François Fillon aura passé un mercredi tranquille, chose suffisamment rare depuis deux mois pour être soulignée. Le candidat LR peut donc dire merci à Manuel Valls. Au lendemain de la mise en examen de Pénélope Fillon pour complicité et recel de détournement de fonds publics, complicité et recel d'abus de biens sociaux, et recel d'escroquerie aggravée, c’est la « trahison » de Manuel Valls qui occupe toute l’attention. En choisissant de rompre son engagement de la primaire en annonçant qu’il allait voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour, l’ancien Premier ministre conforte la ligne d’attaque des Républicains à l’encontre du candidat d’En Marche : Macron est la continuité d’Hollande. Une démonstration que François Fillon pousse par un élément de langage évocateur : «Emmanuel Hollande». «Ou François Macron si vous préférez», a-t-il ironisé, ce jeudi sur RTL.
François Fillon rebaptise Emmanuel Macron
Un compte Twitter au nom d’« Emmanuel Hollande » apparait dans la foulée sur la toile.
Sans présager de la stratégie, semble-t-il, assez personnelle de Manuel Valls, dans un entretien à l’Obs, ce dernier considère que « même si François Fillon sortait vainqueur de ce combat, il faudrait aussi chercher à trouver des compromis avec la droite parlementaire ». Une main tendue et acceptée par le candidat LR. « J'ai toujours entretenu un dialogue constructif avec Manuel Valls » (…) « Le pays est dans une situation très grave et tous ceux qui ont le courage de vouloir le redresser doivent pouvoir parler ensemble. » a-t-il répondu. Sur Twitter, des facétieux ont, toutefois, rappelé, que question dialogue constructif, entre les deux, il n’en n’a pas été toujours été ainsi.
Fustiger la continuité Hollande-Macron tout en acceptant le dialogue avec l’ancien Première ministre de François Hollande en cas d’accession à l’Elysée, n’y aurait-il pas comme une contradiction ? « Si vous pensez que Manuel Valls pourrait intégrer le gouvernement d’un François Fillon président, je vous le dit tout de suite, la réponse est non. Il a juste dit qu’en période de crise, il est bon de dialoguer avec les uns et les autres » traduit le sénateur LR de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. « Il a juste dit qu’il était prêt à parler avec Manuel Valls dans l’intérêt de la France » complète la sénatrice LR Caroline Cayeux
Requinqués les fillionistes voient dans le ralliement de Valls un tournant de la campagne : « Les masques tombent » lance Philippe Dallier. « On va enfin parler du fond. Quand on regarde le programme d’Emmanuel Macron. C’est 35 milliards de dépenses. C’est du Hollande ripoliné » ajoute-il. Une théorie résumée de la façon suivante par François Fillon ce matin : « Je suis le seul à proposer aux Français une alternance. Ils ont le choix entre le chaos de M. Mélenchon ou de Mme Le Pen (…) et la poursuite de la politique de François Hollande ».