Fin de vie: l’Assemblée débat d’une proposition de loi des Insoumis

Fin de vie: l’Assemblée débat d’une proposition de loi des Insoumis

L'Assemblée a débattu jeudi soir d'une proposition de loi de la France insoumise sur le sujet sensible de l'euthanasie et du...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

L'Assemblée a débattu jeudi soir d'une proposition de loi de la France insoumise sur le sujet sensible de l'euthanasie et du suicide assisté, mais sans achever son examen, le texte ayant peu de chances de revenir dans l'hémicycle sous peu.

Le dernier des cinq textes présentés par les Insoumis dans le cadre de la journée réservée à leur groupe ("niche parlementaire") a fait l'objet comme les précédents d'une motion portée par LREM, celle-ci visant à le renvoyer en commission.

Mais les débats ont été interrompus à 01H00 du matin avant le vote de cette motion, le vice-président Sylvain Waserman (MoDem) indiquant qu'il appartiendrait "à la conférence des présidents de fixer les conditions de la poursuite des discussions de cette proposition de loi". Celle-ci a ainsi peu de chances de revenir rapidement dans l'hémicycle, puisqu'il lui faudra en principe attendre la prochaine "niche" réservée aux Insoumis.

Porté par Caroline Fiat, aide-soignante de profession, le texte, inspiré des lois belges et luxembourgeoises, entendait légaliser l’euthanasie et le suicide assisté sous conditions.

Mme Fiat a déploré qu'on repousse "ad vitam aeternam une avancée fortement attendue et même plébiscitée par nos concitoyens", son collègue Alexis Corbière défendant "une grande loi de liberté".

"Sur un tel sujet intime, complexe, les avis sont toujours divers. Légiférer sur la fin de vie est une responsabilité d'autant plus grande", a souligné de son côté la ministre de la Santé Agnès Buzyn, jugeant que la loi Claeys-Leonetti de 2016 "renforce incontestablement les droits des patients" et est "une avancée pour ne pas s'acharner à soigner".

Adoptée après un long processus qui visait le consensus, cette loi prévoit notamment un "droit à la sédation profonde et continue" jusqu'à la mort pour certaines personnes.

Mme Buzyn, qui a rapporté avoir dialogué avec la romancière Anne Bert avant son euthanasie en Belgique, s'est interrogée sur le choix de LFI d'ouvrir l'euthanasie ou le suicide "y compris lorsque la maladie est grave même si elle est curable", jugeant que "c'est prendre le risque d'ouvrir la voie à une euthanasie arbitraire".

Estimant "notre recul insuffisant sur la loi Claeys-Leonetti" elle a dit ne pas souhaiter "qu'une nouvelle loi interfère avec la mission d'évaluation de la mise en oeuvre de la loi", rappelant en outre l'ouverture récente des Etats généraux de la bioéthique.

"Faut-il voter de telles mesures ce soir? Ce n'est plus possible avant quelques mois" en raison des "concertations multiples" en cours, a aussi estimé Jean-Louis Touraine (LREM). Il avait lui-même déposé fin septembre une proposition de loi favorable à "une assistance médicalisée active à mourir", cosignée par une cinquantaine de ses pairs dont une grande majorité de marcheurs.

Des élus d'autres groupes ont aussi plaidé pour un temps de réflexion, à l'instar d'Alain Ramadier (LR) pour qui il faut se "donner le temps de l'évaluation" de la loi Claeys-Leonetti.

Sébastien Chenu (FN) a, lui, dénoncé l'ouverture d'une boite de Pandore avec ce texte. "Je le reconnais, pour gérer la fin de vie, l'euthanasie est plus simple et moins coûteuse, mais promouvoir cette solution de facilité est-ce là ce qui donne un sens à notre société?", a-t-il lancé, suscitant des protestations dans l'hémicycle très dégarni.

"On a eu un débat très digne sur un sujet particulièrement sensible. Je propose qu'on garde la même tonalité", a souligné au "perchoir" M. Waserman, avant que les débats ne reprennent dans le calme.

Dans la même thématique

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

FRA – ASSEMBLEE – 4 COLONNES
13min

Politique

Congrès du PS : les tractations se concentrent sur « Boris Vallaud, qui a des propositions de dates tous les jours »

Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.

Le