Fessenheim : une fermeture qui divise

Fessenheim : une fermeture qui divise

La fermeture annoncée de la plus vieille centrale nucléaire française divise. « Une erreur » pour Les Républicains, « une aberration » pour les communistes, « absurde » pour le FN.
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Arlésienne depuis l’élection de François Hollande en 2012, la fermeture de la plus vieille centrale nucléaire française commence à prendre forme. Le conseil d’administration d’EDF a validé, ce lundi, le protocole d’indemnisation due à la fermeture prochaine de la centrale de Fessenheim. L’Etat, actionnaire à 85% de l’électricien, devra verser à EDF à 490 millions d’ici 2021. Auxquels pourront s’ajouter des indemnités versées jusqu’en 2041, fixées sur différents paramètres, comme l’évolution du prix de l’électricité. Toutefois, le vote concernant l’abrogation d’autorisation d’exploitation a été reporté à plus tard. Une nouvelle réunion du conseil d’administration sera donc nécessaire pour que le gouvernement entérine par décret la fin de l’exploitation de Fessenheim. Comme définie dans l’engagement 41 du candidat Hollande, la fin de la mise en service de la plus vieille centrale française (1978) était accolée à la poursuite l’achèvement du chantier de Flamanville (EPR). Avec 6 ans retard et une facture de plus de 10 milliards d’euros, le réacteur dernière génération d’EDF devrait voir le jour dans la Manche à la fin de l’année 2018 comme l’affirmait devant les sénateurs le PDG du groupe Jean-Bernard Levy.

« De basses raisons politiciennes pour fermer Fessenheim »

Des élus Les Républicains voient dans la concrétisation tardive de cette promesse de campagne, l’application d’un ancien accord électoral passé entre le PS et EELV que rien ne justifie. « Une erreur, c'est un compromis politique avec les écologistes. On voit bien que M. Hollande veut faire semblant de respecter son projet de campagne de 2012 (...) Il n'y aucune raison aujourd'hui, technique si ce n'est des raisons politiciennes et de basses raisons politiciennes pour fermer Fessenheim » a déclaré le député  Eric Ciotti sur Public Sénat et Sud Radio.

Eric Ciotti : « La fermeture de Fessenheim est une erreur ».
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Même argument du côté du Front National, dans un communiqué la présidente du FN s’engage, en cas de victoire en mai prochain, à revenir sur cette fermeture jugée « absurde ».

« Un engagement (…) pris devant les Français et non devant les écologistes »

Un engagement (…) pris devant les Français et non devant les écologistes », répond la députée européenne EELV, Michèle Rivasi qui rappelle l’engagement numéro 41 du candidat Hollande. Pour l’ancienne candidate à la primaire EELV, la fermeture de Fessenheim conjuguée à la mise en service de Flamanville ne permettra pas de remplir l’un des objectifs de la loi transition énergétique : à savoir le passage de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique française à l’horizon 2025 et le plafonnement des capacités de production nucléaire à leur niveau actuel de 63,2 gigawatts (GW). « Il faudrait pour cela en fermer une vingtaine » calcule-t-elle. Dans un communiqué Jean-Bernard Levy estime quant à lui que cette décision engage la mise en conformité d’EDF « avec la loi ».

Les communistes et Mélenchon s'opposent sur Fessenheim

L’autre inquiétude chez les opposants à la fermeture concerne la destruction d’emplois. Les salariés de Fessenheim sont mobilisés depuis lundi devant le site. Les syndicats restent totalement opposés à la fermeture. « L'histoire n'est pas écrite et la FNME-CGT continuera avec les salariés à mettre tout en œuvre pour empêcher ce qui serait un gâchis historique », rapporte le syndicat à l’AFP. Le Parti communiste apporte son soutien aux salariés de Fessenheim dont la fermeture constitue une « véritable aberration sur le plan économique, social, industriel et environnemental ». Un point de discorde donc, entre le PC et Jean-Luc Mélenchon. Par un vote en novembre dernier, la majorité des militants communistes ont soutenu  le candidat de la « France Insoumise », qui, il y a peu, militait pour la fermeture de Fessenheim. « Il faut fermer Fessenheim car c’est la centrale la plus vieille de France et sans doute la plus dangereuse » écrivait-il sur son blog tout en proposant  aux salariés des conditions de formation nécessaires au démantèlement.

 La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal salue « une décision équilibrée ». « Elle va permettre le maintien de l’emploi puisque de toute façon, l’autorisation de fonctionner n’était valide que jusqu’au 31 décembre 2022 » argue-t-elle. Parmi les pistes de reconversion du site, la ministre a évoqué l'éventuelle installation d'une usine de voitures électriques Tesla, un projet d'usine de batteries de troisième génération ou encore la création d'un site pilote de démantèlement de centrales.

La fermeture programmée de Fessenheim risque bien de s’inviter un peu plus dans la campagne présidentielle. À l’instar de Marine Le Pen, François Fillon s’est également engagé à revenir sur cette décision en cas de victoire.

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