Après le vote final sur la moralisation de la vie politique, l'Assemblée nationale a conclu mercredi une première session extraordinaire intense...
Fin de partie pour une session parlementaire agitée et productive
Après le vote final sur la moralisation de la vie politique, l'Assemblée nationale a conclu mercredi une première session extraordinaire intense...
Par Sami ACEF
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Après le vote final sur la moralisation de la vie politique, l'Assemblée nationale a conclu mercredi une première session extraordinaire intense, riche en examens de projets de lois mais aussi en moments houleux.
Ayant débuté leurs travaux avec une intervention solennelle d'Emmanuel Macron devant Sénat et Assemblée réunis en Congrès à Versailles, les parlementaires se sont séparés avec la large adoption (412 pour, 74 contre, 62 abstentions) au coeur de l'été du deuxième volet du projet phare de moralisation de la vie politique.
Pour le personnel de l'Assemblée comme pour la presse, l'un des premiers défis en juin avait été de reconnaître les nouveaux élus. Pour les 420 nouveaux venus découvrant le palais Bourbon, le défi a été plus complexe: sortir rapidement de la phase de découverte et des selfies enthousiastes pour voter texte après texte.
"Godillots" pour certains, "robots disciplinés, simples machines à voter", pour le socialiste Olivier Faure, les 314 députés REM et apparentés ont subi une forme de "bizutage", a déploré le nouveau président de l'Assemblée nationale François de Rugy, qui a dû prêter main forte à certains de ses vice-présidents, en difficulté pour tenir certaines séances houleuses.
"On n'a pas eu le sentiment qu'il y avait du côté de cette majorité des leaders (mais) des gens qui étaient plutôt tétanisés", juge de son côté Denys Pouillard, directeur de l'observatoire de la vie politique et parlementaire.
Issus en bonne partie de la société civile, les députés du groupe majoritaire pensaient selon lui "qu'au Parlement on pouvait obtenir des résultats de la même manière que dans une entreprise".
"Quand nous sommes arrivés au sein de l'Assemblée nationale (...) il y a eu une petite forme de frustration de ce qui n'avançait pas", concédait mardi le député REM de Paris Pierre Person.
Ancien parti de gouvernement, les élus socialistes, réduits à 31 membres, se sont rebaptisés quant à eux "Nouvelle Gauche", tandis que Les Républicains, déjà embarrassés par l'entrée au gouvernement de trois des leurs, ont connu une scission avec la création d'un groupe LR-UDI-Constructifs.
Le député de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, à l'Assemblée nationale le 4 juillet 2017
AFP/Archives
En revanche Jean-Luc Mélenchon, à la tête du groupe de 17 députés de La France insoumise, s'est réjoui: "Si vous voulez être dans l'opposition maintenant, il faut faire au moins aussi bien que La France insoumise, ce qui pousse tout le monde à radicaliser son discours", a-t-il lancé la semaine dernière.
- Report de vote et incidents -
Le rythme de travail imposé par l'exécutif a été soutenu, permettant d'inscrire au bilan de cette session de six semaines deux projets phares d'Emmanuel Macron: l'habilitation à réformer le code du Travail par ordonnances, et la moralisation de la vie publique, à travers deux projets de loi. L'adoption du second a été retardée de presque une semaine, en raison du refus des sénateurs de droite d'entériner la suppression de la réserve parlementaire.
Ultime accroc pour une session marquée par coups d'éclat, coups de communication - notamment quand les Insoumis ont brandi le code du Travail ou des paquets de pâtes pour illustrer leurs discours en séance - et coups de chaud, comme quand des bêlements moqueurs ont fusé pendant l'intervention d'une députée de la République en Marche. Une scène "affligeante et indigne", s'est indigné François de Rugy mercredi, dans un rappel à l'ordre commun avec les présidents de groupe.
"Cette équipe parlementaire (...) a fait le +taf+, et ces députés méritent le respect", s'est réjoui mercredi le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner.
Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy, le 4 juillet 2017 à Paris
AFP/Archives
M. de Rugy a remercié tous les députés pour leurs "134 heures" de débat "lors de 33 séances (...), nettement plus" que durant la session extraordinaire de 2012.
L'heure est maintenant à la préparation d'une rentrée parlementaire, en octobre après le renouvellement partiel du Sénat, qui pourrait encore être houleuse.
"C'est la fin du macronisme lumineux qui faisait campagne. On va rentrer dans le dur", a prédit le député LFI Alexis Corbière.
Le projet de loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, visant à pérenniser certaines pratiques de l'état d'urgence, s'annonce comme un temps fort, avant le premier débat budgétaire du quinquennat Macron.
Le nouveau Premier ministre a reçu le président des Républicains, Bruno Retailleau, ainsi que les deux présidents des groupes parlementaires LR, Laurent Wauquiez pour les députés, et Mathieu Darnaud pour les sénateurs. Une rencontre qui a essentiellement porté sur la définition d’une méthode de travail pour l’avenir.
Le premier ministre Sébastien Lecornu a entamé ce mercredi ses consultations par son parti, Renaissance. Des rencontres qui ne se limiteront pas aux formations politiques. « Il recevra tout le monde, tous les partis et les syndicats aussi », affirme le patron des sénateurs macronistes, François Patriat, après avoir été reçu à Matignon. Voulant « un socle commun solidaire », Sébastien Lecornu « a dit qu’il allait beaucoup parler avec la gauche ».
Le président du Rassemblement national se dit prêt à rencontrer le nouveau Premier ministre, dans le cadre du cycle de consultations organisé par Matignon avec les partis politiques. Il avertit néanmoins : sans « politique de rupture » par rapport à Michel Barnier et à François Bayrou, les députés du RN censureront le nouveau chef de gouvernement.
Comme lui a demandé Emmanuel Macron, le nouveau premier ministre a commencé une consultation des forces en présence au Parlement. Il commence dès ce mercredi avec des responsables du socle commun, reçus à Matignon.
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