'affaire Ferrand": ex-socialiste rallié de la première heure à Emmanuel Macron, le ministre de la Cohésion des...

Ferrand, un fidèle de Macron, au coeur de la polémique depuis huit jours

C'est devenu "l'affaire Ferrand": ex-socialiste rallié de la première heure à Emmanuel Macron, le ministre de la Cohésion des...
Public Sénat

Par Claude CASTERAN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C'est devenu "l'affaire Ferrand": ex-socialiste rallié de la première heure à Emmanuel Macron, le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, est au coeur depuis huit jours d'une polémique sur des soupçons de favoritisme.

- Révélations du Canard -

Le 24 mai, Le Canard Enchaîné met en cause le ministre pour des tractations immobilières impliquant sa compagne. Les faits remontent à 2011, avant qu'il n'entre à l'Assemblée nationale.

L'hebdomadaire satirique raconte comment les Mutuelles de Bretagne, dont M. Ferrand était alors le directeur général, avaient souhaité louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins. L'entreprise avait choisi, entre trois propositions, celle d'une société immobilière appartenant à la compagne du ministre. En plus de bénéficier d'une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184.000 euros, toujours selon Le Canard, la SCI a vu la valeur de ses parts "multipliée par 3.000" six ans plus tard.

"Les administratrices et les administrateurs du conseil d'administration, dont je ne suis pas, ont retenu la meilleure offre", rétorque M. Ferrand, qui ajoute: "C'est une sorte de cadeau de bienvenue pour ma nomination au gouvernement (ndlr: le 17 mai), où on essaie de faire d'un acte de gestion banal une pseudo-affaire".

Sur un autre volet dévoilé par Le Canard, l'embauche de son fils comme collaborateur parlementaire durant quelques mois, M. Ferrand déclare toutefois: "Si c'était à refaire, je ne le referais pas".

- Nouvelles accusations -

Le 24 mai, une source proche du dossier fait savoir que le parquet national financier (PNF) n'est pas compétent "à ce stade" pour ouvrir une enquête.

Le 26, le parquet de Brest annonce pour sa part qu'"en l'état, aucun des faits relatés n'est susceptible de relever d'une ou plusieurs qualifications pénales permettant d'ouvrir une enquête préliminaire".

Le Premier ministre Edouard Philippe affiche sa confiance envers Richard Ferrand et érige les électeurs de la circonscription de Carhaix-Plouguer, où M. Ferrand est candidat, en "juges de paix", tout ministre battu aux législatives devant démissionner, selon les règles fixées par Emmanuel Macron.

Le 29, les Mutuelles de Bretagne assurent que M. Ferrand a agi en "parfaite conformité avec les mandats tenus par le conseil d'administration".

Mais, le même jour, l'affaire est relancée avec la publication dans Le Parisien du témoignage d'un ancien bâtonnier de Brest, dénonçant la façon dont M. Ferrand a procédé à l'acquisition, via la société de sa compagne, de l'immeuble pour les Mutuelles de Bretagne, parlant d'"enfumage".

Le 30, le journal Le Monde accuse M. Ferrand de "mélange des genres" entre affaires privées et vie publique, assurant qu'il "a fait bénéficier de plusieurs contrats des proches, dont son ex-femme et sa compagne". Le ministre "réfute et condamne tous les soupçons" de cette enquête.

M. Philippe renouvelle sa "confiance" à M. Ferrand, pointant toutefois du doigt "l'exaspération des Français" devant certaines pratiques et rappelant que tout ministre mis en examen doit démissionner.

- Enquête préliminaire ouverte -

La droite et la gauche attaquent depuis plusieurs jours le ministre, de François Baroin (LR) à Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), en passant par Marine Le Pen (FN) ou Jean-Christophe Cambadélis (PS), lequel estime qu'il doit "évidemment" démissionner. Une large majorité de Français le pense aussi, selon un sondage Harris Interactive.

Le 31 mai, Richard Ferrand exclut une nouvelle fois de quitter le gouvernement, assurant être "un homme honnête" tandis que le président Macron appelle le gouvernement à la "solidarité" et estime que la presse ne doit "pas devenir juge".

Jeudi, le procureur de la République de Brest annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire, "après analyse des éléments complémentaires susceptibles de mettre en cause" le ministre.

De son côté, l'association anticorruption Anticor a adressé mercredi au parquet de Brest une plainte contre X dans cette affaire, sur le fondement du délit d'abus de confiance.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01066724_000014
8min

Politique

Référendum sur l’immigration : une pétition controversée relance le débat enterré au Sénat en 2023

Plus d’1,3 million de personnes auraient signé la pétition de Philippe De Villiers en faveur d’un référendum sur l’immigration, dont certains cadres LR, comme Laurent Wauquiez. L’idée d’élargir les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution aux questions migratoires avait été portée en 2023 par l’ancien président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau avant d’y renoncer faute de majorité.

Le

Ferrand, un fidèle de Macron, au coeur de la polémique depuis huit jours
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Ferrand, un fidèle de Macron, au coeur de la polémique depuis huit jours
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le