Fillon “fonce” vers le premier tour pour faire mentir les sondages

Fillon “fonce” vers le premier tour pour faire mentir les sondages

Convaincu que tout se joue dans les derniers jours, François Fillon "fonce" vers le premier tour pour faire mentir des sondages qui l'excluent...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Convaincu que tout se joue dans les derniers jours, François Fillon "fonce" vers le premier tour pour faire mentir des sondages qui l'excluent du second tour de la présidentielle.

Pour ce week-end pascal, le candidat de la droite -- qui a revendiqué sa foi chrétienne -- occupe largement le terrain, tandis qu'élus et société civile qui le soutiennent lancent une opération baptisée "on fonce vers la victoire".

L'ancien Premier ministre s'est rendu samedi au Puy-en-Velay (Haute-Loire), fief de Laurent Wauquiez et haut-lieu du catholicisme français. Après avoir grimpé jusqu’au pied de la Vierge qui domine la ville, il a prononcé un discours sur l'identité, la culture de la France et le patriotisme.

"On n'ose plus prononcer, aujourd'hui, les mots d'+identité+, de +France+, de +nation+, de +patrie+, de +racines+ et de +culture+. On est sommé de se faire discret. Eh bien non, ensemble, nous, nous prenons la parole. (...) Le patriotisme n'est pas un gros mot", a-t-il déclaré, à quelques mètres de la cathédrale.

Samedi soir, il devait assister à une messe à l'église copte de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine) avant un déplacement lundi à Nice.

Dans la dernière ligne droite, le candidat essaie de mobiliser au maximum notamment l'électorat catholique qui l'avait soutenu pendant la primaire. Il croit à une victoire "qui surprendra tout le microcosme".

François Fillon, candidat les Républicains à la présidentielle, salue ses supporteurs lors d'un meeting à Perols, près de Montpellier, le 14 avril 2017
François Fillon, candidat les Républicains à la présidentielle, salue ses supporteurs lors d'un meeting à Perols, près de Montpellier, le 14 avril 2017
AFP

Le week-end dernier, il lançait à son public: "Je ne vous demande pas de m'aimer, je vous demande de me soutenir".

"La droite existe" et "François Fillon l'a compris", analyse un ténor socialiste, qui n'exclut pas un second tour Fillon/Le Pen.

D'autant que la poussée depuis le début du mois de Jean-Luc Mélenchon, qui l'a rattrapé dans les sondages, encouragerait des électeurs de droite à ressortir, explique Florence Portelli, maire LR de Taverny (Val d'Oise) et porte-parole du candidat.

- Mélenchon "coup de booster" -

"On a le spectre d'un 21 avril pour la droite: ça mobilise nos électeurs. Plus on se rapproche du premier tour, plus nos électeurs se disent +mon Dieu!+, surtout en voyant des sondages mettant les deux extrêmes au second tour, je peux vous assurer que c'est un coup de booster pour notre électorat", a-t-elle expliqué vendredi.

M. Fillon estime que le candidat de La France insoumise "est un danger par la nature de son projet" et qu'il sera exclu du second tour.

Des partisans de François Fillon, lors d'un meeting à Pérols, près de Montpellier, le 14 avril 2017
Des partisans de François Fillon, lors d'un meeting à Pérols, près de Montpellier, le 14 avril 2017
AFP

Assommé fin janvier par les révélations d'emplois fictifs présumés visant en particulier sa femme Penelope, et ayant abouti à sa mise en examen notamment pour détournements de fonds publics, M. Fillon a mis deux mois à s'extraire un peu de ces affaires.

S'il multiplie les meetings depuis une semaine, sa campagne a été fortement perturbée au fil des révélations avec une raréfaction des sorties sur le terrain.

"A vingt ans, si l’on me demandait ce que je voulais faire, je répondais souvent: guide de haute montagne. Mon ambition secrète n’était pas d’être président de la République, c'était de grimper tous les sommets de 4.000 mètres d’Europe. Et je prenais parfois des risques que je n’aurais jamais dû prendre", glissait-il depuis Montpellier vendredi.

Présidentielle 2017 : évolution des sondages
Des partisans de François Fillon, lors d'un meeting à Pérols, près de Montpellier, le 14 avril 2017
AFP

Selon un député LR basé dans le grand Ouest, "l'accueil est plus favorable depuis huit, dix jours. Je ne dis pas que c'est fantastique et qu'on va gagner, mais ça va mieux".

Un élu PS du Finistère raconte en revanche que "dans ces terres chrétiennes, tout ce qui touche à l'argent ça ne passe pas" et que "les élus locaux de droite n'y croient pas".

Quelques anciens ministres de droite, souvent chiraquiens, ont lâché François Fillon cette semaine comme l'ancien ministre de l'Economie Thierry Breton ("pour éviter un second tour Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon") ou encore Pierre Méhaignerie. Les deux ont rallié Macron après avoir soutenu Juppé durant la primaire.

"Ce qui nous faudrait maintenant c'est un beau meeting en province avec Sarkozy et Juppé, la famille réunie", souhaite un député.

Avec les médias, les relations sont tendues. M. Fillon les a accusés jeudi de lui "déverser de la boue sur la figure".

Dans la même thématique

Paris: Senat Michel Barnier declaration politique generale
9min

Politique

Budget : entre les divisions du bloc central et l’absence de majorité, le 49.3 paraît inévitable

Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.

Le

Emmanuel Macron speech at Place des Cocotiers – Noumea
7min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Ne pas convoquer le Congrès est un signe d’apaisement, mais cela suscite aussi beaucoup d’interrogations »

Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.

Le

Karoutchi
2min

Politique

Tribune de sénateurs LR en soutien à Bruno Retailleau : « L’Etat de droit n’est pas immuable. Il évolue avec les lois que l’on vote », justifie Roger Karoutchi

Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».

Le

Fillon “fonce” vers le premier tour pour faire mentir les sondages
2min

Politique

Taxation exceptionnelle sur les grandes entreprises : « Que de temps perdu », regrette la gauche du Sénat

Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».  

Le