Nouveau climat de tension à l’Assemblée nationale entre la majorité présidentielle et les oppositions. Le ton est monté le 27 janvier lorsque la mission d’information sur la crise du covid-19 a été dissoute lors d’un vote, acquis par les députés de la République en marche (LREM) et du MoDem. La conclusion a été prononcée dans un climat houleux, sous les protestations des oppositions. Pour le chef des députés LR, Damien Abad, cette décision traduit un « naufrage démocratique totalement surréaliste ». Le socialiste Boris Vallaud y a vu un « reniement ».
Ces critiques, abondamment relayées sur les réseaux sociaux, ont passablement agacé la majorité. « Le rapport a été rendu, c’est un mauvais débat politicien […] On aurait pu s’en passer de cette sortie », a réagi ce 28 janvier, dans la matinale de Public Sénat, le député LREM Laurent Saint-Martin, le rapporteur général de la commission des finances. « Damien Abad fait exprès de laisser penser qu’il y a une espèce de censure […] Le travail de la mission d’information de l’Assemblée nationale a été terminé dans le calendrier que tout le monde – y compris les oppositions – avait accepté », a-t-il ajouté, interloqué devant des réactions « assez malhonnêtes ». Il parle également de « mauvaise foi » et de « manipulation ».
« Si les oppositions, surtout en ce moment, n’ont que ça à dire pour aller attaquer le gouvernement et la majorité, c’est que vraiment les contre-propositions de fond sont légères », a reproché à son tour le député du Val-de-Marne.
« Que veut-on faire avec une mission d’information de plus ? »
Le parlementaire rappelle que la mission d’information a été lancée par le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand lui-même et que le député LR Éric Ciotti a été nommé rapporteur. « On ne peut pas nous reprocher d’avoir fermé les portes de l’enquête au Parlement », a-t-il rappelé. Et de souligner qu’à l’avenir, une éventuelle nouvelle mission d’information devait être menée « en bonne intelligence ». Même si, aujourd’hui, il doute des motivations réelles des groupes d’opposition. « Que veut-on faire avec une mission d’information de plus ? » s’est-il demandé.
Lancée au mois de mars dernier, cette instance de contrôle parlementaire, temporaire, se devait d’assurer un suivi continu de la gestion de la crise. Elle avait rendu un premier rapport en juin avant d’être dotée des prérogatives commission d’enquête les six mois suivants, et de rendre un ultime rapport début décembre.
Au Sénat, chambre dominée par la droite et le centre, la commission d’enquête sur la gestion de la crise a, elle aussi, rendu son rapport en décembre, au terme de la durée classique de six mois d’auditions et de travaux. Mais une nouvelle équipe a pris le relais mi-janvier, afin de poursuivre le travail de contrôle. Une large mission d’information, chargée d’étudier les choix stratégiques sanitaires et leurs conséquences, a été installée.