Fillon en campagne malgré le désarroi de ses troupes
François Fillon, sous le feu des révélations sur les emplois présumés fictifs de sa femme qui plongent la droite en plein désarroi, a poursuivi...
Par Nadège PULJAK
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François Fillon, sous le feu des révélations sur les emplois présumés fictifs de sa femme qui plongent la droite en plein désarroi, a poursuivi mercredi vaille que vaille sa contre-offensive, avec un déplacement à Juvisy, en banlieue parisienne.
L'ex-Premier ministre s'est rendu à Juvisy-sur-Orge pour une visite centrée sur la sécurité, l'occasion d'évoquer l'affaire Théo, ce jeune d'Aulnay-sous-Bois victime d'un viol présumé lors d'une arrestation.
Evoquant des "fautes" commises par les policiers mis en cause, qui "doivent être sanctionnées", M. Fillon a saisi l'occasion d'afficher son soutien aux forces de sécurité en général, "qui n'ont rien à voir là-dedans".
L'objectif du déplacement était de revenir sur les sujets régaliens et de tourner la page des affaires qui plombent depuis deux semaines le candidat de la droite à la présidentielle.
Des manifestantes anti-Fillon à Athis-Mons, en France, le 8 février 2017
AFP
Mais dans son camp, le désarroi domine toujours, même si publiquement, les ténors de la droite affichent résolution et optimisme, après l'offensive médiatique menée depuis lundi avec sa conférence de presse et sa "Lettre aux Français".
"Il a réussi à remobiliser derrière lui", s'est réjoui mercredi son porte-parole Thierry Solère.
"Mardi, lors de la réunion des parlementaires LR à son QG de campagne, il y a eu une longue salve d’applaudissements à l’issue de son discours, et hier soir, nous avions déjà près de 3.000 inscrits au meeting de Poitiers jeudi", se félicite le député de Boulogne-Billancourt.
François Fillon en campagne à Athis-Mons, près de Paris, le 8 février 2017
POOL/AFP
Un ancien ministre se déclare "épaté par Fillon, qui a réussi à retourner ceux qui voulaient mener une fronde". "On n’a pas le choix", tempère cependant ce haut responsable. "Avec lui, on a une chance de gagner, sans lui, on a la certitude de perdre".
Mais un important élu local ne cache pas son "immense doute". "Il y a deux mois, la présidentielle était imperdable, aujourd’hui on a peur d’être balayés aux législatives", dit-il.
François Bayrou, qui pourrait se lancer dans une quatrième course à l'Elysée, n'y est pas allé de main morte en décrivant un candidat "sous l'influence des puissances d'argent", dans une allusion aux rémunérations qu'il a perçues, notamment de l'assureur Axa, dont l'ancien PDG, Henri de Castries, est un de ses soutiens pour la présidentielle.
- "Supplice chinois" -
Un ancien ministre s’alarme: "les électeurs de droite sont fondamentalement déçus, on ne peut plus faire campagne sur le terrain, on ne nous parle que de ça, François Fillon a pris tout le monde en otage. On joue notre va-tout sur un mec plombé. C’est le supplice chinois, avec les unes du Canard qui s’enchaînent".
Le candidat à la présidentielle François Fillon en campagne à Athis-Mons, en France, le 8 février 2017
POOL/AFP
Mercredi, l’hebdomadaire satirique a encore fait sa Une sur le Penelopegate, affirmant que l’épouse de M. Fillon avait touché 45.000 euros d'indemnités à l'issue de contrats d'assistante parlementaire, en 2002 puis 2016.
Des déclarations de Jeanne Robinson-Behre, ancienne assistante parlementaire de Marc Joulaud, qui fut employeur de Penelope Fillon, n'a pu qu'ajouter aux doutes en assurant "n'avoir pas travaillé avec" l'épouse du candidat, ce qui "ne veut pas dire qu'elle ne travaillait pas".
"Il y a des pratiques et ces pratiques les Français ne peuvent plus les accepter. (...) Il faut tout décaper. Il faut un grand nettoyage. Il faut des réformes profondes", a réclamé pour sa part le sarkozyste Christian Estrosi, président de la région Paca.
L'ex-Premier ministre Dominique de Villepin a critiqué la stratégie de défense de François Fillon, déplorant qu'elle prolonge un "feuilleton médiatique et judiciaire hémorragique".
"A cause de notre absence de crédibilité, les électeurs se retournent soit vers un gourou, soit vers un hologramme, soit un faux rêveur", déplore de son côté un député européen, en allusion à Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon.
"Quant à Marine Le Pen et ses emplois fictifs, ça ne l’empêche pas de caracoler en tête. Et nous, on a un père la rigueur pris la main dans le pot de confiture", s'emporte-t-il.
François Fillon, en baisse de 3 points sur une semaine à 18% d'intentions de vote, serait devancé par Marine Le Pen et Emmanuel Macron, tous deux en hausse, au premier tour de la présidentielle, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, iTélé et Sud Radio.
Après avoir reçu ce matin les présidents des Assemblées, Yaël Braun Pivet et Gérard Larcher, le premier ministre réunit à 15 heures les autres formations consultées en vue de la « formation rapide » d’un gouvernement. Mais la prudence est de mise. Alors qu’Emmanuel Macron a refusé une première ébauche, cette fois, ce sera « à prendre ou à laisser », soutient-on chez les LR.
Ce jeudi, Jean-Noël Barrot, ministre délégué démissionnaire chargé de l’Europe et vice-président du MoDem était l’invité de la matinale de Public Sénat. Il a notamment évoqué les rumeurs d’une augmentation des impôts dans le projet de loi de finances pour 2025, ainsi que de la non-transmission de documents budgétaires par le gouvernement au Parlement.
La composition du gouvernement de Michel Barnier se fait attendre et la question d’une éventuelle hausse d’impôt, comme le casting, cristallisent les tensions. Le premier ministre a annulé au dernier moment une rencontre avec Gabriel Attal. Au sein de Renaissance, on met en garde Michel Barnier sur la tentation d’une politique trop éloignée du bloc central.
Michel Barnier juge la situation budgétaire « très grave » et demande « les éléments pour en apprécier l’exacte réalité », déclare le premier ministre. Quelques minutes avant, Matignon annonçait qu’une réunion avec Gabriel Attal était « décalée ». La cause officieuse : Gabriel Attal aurait imposé « une délégation de huit personnes », dont Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, alors que la « règle » est de venir à trois maximum. « Sur les modalités, ils nous ont mis un peu devant le fait accompli », grince l’entourage de Michel Barnier